samedi 22 septembre 2007

Actualités du Centre. « La famille centriste joue contre elle » Les élus locaux centristes déboussolés

Dans le quotidien La Croix, le journaliste Laurent de Boissieu fait le point sur les divisions du Centre entre Nouveau Centre, UDF et Mouvement démocrate à propos des prochaines élections municipales auprès des élus locaux et des sénateurs du groupe UDF souvent déboussolés par la situation actuelle.
« Les présidents d’exécutifs locaux, membres de l’UDF, n’ont pas tous choisi entre le MoDem et le Nouveau Centre mais devront trancher avant les élections municipales et cantonales
Le MoDem, combien de divisions ? Bien malin qui peut répondre à cette question, tant la situation demeure confuse au Sénat et dans les assemblées locales. Seuls les députés centristes ont dû trancher lors des élections législatives de juin dernier. La plupart d’entre eux ont signifié leur appartenance à la majorité présidentielle en formant le groupe Nouveau Centre. Seule une petite minorité décidant, comme François Bayrou, de siéger parmi les non-inscrits. Ils sont quatre députés centristes dans ce cas.
Au Sénat, les tensions sont fortes au sein du groupe Union centriste-UDF entre les pro-MoDem (Michel Mercier, Jacqueline Gourault) et les pro-Nouveau Centre (Jean-Léonce Dupont). Ces derniers espèrent créer, après la rentrée parlementaire, leur propre groupe, mais les reclassements politiques se heurtent souvent, sous les lambris du palais du Luxembourg, au poids de l’histoire.
Dans les assemblées locales, pas davantage de bouleversements, sauf dans les collectivités les plus imprégnées par la vie politique nationale. À Paris, le groupe UDF a ainsi éclaté dès juin entre les « Nouveau Centre et indépendants » (Yves Pozzo di Borgo) et les MoDem (Didier Bariani, Marielle de Sarnez), auxquels se sont également ralliés des dissidents des Verts. Et dans les Hauts-de-Seine, le groupe UDF a fusionné avec celui de l’UMP pour former un groupe unique de la majorité départementale.
La vie politique locale poursuit son chemin
Mais, partout ailleurs, la vie politique locale poursuit son chemin loin des psychodrames et des reclassements nationaux. Y compris là où le chef de l’exécutif a clairement affiché son choix. « Je suis depuis toujours de sensibilité de centre droit, argumente Jean-Luc Rigaut, maire d’Annecy et conseiller général de Haute-Savoie. Je pense aujourd’hui que c’est au Nouveau Centre que je retrouve le mieux les valeurs qui m’avaient fait adhérer à l’UDF derrière Bernard Bosson. »
Il assure que les conseillers municipaux UDF l’ont « globalement suivi » au Nouveau Centre. Même unanimité à Mende, où Jean- Jacques Delmas, maire et conseiller général de Lozère, a adhéré, lui, au MoDem. « Je suis pour la constitution d’un nouveau parti avec des personnes venant d’autres courants politiques, et pas seulement du centre droit », explique l’ancien député UDF en affirmant que, localement, « tout le monde est favorable à cette ligne politique ».
Présidents de conseils généraux et proches de François Bayrou, Michel Mercier (Rhône) et Jean- Jacques Lasserre (Pyrénées-Atlantiques) affichent une même sérénité face à leur majorité départementale composée de groupes UDF et UMP. « Nous sommes dans un département un peu particulier, puisque c’est celui de François Bayrou et Jean Lassalle, expose Jean-Jacques Lasserre. L’élection présidentielle et les élections législatives ont suscité des débats vifs et animés mais je me suis attaché à ce que l’exécutif départemental et le groupe UDF restent unis. Quand on est en prise avec la gestion directe d’un territoire, on peut gouverner sans tenir compte des classifications politiciennes dans lesquelles la France s’enferme. »
"La famille centiste joue contre elle"
Quant à Michel Mercier, il insiste sur le fait que la majorité au conseil général du Rhône « se fait aujourd’hui autour de l’UDF et avec l’UMP », et qu’il est donc prématuré de parler de conseillers généraux MoDem ou Nouveau Centre. D’autant plus que le groupe « UDF, radical et indépendant » comprend également quelques adhérents de l’UMP membres du Parti radical de Jean-Louis Borloo et André Rossinot…
Même discours de la part de Bruno Joncour, maire de Saint-Brieuc et conseiller général de Bretagne. « Je ne suis pas Nouveau Centre et je ne suis pas encore MoDem, précise-t-il. Jusqu’à preuve du contraire l’UDF existe toujours et j’en suis membre. Mais je suis de ceux qui pensent que les élections municipales constituent un enjeu local. Les critères de composition de mon équipe municipale ne sont pas fondés sur l’appartenance à une formation politique mais sur l’adhésion à un projet local. »
« J’étais UDF et je demeure UDF », renchérit le sénateur Joseph Kerguéris, président du conseil général du Morbihan. Avant de dénoncer ceux qui « veulent cristalliser les positions pour créer des oppositions », ce qui l’a amené à démissionner cet été de la présidence de la fédération départementale de l’UDF. « La famille centriste joue contre elle et prend un malin plaisir à se couper en morceaux, regrette-t-il. Nous allons aboutir à un carpaccio de centristes. Moi, j’attends. » Une ligne que partage également l’ancien ministre Jean Arthuis, président du conseil général de la Mayenne et de la commission des finances du Sénat, qui rêve même d’une UDF réunissant « ceux qui sont partis en 2002, ceux qui ont rejoint le Nouveau Centre et les nouveaux adhérents du MoDem ». L’heure du choix va pourtant bientôt sonner, avec les congrès fondateurs du MoDem et du Nouveau Centre, avant les élections cantonales et municipales de mars 2008.
Troisième voie
Reste une troisième voie : ne pas choisir entre les deux partis. « Mon mari était un des fondateurs de l’UDF et je suis restée UDF par fidélité familiale, raconte Anne d’Ornano, présidente du conseil général du Calvados. Mais maintenant je n’ai plus envie de m’inscrire dans un parti politique. Ce sont des problèmes qui sont hors conseil général. Or, c’est pour le département que travaille ma majorité, dont beaucoup d’élus ne sont pas inscrits à un parti. » 
Une position adoptée par Charles Buttner, président du conseil général du Haut-Rhin, et par Pierre Albertini, maire de Rouen. « Après mûre réflexion, avait expliqué ce dernier juste après la présidentielle, j’ai décidé de rejoindre le peuple, très largement majoritaire dans notre pays, des Français n’appartenant à aucun parti politique. »

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