mardi 26 mars 2019

Une Semaine en Centrisme. L’UDI va-t-elle inexorablement dans le mur?

Jean-Christophe Lagarde
Hervé Morin hait Jean-Christophe Lagarde qui le lui rend bien.
Lorsqu’en 2012, Hervé Morin décida de se présenter à l’élection présidentielle en tant que candidat du Nouveau centre, parti dont il était le président, son principal adversaire s’appela Jean-Christophe Lagarde, qui était alors son second!
Ce dernier ne cessa de railler cette candidature à laquelle les sondages donnaient entre 0% et 1% des intentions de vote ce qui obligea Morin à, piteusement, annoncer son retrait de la course à l’Elysée et à ressentir une éternelle et violente rancune vis-à-vis de Lagarde (ce qui n’était pas difficile vue son dégoût extrême et intense déjà présent de celui-ci).
Quant un journaliste connaissant peu ses dossiers demanda à Hervé Morin pourquoi il avait décidé de rallier la liste de Laurent Wauquiez et de LR pour les élections européennes de mai prochain et non celle de l’UDI, le bonhomme lâcha son venin en expliquant qu’il ne comprenait pas comment Jean-Christophe Lagarde pouvait maintenir sa liste alors qu’elle ne faisait qu’1% (à l’époque où il fit cette remarque, 2% actuellement…).
Et il ajouta, comme quoi la blessure profonde n’avait absolument pas cicatrisée, que le même Lagarde lui avait conseillé maintes et maintes fois de se retirer de la présidentielle de 2012 parce qu’il ne faisait qu’un ridicule 1% des intentions de vote…
Cette anecdote qui fait partie de cette minable histoire de jalousies, de ressentiments, de rancœurs, d’hostilités, d’ambitions contrariées de l’un à cause de l’autre et inversement, d’insultes et de menaces entre deux hommes qui ont pourtant appartenu successivement ensemble à l’UDF, au Nouveau centre et à l’UDI avant que Morin ne s’en aille former son groupuscule Les centristes (toute ressemblance avec un parti centriste serait une escroquerie) qui a décidé de devenir un appendice de Les républicains, ne serait d’aucun intérêt si elle ne montrait l’incapacité de cette branche du Centre à se forger un réel avenir et une réelle identité et n’expliquait pourquoi lentement mais sûrement l’UDI se rapproche dangereusement d’un précipice qui, si elle s’y écrase, sera sans doute son tombeau.
Car, oui, la liste des «Européens» comme Lagarde a décidé de rebaptiser celle de l’UDI

(en repiquant le nom de la liste commune UDI-MoDem de 2014!) pour tenter de lui donner une image plus «bankable» dans l’opinion est, pour l’instant un flop qui ressemble étrangement à celui de la candidature de Morin en 2012.
Elle dit, en creux, que l’UDI est décidément un parti qui n’a une existence que parce qu’il noue des alliances avec des plus forts que lui qui lui permettent d’exister et d’avoir des députés (en l’occurrence LR lors des dernières législatives de 2017).
Mais pourquoi son président, connaissant la faiblesse intrinsèque de sa formation a-t-il tout de même décidé de présenter une liste alors qu’il avait refusé de présenter un candidat à la présidentielle de 2017 (soutenant François Fillon)?
La réponse se trouve, en partie, dans cette absence de 2017 qui fit passer l’UDI pour une petite formation qui n’est pas capable d’aller au combat de la principale élection de la V° République pour affirmer, ad minima, son existence (comme le font beaucoup d’autres partis n’ayant aucune chance de l’emporter) et de n’avoir rien à dire de capital au peuple français.
Et ce, alors même que Lagarde s’était fait élire président de l’UDI (face à Morin…) sur la promesse d’une candidature en 2017.
Dès lors, il fallait qu’il accomplisse un acte de bravoure qui, selon son analyse… ne coûterait pas grand-chose.
En effet, il a beau clamé que l’Union européenne est notre avenir (ce qui est vrai) et que ces élections européennes sont importantes (ce qui est juste), il pense qu’un score minable n’aura pas les conséquences qu’il aurait en cas de présidentielle ou de législatives.
Mais il n’a peut-être pas raison.
En effet, pour parvenir à allécher le chaland électeur, Lagarde a repris sa mauvaise habitude de l’agressivité, de l’insulte, de la contrevérité (qui étaient déjà ce que lui reprochait Morin…).
Mais celles-ci ne sont pas dirigées en premier lieu contre les ennemis de l’UE mais contre sa propre famille politique, le Centre et la droite modérée.
Ainsi, il ne se passe pas de jours sans qu’il ne critique ouvertement La république en marche, le Mouvement démocrate, Agir, les juppéistes pro-Macron (comme la tête de liste LREM-Modem, Nathalie Loiseau estimant que sa candidature est «une mauvaise décision pour le France», rien de moins!), le Mouvement radical, pensant qu’en faisant cela il récupèrera des voix.
Une stratégie quelque peu suicidaire puisque, petit à petit, il s’enferme dans une opposition à son propre camp!
Et sans possibilité autre que de nouer pour les prochaines élections nationales, sans se renier totalement des propos tenus actuellement (malheureusement, il sait le faire!), avec LR dont il affirme qu’il est devenu un parti de droite radicale qui flirte avec les idées lepénistes.
Dès lors, alors qu’il avance vers le précipice, Lagarde espère qu’un miracle politique va se produire et transformer sa citrouille à moitié pourrie des 2% d’intentions de vote en un minimum de 5% de carrosse d’or et de pierres précieuses qui lui permettra d’avoir des élus au Parlement européen et de clamer victoire…
Mais s’il demeure aux étiages actuels, qu’il continue ses attaques frontales contre son propre camp et qu’il ne retire pas sa liste in fine, il risque de devoir en payer le prix cash et l’UDI son existence.

Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC


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