lundi 19 juillet 2010

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. La rigueur des centristes


Le Centre est pour la responsabilité. Que ce soit en matière politique, économique, sociale et sociétal. C’est la raison pour laquelle le Centrisme met en avant la notion de juste équilibre qui doit permettre de gérer la société avec rectitude afin que celle-ci se développe harmonieusement pour le bien de tous. Cette légitime et nécessaire pertinence dans le gouvernement des humains implique une action pragmatique prenant en compte la réalité.

Que nous dit cette réalité aujourd’hui? Que l’économie de la France est en difficulté et que les finances publiques du pays sont en danger. Ce n’est pas une découverte pour les centristes qui, depuis des années, appellent les différents gouvernements à une clairvoyance et une responsabilité afin d’éviter la catastrophe. Jean Arthuis, le président de l’Alliance Centriste et quelques autres dont Charles-Amédée de Courson du Nouveau Centre ont répété, inlassablement, qu’il fallait assainir les dépenses de la puissance publique. En vain.

La crise économique et financière de 2008-2009 a relégué, pour un temps, aux calendes grecques la limitation des dépenses de l’Etat et des collectivités locales afin de mettre en place une politique de relance keynésienne avec un fort soutien de l’activité économique du pays par les deniers publics.

Malheureusement, la reprise que l’on espérait n’a pas eu lieu. Celle-ci aurait permis de renflouer les caisses de l’Etat avec des rentrées fiscales qui augmentent automatiquement lorsque la croissance revient. Au lieu de cela, la France mais aussi les autres pays européens sont dans une petite croissance molle qui ne permet pas de réduire les déficits.

Vivant au-dessus de ses moyens depuis des années, ayant tenté une relance économique qui n’a pas été au rendez-vous, la seule alternative crédible de la France était la rigueur. Et si certains continuent à croire que l’on peut s’en passer, celle-ci s’impose partout dans les pays développés, du Japon à l’Allemagne en passant par la Grande Bretagne et l’Espagne. Même les Etats-Unis vont devoir s’y mettre malgré l’opposition de leur président, Barack Obama, les marchés commençant à estimer que le déficit du pays n’est plus soutenable et que la reprise américaine a du plomb dans l’aile. La remontée de l’euro face au dollar ces dernières semaines en est une des caractéristiques, preuve du retour des investisseurs en Europe et leur départ du marché américain trop fragile à leurs yeux.

Mais si le Centrisme est pour la rigueur quand cela est nécessaire (et une gestion rigoureuse de l’économie même en cas de forte croissance), il n’est pas pour l’austérité. Même en cas de récession. Car il ne faut pas confondre rigueur et austérité. Il ne faut pas confondre la gestion responsable de l’économie et des deniers de l’Etat dans une vision dynamique de développement avec des coupes budgétaires et une dépense publique atone sans projet politique autre que celle de faire des économies.

Une politique de rigueur consiste en un refus de tout laxisme et s’attache à respecter les impératifs économiques et budgétaires. Une politique d’austérité vise à la diminution des dépenses publiques. La différence est que la politique de rigueur n’est pas antinomique, a priori, avec un plan de relance de l’économie en cas de période de crise ou de récession, ce qui n’est pas le cas d’une politique d’austérité.

Pour autant, il n’est guère facile, comme le souhaite la ministre de l’Economie, Christine Lagarde avec son expression «rilance» (rigueur+relance), d’associer la rigueur et la relance, de trouver l’équilibre entre les deux termes.

Quoiqu’il en soit, il faut une lutte sans merci contre le laxisme et la dépense clientéliste ainsi qu’une pérennisation des recettes de l’Etat afin d’empêcher la faillite de ce dernier tout en dégageant des marges de manœuvre. Dans le même temps, il faut définir les priorités de la politique économique et sociale (dont une réelle politique de soutien à l’innovation et un accompagnement social pour les plus démunis et les chômeurs). Et il faut dégager des moyens pour ces priorités. Voilà qui demande… une rigueur et une indépendance d’esprit!

La rigueur alliée à la relance ne distribue pas l’argent à tout va comme on l’a vu pour les immenses plans de relance adoptés aux Etats-Unis et en Chine afin d’irriguer le tissu économique un peu comme les grandes exploitations agricoles ont l’habitude de le faire avec leur énorme déperdition. Au contraire, elle cible les secteurs économiques qui doivent être irrigués comme le font les nouvelles techniques d’irrigation qui, se focalisant exactement sur ce qui doit être irrigué, permettent une meilleure irrigation tout en économisant l’eau.

Il faut donc une expertise fine que le gouvernement doit conduire tout en expliquant sa démarche. Car sans une compréhension par les citoyens du sens d’une politique de rigueur et de relance ciblée, les chances de succès sont amoindries. La rigueur, pour être acceptée et acceptable, plus, pour être efficace, demande des acteurs responsables. A la fois à la tête de l’Etat mais aussi dans tout le tissu social et économique.

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