Comme il l’avait annoncé, Emmanuel Macron a présenté ce jeudi son projet de réintroduction d’un service militaire.
Ce «Service national» ne sera pas obligatoire et espère, à terme, recruter 50.000 jeunes par an.
Lors de cette présentation le Président de la république a estimé que «dans ce monde incertain, où la force prime sur le droit et la guerre se conjugue au présent, notre nation n'a le droit ni à la peur, ni à la panique, ni à l'impréparation, ni à la division».
Selon, lui la seule façon d'éviter le danger qui menace le pays, «c'est de s'y préparer».
Et d’affirmer que «le Service national sera utile aux jeunes, aux armées et à la nation qui disposera donc de cette armée régénérée, une armée complète, une armée efficace et modernisée, capable de faire face aux risques dans tous les espaces, une armée avec un cœur actif et une jeunesse formée et sélectionnée».
Il a également rappelé que la France n’était pas le seul pays qui avait réintroduit un service militaire ou était en train de le faire ou d’étudier la question.
Un service militaire qui avait été supprimé par Jacques Chirac en 1996 alors que la communauté internationale semblait se diriger vers un ordre mondial où la coopération et la paix primeraient, en tout cas où la menace d’une guerre contre la France était peu probable.
La situation nouvelle créée par l’internationale totalitaire menée par la Chine et la Russie a rebattu les cartes et nécessite à nouveau que la nation avec ses alliés et avec l’Union européenne se réarme pour se protéger et protéger la démocratie républicaine.
► Voici le discours du Président de la République sur le Service national:
(…) Je suis venu ici, à Varces, au sein de la 25e
brigade d'infanterie de montagne, où tous ont choisi de faire bloc autour des
armées et des initiatives nationales et locales en faveur de l'engagement de la
jeunesse, parce que nos armées sont celles de la République, parce que notre
jeunesse est le trésor de la France, parce que la jeunesse aspire à la liberté,
et a soif d'engagement. Je veux saluer les jeunes qui sont là, nombreux ;
jeunes des classes et lycées engagés, lycéens de l'École des pupilles de l'Air
et de l'Espace de Grenoble, jeunes cadets alpins, Escadrilles Air Jeunesse de
Grenoble, jeunes qui êtes, aujourd'hui, appelés et participaient à la Journée
Défense et Citoyenneté ou engagés dans la réserve opérationnelle, engagés dans
l'armée d'active, tous et toutes. Vous incarnez la jeunesse de France qui se
tient prête, qui se tient debout, qui vibre au son de la marseillaise, qui n'a
pas peur de s'engager pour les autres, qui est fière de son pays, des valeurs
républicaines qu'il incarne. Oui, notre jeunesse a soif d'engagement. Il existe
une génération prête à se lever pour la patrie, notre armée est le cadre
naturel d'expression de ce besoin de servir. Notre nation sera forte si notre
jeunesse est unie autour de nos valeurs. Ne demandons pas comment notre
jeunesse peut être utile à la Nation. Offrons-lui un idéal en même temps que
cette liberté de le servir.
En janvier dernier, lors de mes vœux aux armées, je rappelais l'attention que
je porte depuis le premier jour de mon premier mandat aux forces morales de
notre nation, à sa capacité à se tenir prête. Et face à l'accélération des
périls, je demandais au ministre des Armées, au chef d'état-major des Armées de
formuler des propositions pour donner à notre jeunesse le choix de servir en
renforçant les rangs de nos armées. La veille du 14 juillet, devant nos
armées réunies à l'hôtel de Brienne et qui s'apprêtaient à défiler sur la plus
belle avenue du monde, j'annonçais aux Français qu'un nouveau cadre pour servir
au sein des armées serait décidé à l'automne. Nous y sommes. Le Président
Jacques Chirac avait pris la décision en 1996 de suspendre le Service National
Obligatoire Universel. La fin de la guerre froide avait rendu inutile un modèle
de masse et nécessaire le besoin d'une armée professionnelle et plus réactive.
Au fil du temps, dans les années 90, le service national était devenu ni
véritablement universel, ni véritablement équitable. Un jeune sur trois y
échappait. Le brassage social espéré n'était plus une réalité. Les missions
confiées étaient souvent peu valorisantes et les talents parfois pas assez
reconnus. Les coûts structurels d'un tel modèle avaient fini par devenir
disproportionnés par rapport à son efficacité. Oui, la décision d'alors était
juste. Et revenir en arrière serait à cet égard ni sérieux ni utile. Rétablir
le service national obligatoire et universel est une idée portée par ceux qui
méconnaissent la réalité de ce que sont nos armées aujourd'hui et des missions
qui leur sont confiées. Nos armées n'ont plus vocation à encadrer ni à
accueillir la totalité d'une classe d'âge, ce qui représente entre 600 000 et
800 000 jeunes. Surtout, un tel modèle de conscription obligatoire et universel
ne correspond pas aux besoins de nos armées ni aux menaces.
Dès 2018, à travers la revue stratégique, puis à travers les deux lois de
programmation militaire successivement votées, nous avons répondu à la menace
telle que nous l'analysions, en réparant puis en modernisant nos armées. Nous
l'avons fait avant tous les autres autour de nous et n'avons pas attendu 2022
pour cela. C'est ce qui nous permet aujourd'hui d'avoir l'armée la plus
efficace d'Europe et nous comptons le rester. La revue nationale stratégique
actualisée en juillet dernier a validé cette approche. Elle nous a conduits à
adapter encore l'effort, ce que j'annonçais le 13 juillet dernier, qui sera
décliné dans les semaines et mois à venir par la ministre des Armées et la
ministre déléguée et le CEMA. Et cette évolution de la menace nous a conduits
aussi à prendre de nouvelles décisions. Nous ne pouvons pas revenir au temps de
la conscription, mais nous avons besoin de mobilisation. Mobilisation de la
Nation pour se défendre, pas contre tel ou tel ennemi, mais pour se tenir prête
et être respectée.
Alors, comment accueillir cet élan de notre jeunesse et préparer notre nation
aux défis et menaces qui s'annoncent ? Un nouveau service national va être
institué progressivement dès l'été prochain. Ce service poursuit trois
objectifs précis. Renforcer le pacte noué entre notre Nation et notre armée.
Renforcer la capacité de résistance de notre Nation. Consolider la formation de
nos jeunes. Là où nous soutenions l'ambition d'un service national universel
pour conforter la cohésion au sein d'une classe d'âge, l'accélération des
crises, le durcissement des menaces me conduisent à proposer aujourd'hui un
service national purement militaire qui, sans être universel, peut engager
toute une génération. Je porte aujourd'hui un projet pensé dans la grande
tradition française de l'engagement quand il s'agit de défendre le pays que
nous sommes. N'oublions jamais que, chaque fois que l'histoire l'a exigé, la
jeunesse de France s'est engagée et mobilisée. Fidèles en cela à cette chaîne
des temps qui relie les volontaires de l'An II jusqu'aux maquisards des Glières
et du Vercors. Et je veux ici saluer le travail mené depuis janvier dernier par
les ministres et les CEMA.
Je veux prendre le temps d'exposer à la nation ce Service national pour notre
jeunesse. Le service national s'adressera aux jeunes Françaises et Français
majeurs, qui auront exprimé leur volontariat lors de la Journée défense et
citoyenneté qui deviendra Journée de mobilisation, en se recentrant sur les
fondamentaux. Je veux ici insister sur le fait que le service national
concernera seulement des volontaires et le cœur sera constitué par les jeunes
âgés de 18 à 19 ans. En cas de crise majeure, le Parlement pourra autoriser de
faire appel, au-delà des seuls volontaires, à ceux dont les compétences auront
été repérées durant cette Journée de mobilisation et alors, le Service national
deviendrait obligatoire. Mais ce cas exceptionnel mis à part, ce Service national
est un service des volontaires, sélectionnés ensuite pour répondre aux besoins
de nos armées. Ce Service national s'inspire des pratiques de nos partenaires
européens, en particulier de la Norvège. À l'heure où tous nos alliés européens
avancent face à une menace qui pèse sur nous tous, la France ne peut demeurer
immobile. La ministre des Armées aura l'occasion de préciser les conditions
dans lesquelles les candidatures pourront être déposées à compter de mi-janvier
2026. Les volontaires seront sélectionnés par les armées, qui choisiront parmi
eux les plus motivés et ceux qui répondent le mieux à leurs besoins. Ils
serviront sous statut militaire, seront dotés d'un uniforme, d'une solde, d'un
équipement. Le service national s'effectuera au sein des armées et sera piloté
par le seul ministère des Armées.
Si le Service national commencera dès 2026, les jeunes pourront aussi exprimer
le souhait, en 2027, d'effectuer leur service national au sein de la
Gendarmerie nationale, de la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris et du
Bataillon des marins-pompiers de Marseille, qui sont également sous statut
militaire. Il appartiendra alors au CEMA de décider chaque année du nombre de
jeunes affectés dans ces unités. L'objectif que nous poursuivons est un
objectif militaire. Nos jeunes du service national serviront pendant 10 mois,
ce qui correspond à une année de césure et permet de s'inscrire parfaitement
dans le parcours de nos jeunes. Nos jeunes du service national commenceront par
une formation initiale d'un mois où ils apprendront ensemble les rudiments de
la vie militaire. Ils acquerront l'esprit de discipline, se formeront au
maniement des armes, à la marche au pas, au chant, à l'ensemble des rituels qui
nourrissent la fraternité de nos armées et concourent à la grandeur de la
nation.
Nos jeunes du Service national seront ensuite affectés durant 9 mois au sein
d'une unité militaire, où ils effectueront les mêmes missions que l’armée
d’actifs sur le territoire national. Ils ont vocation à la renforcer en
fonction de ses besoins opérationnels, en densifiant progressivement ses rangs,
et vivront au même rythme que l’unité d’affectation. Nos jeunes du Service
national participeront à toutes les missions, de sentinelles à l’assistance aux
populations, à tous les postes, du terrain à l’État-major. Nos jeunes, je le dis
avec clarté, serviront sur le territoire national et uniquement sur le
territoire national, c’est-à-dire, en métropole et dans nos Outre-mer. Le
Service national, c’est le territoire national, car c’est la mobilisation pour
nous défendre. Et je souhaite que cet emploi sur le territoire national soit
prévu par la loi. Cet engagement sera encouragé et valorisé. J’ai validé les
mesures en ce sens qui seront détaillées par le Gouvernement.
Après le Service national, les jeunes pourront poursuivre leurs études ou se
lancer dans la vie professionnelle civile tout en intégrant la réserve
opérationnelle. Ils seront accompagnés par les armées s’ils recherchent un
emploi. Pour ceux qui le souhaitent, ils pourront rejoindre l’armée d'active en
s’engageant, et leur expérience acquise sera valorisée. Ainsi, nos armées
bénéficieront dans la nation de jeunes Françaises et de jeunes Français dont
les motivations auront été repérées, l’engagement éprouvé, les compétences
exercées, c’est un atout majeur, militaire, moral, civique et républicain,
c’est un acte de confiance dans notre jeunesse. Un modèle hybride d’armée va
bel et bien apparaître qui correspond aux menaces et aux risques qui sont
devant nous, rassemblant des jeunes du service national, des réservistes et
l’armée d’active.
Ce nouveau modèle d’armée aura un noyau dur, un socle, une armée d’active que
nous avons renforcée, consolidée, mieux équipée, que nous connaissons depuis la
fin des années 90, complétée de professionnels de la réserve, de près de 45 000
aujourd’hui, et que nous porterons à 80 000 en 2030. Mais elle aura aussi un
appui en profondeur, au cœur de la nation, cette nouvelle force issue de la
jeunesse, cette nouvelle force issue du service national. Dans ce monde
incertain, c’est ce modèle hybride, prêt à toutes les bascules, qui doit
s’imposer. Ce modèle permettra de renforcer nos capacités, de donner une
nouvelle épaisseur aux armées et à la jeunesse, de diffuser l’esprit de
défense, d’endurcir l’esprit de résistance de la Nation.
Ce Service national ne peut avoir du sens que s’il a de l’ampleur. Le service
national va débuter à l’été 2026 et nous augmenterons progressivement les
effectifs : 3 000 jeunes seront choisis pour effectuer le Service national
à l’été 2026 et les promotions augmenteront progressivement pour atteindre 10
000 jeunes incorporés en 2030. L’ambition que je porte pour la France est
d’atteindre 50 000 jeunes en 2035. Ceci sera à adapter en fonction de
l’évolution de la menace. Il nous faut dès maintenant commencer à construire
des hébergements, des infrastructures pour que les jeunes soient accueillis
correctement dans les garnisons et dégager progressivement un nombre suffisant
de cadres pour former et commander ces jeunes. Cet effort de défense sera
financé par l'actualisation de la loi de programmation militaire 2026-2030, qui
prévoit un budget supplémentaire de plus de 2 milliards d'euros pour le Service
national. C'est un effort important. Il est indispensable. Parallèlement, notre
Nation doit mieux accompagner l'envie de servir de notre jeunesse. C'est ce que
le ministère de l'Éducation nationale aura apporté. Voilà pourquoi, afin de
consolider les forfaits ces dernières années à travers le SNU, la durée des
classes de défense et de sécurité globale va passer d'un à trois ans. Voilà
pourquoi nos jeunes devront participer à au moins une cérémonie commémorative
par an dans chaque établissement. Voilà pourquoi nous inciterons à effectuer
les stages de seconde dans nos armées. Enfin, ce Service national, purement
militaire, complétera les dispositifs actuels d'engagement, comme le service
civique, qui accueille plus de 100 000 jeunes chaque année. J'aurai l'occasion
d'y revenir, mais service civique, et réserve civile, joueront un rôle clé dans
la mobilisation non militaire de la Nation et sa préparation aux nouveaux
risques.
Dans ce monde incertain, où la force prime sur le droit et la guerre se
conjugue au présent, notre Nation n'a le droit ni à la peur, ni à la panique,
ni à l'impréparation, ni à la division. La peur au demeurant n'évite jamais le
danger. La seule façon de l'éviter, c'est de s'y préparer. C'est ce que font
nos armées au quotidien, elles le feront demain plus encore. Le Service national
sera utile aux jeunes, aux armées et à la nation qui disposera donc de cette
armée régénérée, une armée complète, une armée efficace et modernisée, capable
de faire face aux risques dans tous les espaces, une armée avec un cœur actif
et une jeunesse formée et sélectionnée. Voilà ce que nous devons viser, et nous
le ferons dès l'été prochain. Je parle ici devant les unités combattantes qui,
comme tant d'autres, n'ont jamais peur d'avancer vers les sommets. C'est à la nation
d'emprunter aujourd'hui cette voie des sommets. Elle y est prête, je le sais.
Vive la République ! Vive la France !

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