vendredi 7 mai 2021

Vues du Centre. L’inexistence d’un média centriste, échec et faute majeurs de Macron

Par Jean-François Borrou

Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.
Jean-François Borrou est le pseudonyme d’un journaliste proche des idées centristes.

Emmanuel Macron face à la presse en 2017

Aucune chaine d’information en continu, aucune radio, aucun organe de presse écrite, que ce soit quotidien, hebdomadaire ou mensuel, aucun média centriste n’existe en France, un échec et une faute majeurs que l’on peut imputer en grande partie à Emmanuel Macron et à ses proches.

Alors que la Gauche est bien dotée (tous les organes du service public, malheureusement, avec en pointe France Inter et franceinfo, Le Monde, Libération, l’Obs, le Canard Enchaîné, etc.), que la Droite l’est aussi (LCI, Le Figaro, Le Parisien, L’Opinion, Le Point, L’Express, etc.) ainsi que leurs extrêmes (pour la Droite, par exemple, CNews; pour la Gauche, l’Humanité, entre autres) ainsi que les populismes (Marianne, BFMTV, etc.), rien pour le Centre (à part une certaine proximité de La Croix, centre-droit, et de Ouest France, centre-gauche).

Et rien pour la majorité en place, une première.

Pourquoi une telle situation?

Non pas par une sous-estimation du pouvoir des médias – Emmanuel Macron a bâti sa victoire en 2017 sur sa capacité à faire le buzz – mais plutôt dans cette confiance qui penche souvent vers l’hubris, de pouvoir convaincre, et à gauche, et à droite, une presse et des journalistes par définition hostiles.

Il n’a pas compris que son action et ses mesures ne seraient jamais assez à droite pour la presse de droite et jamais assez à gauche pour la presse de gauche.

On ne voit avec les lois sur la sécurité et celles sur l’écologie.

Et quand elles seraient appréciées comme telles, elles seraient immédiatement jugées comme politiciennes et démagogiques!

De plus il s’est positionné au centre, voire du Centre, et donc a trouvé des adversaires et à gauche, et à droite, ce qui, systématiquement et arithmétiquement, multiplie les critiques, Barack Obama en sait quelque chose.

Sans oublier, évidemment, que la rapidité de son ascension n’a pas permis de structurer bien des pans de l’organisation de son mouvement et, surtout, de trouver des relais amis, notamment dans la sphère médiatique.

Le résultat est là, cette dernière est, depuis son élection à l’Elysée, le principal contre-pouvoir de sa présidence avant même l’opposition politique.

En cela, elle est sur une trajectoire qui préexistait à sa victoire à la présidentielle, François Hollande connait bien cette dérive – alors que les médias de droite, eux étaient demeurés largement fidèles à Nicolas Sarkozy – mais qui s’est emballée de manière exponentielle, à la fois, parce qu’il y a des enjeux d’audience et donc financiers – la critique se vend mieux que la louange – et parce que les journalistes font souvent passer leur engagement politique avant leur devoir d’informer alors que la déontologie de leur profession leur demande de faire exactement le contraire!

Et la haine de certains journalistes de droite et, surtout, de gauche envers Macron, va même jusqu’à avoir une sorte de bienveillance vis-à-vis du RN et de Marine Le Pen…

Il est trop tard pour inverser la tendance pour 2022.

Il faut donc s’attendre à une virulence particulièrement forte des médias à l’encontre d’Emmanuel Macron s’il se représente.

S’il est réélu, en revanche, les centristes seraient bien inspirés de susciter des initiatives et des projets médiatiques qui, à défaut d’être amicaux, ne seraient pas, ad minima, hostiles.

De ce point de vue, une vraie réforme des organes d’information du service public serait, comme l’a écrit ici souvent Alexandre Vatimbella, bienvenue pour que celui-ci soit vraiment au service du public en diffusant une information qui privilégie les faits avant les opinions, qui se fixe la tâche de rendre le citoyen le plus éclairé possible et non de tenter de l’endoctriner.

Un projet qui serait ni de gauche, ni de droite, ni même du Centre.

 

Jean-François Borrou

 

 

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