lundi 16 décembre 2019

Vues du Centre. Pour une confédération mondiale avant qu’il ne soit trop tard

Par Aris de Hesselin et Alexandre Vatimbella

Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.
Aris de Hesselin est un avocat international, centriste et un européen, défenseur d’une mondialisation humaniste.
Alexandre Vatimbella est le directeur du CREC.

Tous les astronautes et autres cosmonautes partis dans l’espace ont raconté qu’en voyant la Terre, ils ont vu une planète unique mais aussi fragile, le lieu unique de la vie humaine et un monde sans frontières pour tous ses habitants embarqués dans la même aventure.
Et leur ressenti, au moment où nous nous posons constamment la question de notre avenir avec cette possibilité que nous soyons nous-mêmes responsable de notre extinction en tant qu’espèce (voire de la destruction de la vie en général) montre bien la nécessité de nous unir tous pour vivre et partager ensemble un destin commun.
C’est sans doute ce vivre ensemble qui nous permettra de trouver les solutions aux nombreux challenges qui se posent à nous.
Si un seul pays et la citoyenneté universelle demeurent malheureusement des utopies qui ne se réaliseront jamais, nous devons penser à une union réelle, une alliance concrète pour bâtir un futur pour nos descendants.
Les organisations internationales type Société des nations ou ONU ne sont pas assez intégratrices et n’ont pas assez de pouvoir pour être la réponse aux défis qui se présentent.
Ce qu’il faut est un objet juridique qui ressemble à l’Union européenne et qui fonctionne, non pas comme une fédération, là aussi cela semble malheureusement utopique, mais qui soit une confédération.
Petit passage par la case définition.
Une fédération est une «union de plusieurs Etats particuliers conservant leur souveraineté dans certains domaines de compétence, au sein d'un seul Etat fédéral auquel ils abandonnent leur souveraineté externe et une partie de leur souveraineté interne».
Une confédération est, au niveau constitutionnel, un «Etat composé d’Etats où chaque membre conserve son indépendance mais se soumet à un pouvoir central essentiellement constitué par un organisme de coordination dont les décisions doivent être prises à l'unanimité des Etats-membres».
En matière de droit international, il s’agit d’une union durable, reposant sur un traité, conclu entre Etats indépendants et souverains et comportant une organisation permanente, qui devient elle-même personne internationale.
Bon, d’accord, beaucoup prétendront avec une justesse que l’établissement d’une confédération mondiale (dont l’ONU devait être la première pierre pour ses créateurs) est tout aussi utopique et que la règle de l’unanimité la rendra vite incapable de prendre une décision.
C’est possible mais c’est, en tout cas, la seule forme juridique atteignable actuellement par les différentes communautés humaines de la planète et qui aurait assez de pouvoir afin d’avoir cette action concrète et coordonnée indispensable pour prendre des décisions capitales pour notre présent et notre futur.
Rien n’empêche, par ailleurs, que cette confédération évolue et que l’on s’oriente sur un fonctionnement avec des décisions prises à la majorité qualifiée puis, petit à petit, vers l’établissement d’un pays unique si les communautés en question constatent que leur réunion permet d’agir positivement et d’envisager l’avenir avec confiance.
Pourquoi cela pourrait marcher?
Parce qu’une confédération ne lie pas automatiquement chacun de ses membres mais chacun d’entre eux savent que si leur indépendance est respectée, ils peuvent aussi compter sur le fait que les décisions prises le sont collectivement et solidairement, engageant l’ensemble de l’Humanité sur un pied d’égalité.
Et c’est bien de cela dont on a besoin pour faire avancer toutes les composantes de cette Humanité en même temps: la confiance juridique parce qu’elle n’est pas simplement un chapelet de promesses en l’air et de bonnes résolutions mais un lien contractuel avec des droits et des devoirs ainsi que des conséquences si ceux-ci ne sont pas respectés.
Aujourd’hui, par exemple, en matière de lutte contre le réchauffement climatique, certains pays estiment qu’ils ne peuvent prendre des mesures de protection de l’environnement parce que cela impacterait de manière trop forte leur économie, l’emploi, leur développement, etc. et les déclasserait, voire les empêcherait de rattraper les pays les plus avancés.
C’est le cas de la Pologne mais aussi de la Chine, de l’Inde mais aussi du Brésil et d’autres nations à travers le monde.
Et ce ne sont pas des accords internationaux style de la COP (dont la 25e session vient de se terminer sur un demi-échec) qui peuvent leur garantir une solidarité effective s’ils décidaient de prendre des décisions fortes en la matière.
Ce serait évidemment différent dans le cadre d’une confédération où la solidarité jouerait à fond, non pas par gentillesse ou sympathie, mais par un lien juridique qui obligerait celle-ci à s’enclencher automatiquement.
Même chose pour bien d’autres sujets qui menacent l’Humanité comme les armes nucléaires, le terrorisme, le manque d’eau, etc.
On comprend que beaucoup sont très réticents à s’engager dans la voie confédérale contraignante.
En revanche, on ne comprend pas très bien qu’ils ne veuillent pas trouver des solutions en commun aux menaces qui s’amoncellent en faisant en sorte du chacun pour soi qui conduira au désastre final pour l’Humanité.
Certains croient qu’ils pourront passer à travers les gouttes et seront les gagnants de la tragédie qui s’annonce parce qu’ils auront été les plus malins.
Ce qu’ils n’ont pas compris c’est que, quoi qu’il arrive, si l’on n’agit pas de manière concertée et avec force, il n’y aura que des perdants parce que les épreuves qui s’annoncent ne connaissent pas les dérisoires frontières construites par les humains.
Pas question pour autant de faire nôtre les sombres prédictions et prophéties des collapsologues et autres prophètes de malheur parce que nous avons encore le pouvoir d’éviter le précipice.
Mais ne traînons pas.

Aris de Hesselin & Alexandre Vatimbella

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