vendredi 22 mars 2013

L’Humeur du Centriste. Bayrou-Borloo: règlements de compte pas très centristes…

Nous y sommes, le linge sale centriste commence à être déballé et c’est François Bayrou qui jette le premier sac dans l’arène politique.
Le leader du Mouvement démocrate s’en prend à Jean-Louis Borloo qu’il présente comme un des responsables de l’éclatement de la famille centriste en 2002 et l’accusant, lui et ses amis de l’UDI, d’être inféodés totalement à l’UMP.
De passage sur iTélé, il a affirmé que «l’’affaiblissement du centre, il s’est passé en 2002 lorsque Jean-Louis Borloo et ses amis sont partis à l’UMP», ajoutant que «depuis, il a fallu se battre avec une volonté de fer pour empêcher que cette famille politique disparaisse, absorbée par l’UMP et par la droite» (sous-entendu, grâce à moi, François Bayrou).
De même, selon le président du Mouvement démocrate, «Jean-Louis Borloo et ses amis ont tous été élus par l’UMP» signifiant par là qu’un certain nombre d’élus de l’UDI avaient le label UMP lors des dernières législatives tandis que les autres ont bénéficié des voix de la Droite sans lesquelles ils n’auraient pas gagné.
N’oublions pas que la brouille entre les deux hommes remontent à 2002 lorsque Jean-Louis Borloo fut le directeur de campagne de François Bayrou pour les présidentielles au cours desquelles ce dernier fit un score de moins de 7% des voix.
Dans la foulée, l’actuel leader de l’UDI claqua la porte de l’UDF dirigée alors par Bayrou pour rejoindre avec de nombreux autres membres du parti centriste, l’UMP que venait de fonder Jacques Chirac, laissant l’UDF dans une position de faiblesse qu’elle n’a jamais réussi, ensuite, à surmonter à part à la présidentielle de 2007.
Bien sûr, François Bayrou n’a jamais digéré cette trahison et cet affront, lui qui avait pris la tête de l’UDF à la hussarde quelques années plus tôt, ce qui avait alors scandalisé l’ancien président de la république et créateur du parti, Valéry Giscard d’Estaing qui avait adhéré à… l’UMP.
C’est sans doute pourquoi, lors de la création officielle de l’UDI à l’automne 2012, François Bayrou ironisa sur Jean-Louis Borloo en déclarant, en référence à James Bond, «comment faire confiance à un type dont le nom se termine par un double zéro?».
Bien évidemment, ce rappel de 2002 couplé avec le positionnement politique actuel de l’UDI n’est pas un hasard. Car, actuellement, plus l’UDI se structure, plus le Mouvement démocrate s’affaiblit selon le principe simple du vase communicant.
Non pas parce que l’UDI serait plus centriste que le MoDem mais parce qu’elle a des capacités de développement mais surtout électorales bien plus importantes.
Pour autant, Jean-Louis Borloo n’a pas encore réussi à tuer politiquement François Bayrou. Ce dernier s’est même constitué un espace politique dans les médias dont il ne sera pas aisé pour Borloo de l’en déloger.
Or, pour réfuter les attaques sur l’inféodation de l’UDI vis-à-vis de l’UMP, Jean-Louis Borloo a besoin d’occuper tout l’espace centriste, ce qui est loin d’être le cas actuellement.
D’où la stratégie d’affaiblissement du Mouvement démocrate par le débauchage de ses membres et par une volonté de le marginaliser qui enragent évidemment François Bayrou, d’autant que celui-ci n’est pas en position de force pour la contrer efficacement.
Sa stratégie à lui est de faire croire qu’il est pour un rapprochement entre son MoDem et l’UDI de Borloo tout en critiquant sans relâche ce dernier de n’être qu’un sous-marin de droite car il sait que la victoire de Borloo entraînerait automatiquement sa défaite et la fin de ses ambitions présidentielles.
Ce règlement de compte sur fond de calculs politiciens et d’ambitions personnelles n’est pas à la hauteur d’un leadership du Centre. Malheureusement, ce n’est pas la première fois que les centristes se battent entre eux au lieu de se battre contre leurs adversaires politiques de gauche et de droite. Pour des hommes et des femmes politiques dont le maître-mot est le rassemblement consensuel, voilà qui ne manque pas de piquant et d’être des plus affligeants…
Centristement vôtre.

Le Centriste