dimanche 28 janvier 2024

La chronique de Jean-Louis Pommery. Ne pas confondre le métier d’agriculteur avec «les agriculteurs»


Nous avons tous ou presque des ancêtres agriculteurs.

Les plus proches de mon côté étaient liniers et viticulteurs

Et mon nom veut dire, en latin, maraîcher (et pas seulement de pommiculteur ou pomiculteur).

Quant à ma sœur, elle est éleveuse en moyenne montagne.

Et j’ai toujours eu un profond respect pour le métier d’agriculteur parce que celui-ci est non seulement essentiel à notre existence mais aussi parce qu’il est souvent dur comme je peux le constater dans le petit village normand où ma maison est entouré de champs et de prairies.

Mais je n’ai jamais confondu, comme le font actuellement une majorité de Français et leurs politiques, ce métier et «les agriculteurs».

Car, oui, il y a beaucoup d’agriculteurs honorables, des femmes et des hommes de qualité que je connais et apprécie mais il y a aussi des gens nettement moins bien aux pratiques et aux discours discutables pour ne pas dire plus.

Un militant populiste ou extrémiste ne mérite pas ma considération parce qu’il est agriculteur.

Tout comme un fonctionnaire quelconque ou un vendeur de chemises.

Le mouvement qui est en cours et qui bénéficie, à la fois, d’un soutien massif des Français – pour l’instant – et des politiques – qui en oublient qu’ils sont au service de l’intérêt général – fait cette confusion funeste.

Et nombre de ces agriculteurs populistes et extrémistes avec leurs amis qui ont tenté sans cesse de déstabiliser la démocratie et la république ont saisi cette opportunité pour raviver des mouvements comme les «gilets jaunes» (largement d’extrême-droite) ou les «gilets rouges» (manifestants d’extrême-gauche lors de la réforme des retraites).

Or, en tant que centriste, je lutte contre tous les extrémismes et les populismes.

A ce titre, je ne peux accepter les menaces et les actions contre l’ordre démocratique et républicain que nombre de ces «gilets verts» perpètrent avec la bienveillance d’une population qui recommence, comme à chaque mouvement de ce type, à le soutenir comme s’il agissait par procuration de ses propres revendications, et le coupable laisser-faire des pouvoirs publics et des représentants du peuple.

Cela ne veut évidemment pas dire que les problèmes n’existent pas et qu’il ne faille pas agir pour corriger et éliminer nombre d’entre eux.

Mais ce gouvernement, jusqu’à présent s’y employait avec un tropisme pro-agricole évident.

La manière dont il a légitimé ce mouvement – pour nombre de raisons qui vont de la peur d’un débordement style «gilets jaunes» à la volonté de mettre la pression sur les industriels agro-alimentaires et les distributeurs – est une faute politique mais aussi de sa mission d’assurer l’ordre et la sécurité dans le pays.

Cela ne signifie aucunement que les agriculteurs n’avaient pas le droit de revendiquer et de manifester ainsi que de négocier des mesures en leur faveur.

En revanche, que les membres du gouvernement soit ses meilleurs avocats est une bizarrerie qui risque d’être très dangereuse pour la démocratie.

Alors, oui, défendons l’agriculture et le métier d’agriculteur mais séparons bien le bon grain et l’ivraie.

 

 

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