mardi 5 mars 2019

Actualités du Centre. Européennes 2019: Aux abois, Lagarde (UDI) publie une tribune anti-Macron

Jean-Christophe Lagarde
Jean-Christophe Lagarde l’affirme péremptoirement depuis des semaines, sa liste UDI pour les élections européennes est ouverte à qui veut la rejoindre, notamment aux fidèles d’Alain Juppé et plus globalement à tous les déçus de LR, de LREM, du MoDem, …
Problème, c’est que personne ne veut rejoindre une liste dont la moyenne dans les sondages est de 2,3%, c'est-à-dire même pas le seuil pour être remboursée de ses frais de campagne et encore moins celui d’avoir des élus (3% et 5% respectivement).

Lagarde espérait que les anciens UDF passés à LR et qui dénoncent les dérives radicales de Laurent Wauquiez rejoindraient sa liste ainsi que tous les droitistes libéraux.

Mais, en l’espace d’une journée, ses espoirs ont été douchés.

Dans un entretien au Figaro, le plus connu des anciens UDF encore à LR, Jean-Pierre Raffarin, ancien premier ministre de Jacques Chirac, a annoncé son soutien à la liste LREM-MoDem.

Quant au parti Agir-la droite constructive, elle vient de publier un communiqué qui indique son ralliement à la liste de la majorité présidentielle alors même que le parti a créé un groupe commun à l’Assemblée nationale avec l’UDI!

Seul un Dominique Bussereau, bien isolé, semble intéressé par soutenir la liste UDI…

Alors, en désespoir de cause, le président de l’UDI vient de publier une tribune sur le site internet du JDD où, à nouveau, il attaque sans aucune subtilité Emmanuel Macron et sa vision de l’Europe.

On aurait préféré voir Jean-Christophe Lagarde se battre de toutes ses forces pour les valeurs européennes contre les populistes et les extrémistes qui mettent en danger même l’existence de l’Union européenne et non contre un défenseur de toujours de l’Europe.

Mais la politique politicienne a, semble-t-il, ses priorités qui ne sont pas les mêmes que la défense de la démocratie républicaine…

Cette tribune ressemble à une dernière tentative d’exister vis-à-vis des électeurs centristes et de la droite modérée, tout autant qu’à un chant du cygne.

D’ailleurs, elle serait plus un programme électoral qu’un texte contributif au débat politique s’il n’y avait pas ces attaques contre le Président de la république.

Regrettons également des affirmations sans preuves et une relation difficile de Lagarde avec le réel qui n’est pas nouvelle quand il veut dénigrer un adversaire.

Sans oublier cette propension bien connue de sa part à tenir des propos contraires à ce qu’il disait la veille…



Voici cette tribune qui, en dehors de son anti—macronisme primaire, recèle de propositions intéressantes pour l’Europe:



L’Europe souhaitée par Macron est bien faiblarde et étriquée

Dans son Discours à la Nation Européenne, Julien Benda exhortait les Européens à faire corps autour de cette idée d’Europe comme puissance: «Au sein de chacun de ces peuples, il existe des hommes qui veulent unir les peuples, des hommes qui pensent à 'faire l’Europe'. C’est à eux que je m’adresse. Souhaitant de donner à leur désir au moins l’incarnation verbale, je les nomme la nation européenne.»

Si l’Europe veut encore trouver sa voie face au dépeçage qui nous menace, au multilatéralisme renaissant et à l’hubris des dirigeants américains, russes et chinois, elle doit s’interroger sur sa capacité à faire puissance comme le dit l’universitaire Zaiki Laidi. Cela équivaut à un changement de paradigme pour elle, qui s’était construite justement en s’inscrivant en faux contre la notion traditionnelle de Puissance. Or cette dernière a resurgi des cendres de l’Histoire et met désormais l’Europe au pied du mur: soit elle construit sa puissance pour ne pas subir le monde, soit elle accepte de devenir un ensemble d’Etats soumis aux autres grandes puissances continentales. Au lieu de se diluer dans ses élargissements et son excès de normes tatillonnes, l’Europe doit repartir de l’avant avec un groupe de pays refondateurs, en se concentrant sur des objectifs stratégiques pour lesquels nos Etats ne sont pas efficaces tous seuls:

- L’affirmation de l’euro que nous devons imposer comme monnaie d’échange internationale pour ne plus subir le dictat du dollar et les lois américaines, un euro ayant pour priorité la prospérité et convergence progressive des normes fiscales et sociales (au lieu de la concurrence sauvage actuelle);

- La défense de l’Europe (cyberdéfense ainsi que défense spatiale communes et mutualisation de la R&D militaro-industrielle et de leurs applications civiles);

- La sécurité, avec la création d’un parquet européen et d’une police fédérale pour lutter contre le terrorisme, les fraudes et les mafias;

- Le contrôle des migrations en créant un ministère européen de l’immigration doté d’un corps de Garde-côtes et d’une Police des frontières. Son rôle sera de protéger nos frontières et de délivrer les visas en fonction des quotas que chaque Etat membre aura librement fixés; aucun pays ne devant se voir imposer des migrants dont il ne voudrait pas;

- La préservation du climat, la transition et l’indépendance énergétique de l’Europe, notamment avec 200 milliards d’investissements dans l’isolation des bâtiments, la production d’énergies renouvelables, la conception de véhicules propres;

- Le lancement d’une nouvelle Politique Agricole Commune garantissant l’autonomie alimentaire de notre continent, la qualité et la sécurité de notre alimentation et un vrai revenu à nos agriculteurs;

- La protection de notre environnement par le développement de molécules respectant la nature, par l’économie de nos ressources, par la sauvegarde de la biodiversité ;

- Une véritable stratégie industrielle commune pour gagner la bataille des bouleversements technologiques en cours (intelligence artificielle, ordinateur quantique, biotechnologie, nano-technologie, canaux de communication, etc…). Si nous sommes décrochés technologiquement, nos pays perdront toute indépendance;

- Un rapprochement fiscal et social au sein de la zone euro pour mettre fin aux concurrences déloyales ;

- Une fiscalité européenne sur les géants d’Internet et en les obligeant, comme le fait l’Inde, à stocker et exploiter en Europe les donner qui font leurs richesses;

- Une agence de développement de l’Afrique, dont nous sommes les seuls voisins, afin que les 2,5 milliards d’africains en 2050 soient nos clients plutôt que des migrants potentiels.

Ces politiques communes doivent être conduites avec tous les pays qui n’ont pas encore abdiqué d’être indépendants, souverains et qui veulent peser sur leur destin.

Nul ne peut s’arroger le monopole de l’idée européenne. Ce d’autant moins que le bilan des 18 derniers mois du gouvernement en la matière est contestable. Au-delà de l’incarnation auto-persuasive, la stratégie européenne de Macron a eu peu de résultats et porte en germe l’isolement et l’affaiblissement de la France.

Il faut rappeler combien pour nos partenaires l’idée d’une relance de la construction européenne était conditionnée, à la réussite d’une France qui aurait remis en ordre ses affaires économiques et budgétaires. Or non seulement les résultats et réformes d’envergure ne sont pas au rendez-vous, mais le dérapage budgétaire récent, stigmatisé par la Commission, a rendu caduque la création d’un premier budget européen stabilisateur qui aurait pourtant été nécessaire. Nos partenaires n’ont pas de mots assez durs à l’égard d’une France peu fiable en la matière. Notons aussi qu’Emmanuel Macron a réussi, non seulement à détériorer nos relations avec les populistes italiens ou de l’Est, mais également avec un pays comme les Pays Bas, avec qui la tension monte et qui dans l’affaire Air France a clairement réagi à cette acrimonie.

La stratégie européenne de Macron porte en germe l’isolement et l’affaiblissement de la France

La «taxophilie» française s’est aussi retournée contre nous. Alors que la Commission tente d’harmoniser le calcul de l’assiette de l’impôt sur les sociétés pour mieux y inclure les Gafa, la France veut faire cavalier seul en la matière. C’est un nouvel échec de la diplomatie macronienne après celui sur les travailleurs détachés, dont la directive finale ou l’idée du «bouclier social» ne règlent rien. Vouloir le même salaire sans imposer les mêmes cotisations, c’est accepter le dumping social et la concurrence déloyale, ce qui nuit surtout aux Français dont la moitié du salaire finance notre protection sociale. Pour nous, les salariés doivent être payés et cotiser selon les règles du pays où ils exercent leur activité pour empêcher tout dumping social.

Enfin, si nous avons le courage de confier ces missions stratégiques à l’Europe, il faut que le pouvoir européen soit arraché des mains des technocrates pour le remettre entre les mains des citoyens. C’est pourquoi, il faut désormais élire un Président de l’Union Européenne, en charge de faire valoir l’intérêt des citoyens plutôt que l’égoïsme des Etats. Il faut que les Commissaires soient désignés et au besoin remplacés par les Députés Européens de chaque pays, pas par des gouvernements nationaux. Il faut qu’un Sénat Européen réunisse à Strasbourg les délégués de nos Parlements nationaux, afin de leur donner la capacité de faire entendre la voix de nos peuples sur les politiques européennes.

L’Europe souhaitée par M. Macron est malheureusement bien faiblarde et étriquée. La protection qu’il propose est sans efficience puisqu’elle ne s’appuie pas sur la volonté de faire de l’Europe une vraie puissance bénéficiant à nos Etats. Les Européens réalistes que nous sommes, soucieux de bâtir une Europe Puissance au service des citoyens, son prêts à jouer leur rôle dans la prochaine élection.




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