samedi 20 avril 2019

Une Semaine en Centrisme. Européennes 2019: L’UDI n’y arrive toujours pas

Jean-Christophe Lagarde
Il suffit de se rendre sur le site dédié à la liste Les Européens que l’UDI a mis en ligne pour se rendre compte du malaise dans lequel se trouve actuellement le parti centriste qui, avec des intentions de vote entre 1,5% et 2,5% reste dans les derniers de la classe, souvent supplanté par les listes Les patriotes, PC, Gilets jaunes voire UPR et flirte avec celui de Lutte ouvrière…
Un site qui annonce dans son menu les noms des candidats sur la liste mais où on ne trouve que les six premiers alors même que la moitié d’entre eux (les listes compteront 79 candidats soit autant de sièges dévolus à la France) a déjà été dévoilée!

Un site qui nous propose de nous tenir au courant des événements de campagne et dont la rubrique, à ce jour, est… vide alors même que celui qui la conduit, Jean-Christophe Lagarde, se démène aux quatre coins de la France dans des réunions pour maintenir la flamme!

Un site qui nous propose les actualités de la campagne mais qui renvoie… à la page des actualités de l’UDI!

La seule rubrique qui est remplie est celle du projet (dont nous avons parlé ici) mais il faut dire qu’il s’agissait de le télécharger une fois pour toute et non pas d’en assurer le fonctionnement quotidien!

Oui, un site qui est à l’image de cette campagne atone, sans dynamique et qui intéresse peu les médias et pratiquement pas les électeurs.

Bien sûr, il reste un peu plus d’un mois pour que la tendance s’inverse mais on ne voit pas pourquoi ce serait le cas.

D’abord parce que l’UDI est ici dans les étiages de sa réalité électorale depuis sa création, réunissant nationalement autour de 2 à 3% des électeurs et l’on ne voit pas pourquoi, pour ces élections européennes, il en serait autrement.

Ensuite parce que la campagne est uniquement centrée sur la personne du président de l’UDI (qui, c’est vrai, joue gros), une sorte de culte de la personnalité que les adversaires centristes de Lagarde ont toujours dénoncé, et que le reste de la liste n’est constituée que d’illustres inconnus, que de fidèles apparatchiks de Lagarde et de chevaux sur le retour comme le fils de Valéry Giscard d’Estaing.

On est loin d’une liste trans-parti avec des personnalités de premier plan venues de tous les horizons politiques promises par ledit Lagarde…

Puis parce que le même Lagarde montre ici, malgré une nette amélioration dans la structuration de ses propos, ses limites tant dans son charisme que dans ses attaques souvent sous la ceinture et minables de ses opposants ou même de ceux avec qui il est sur la même longueur d’onde (Emmanuel Macron, par exemple, en ce qui concerne le projet européen).

Enfin, parce que, contrairement à ce que pensaient les dirigeants de l’UDI, les européennes de 2019 seront avant tout dominée par le vote utile.

Ainsi, même s’il s’agit de proportionnelle, même si la politique nationale ne sera pas impactée (aucune défaite aux européennes du parti majoritaire à l’Assemblée nationale n’a eu une quelconque incidence sur la politique gouvernementale) et donc que le risque des électeurs de montrer leur mécontentement est limité dans ses conséquences politiques, c’est bien, dans une période incertaine au niveau mondial et évidemment national, une façon de montrer qui l’on soutient vraiment et non qui l’on veut sanctionner.

Du coup, l’espace électoral de l’UDI pour ces élections se réduit à son espace… traditionnel, rien de plus, rien de moins.

N’oublions pas, enfin, que l’UDI s’est fourvoyée elle-même en faisant de l’opposition systématique au Président de la République et à son gouvernement (n’en déplaise à son leader qui essaye de convaincre du contraire) et qu’elle s’est fermée elle-même la porte pour se retrouver sur une liste de l’axe central (la liste Renaissance conduite par Nathalie Loiseau, une juppéiste de longue date) où se retrouve le parti Agir avec lequel elle a un groupe commun à l’Assemblée nationale!

L’illisibilité politique de l’UDI en la circonstance (et dans d’autres…) ne joue certainement pas en sa faveur.

Reste que, lors du scrutin, en cas de score aussi bas que les intentions de vote actuelles des sondages, gageons que les adversaires de l’UDI poseront la question de savoir comment un parti qui a des scores aussi bas peut avoir tant d’élus à l’Assemblée nationale (21 députés revendiqués*) et au Sénat (28 sénateur revendiqués*) alors que d’autres qui réalisent des scores identiques voire supérieurs n’en ont aucun…

Oui, Jean-Christophe Lagarde a pris un très gros risque pour son parti.

Est-il prêt à en assumer les responsabilités en cas de débandade?



Alexandre Vatimbella

Directeur du CREC

Jean-Louis Pommery

Directeur des études du CREC



(*) Il est difficile de connaitre exactement le nombre des élus UDI à l’Assemblée nationale et au Sénat parce qu’ils font partie de groupes mélangés (avec Agir et des apparentés à l’Assemblée, avec le MoDem et des apparentés au Sénat) et que la comptabilité officielle du parti a souvent été de gonfler le nombre d’élus encartés en s’appropriant quelques apparentés notamment.




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