jeudi 31 janvier 2019

Actualités du Centre. Etats-Unis: Shultz, principal actionnaire de Starbucks, candidat centriste à la présidentielle de 2020?

Howard Shultz
Entre chaque élection présidentielle aux Etats-Unis, des candidats «independents», souvent se proclamant «centristes» annoncent vouloir concourir au prochain scrutin, arguant que les deux partis sont trop polarisés, l’un à droite (républicain), l’autre à gauche (démocrate) et que les électeurs modérés n’ont aucun réel choix en rapport avec leurs convictions politiques.
C’est le cas d’Howard Shultz, ancien dirigeant de Starbucks et toujours principal actionnaire de la chaîne, qui a annoncé «considérer sérieusement» sa candidature pour la présidentielle de 2020 (il avait déjà déclaré son intérêt pour celle-ci auparavant).
Il vient ainsi de déclarer sur CBS qu’il voulait se présenter comme un centriste ‘indépendent’, en dehors du système des deux partis dominants».
Sa principale motivation reste tout de même de s’opposer à Donald Trump.
Cependant, dans son discours, il s’en prend à la fois au Parti républicain et au Parti démocrate estimant qu’il faut une candidature «independent» qui parle à tous ceux qui sont centristes.
Il convient de rappeler que le terme «independent» fut inventé pour classer tous les électeurs qui ne se reconnaissent pas dans les deux grands partis qui structurent la vie politique américaine depuis le XIX° siècle (le Parti républicain fondé dans les années 1850 ayant pris assez rapidement la place des Whigs, c'est-à-dire le parti libéral de l’époque).
Si, au départ, il s’agissait de citoyens qui estimaient se situer à égale distance des thèses républicaines plutôt à droite et des thèses démocrates plutôt à gauche, ce n’est plus du tout le cas aujourd’hui.
Si cette catégorie d’électeurs existe toujours, il n’est plus du tout sûr (les sondages sont peu fiables en ce domaine) qu’elle soit majoritaire chez les «independents».
Désormais on trouve beaucoup de républicains et de démocrates qui critiquent la position de leurs partis respectifs, le plus souvent parce qu’ils ne sont pas assez de droite ou de gauche et pas du tout parce qu’ils ne seraient pas assez modérés.
Dès lors, toute candidature indépendante qui veut rallier les «independents» parle à un peuple qui n’a aucune cohésion politique d’où le peu de chance qu’une candidature de «troisième voie» puisse l’emporter.
C’est d’ailleurs le constat fait depuis longtemps par l’ancien maire de New York, Michael Bloomberg.
Si ce dernier a été tenté en 2008 et 2016 de se présenter en tant que candidat «independent», il s’est toujours ravisé estimant qu’il n’avait aucune chance de parvenir à la Maison blanche sur ce positionnement qui n’a pas la possibilité d’être majoritaire dans l’électorat.
D’ailleurs, il avait toujours choisi une étiquette lors de son parcours politique newyorkais, étant démocrate puis républicain, mais toujours centriste, avant de se dire «independent» pour sa troisième candidature victorieuse à la mairie de Big Apple (donc au niveau local et non national qui permet parfois la victoire d’un «independent») puis dans ses interventions politiques jusqu’à ce qu’il reprenne sa carte au Parti démocrate dans l’éventualité d’une candidature en 2020 où il concourra alors dans la primaire démocrate.
Dans l’Histoire des EtatsUnis, plusieurs candidats de «troisième voie» se sont présentés mais peu en tant qu’«independents».
Celui qui obtint le plus de voix lors d’une présidentielle fut l’ancien président républicain Theodore Roosevelt en 1912 sous la bannière du Parti progressiste, qui ne termina qu’en troisième position et fit élire le candidat démocrate Woodrow Wilson contre le candidat républicain…
Quant au vrai «independent» qui obtint le plus de voix, ce fut  le milliardaire conservateur Ross Perot qui se présenta en 1988, termina en troisième position et permis au démocrate Bill Clinton de l’emporter face au président sortant, George H. Bush…
Pour ce qui est de 2020, un candidat «independent» du style de Howard Schultz, prendra d’abord des voix au candidat démocrate et risque de faire réélire Donald Trump pour un second mandat.
C’est pourquoi, son initiative a été vivement critiquée par tous les opposants au populiste démagogue incompétent et pas seulement par la gauche du Parti démocrate.
Reste que de l’intention à la candidature, il y a souvent un espace si grand que le candidat «independent» recule comme on le voit à chaque élection où les divers postulants abandonnent (on ne compte évidemment pas dans cette catégorie la dizaine de candidats qui se présentent sous des étiquettes politiques très partisanes et qui rappellent que si l’élection se joue entre deux personnalités, l’une républicaine et l’autre démocrate, la présidentielle américaine n’est absolument pas un simple duel).


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