vendredi 11 novembre 2016

Présidentielle USA 2016. Et si tout cela n’était qu’un jeu pour Donald Trump?

Après le candidat Donald violent et grossier de la campagne, voilà venu le président élu Trump consensuel et plein de compliments pour tous ceux qu’il détestait hier, rendant hommage à Hillary Clinton pour tous les services qu’elle a rendus à la nation alors qu’il voulait (et veut peut-être toujours) la mettre en prison et trouvant en Barack Obama un homme formidable alors qu’il l’insultait hier, prétendant qu’il était un usurpateur qu’il fallait destitué.
Un Trump qui n’a pas hésité à dire, dans son discours de victoire, tout le contraire de ce qu’il a dit durant son entière campagne, se présentant comme un homme de l’union et du consensus.
Puis, de nouveau, voici revenu le vociférateur en chef et complotiste convaincu qui s’en prend désormais aux jeunes qui manifestent, de New York à San Francisco en passant par Portland et Oakland, en prétendant qu’ils sont manipulés par les médias qui sont contre lui depuis toujours.
La mascarade continue donc comme si, pour Donald Trump, tout cela n’était qu’un jeu dont il a gagné la première manche comme on gagne au poker menteur…
Au lieu de nous rassurer, cette éventualité est glaçante car elle recèle l’idée que tout sera bon pour gagner la partie, tout sera bon pour qu’il se valorise quand il le faudra et par tous les moyens possibles, même les plus sales, sans se préoccuper de respecter des principes ou des valeurs.
N’est-ce pas qu’un jeu?!
L’élection de Donald Trump montre, encore plus aujourd’hui qu’hier et peut-être moins que demain, comment est manipulable la démocratie et ses règles.
Trump n’est, malheureusement, pas le premier démagogue populiste à séduire le peuple et il ne sera pas le dernier que ce soit aux Etats-Unis, en Europe et dans le monde entier.
Ceux qui croyaient que la démocratie républicaine pouvait résister sans se protéger contre ces personnages troubles – comme ceux qui croient qu’il suffit d’agiter son drapeau pour faire peur à ses ennemis extérieurs et les faire fuir – doivent redescendre sur terre une bonne fois pour toute.
Les médias d’information en continu qui doivent se nourrir à tout moment de n’importe quelle information pour justifier leur existence et faire de l’audience pour la financer ainsi qu’internet qui peut déverser tous les mensonges, toutes les thèses complotistes, toutes les rumeurs avec délectation font que n’importe quel bateleur d’estrade connecté est désormais capable de surfer sur toutes les peurs, les angoisses et la crédulité (pour ne pas dire la bêtise) des êtres humains mais aussi leurs haines et leurs bassesses.
Et il ne faut guère compter sur la responsabilité des journalistes et encore moins sur celles des internautes pour inverser cette tendance forte.
C’est par un engagement politique fort et sans concession en faveur de la démocratie républicaine que nous pourrons éviter le pire dans les années qui viennent – quand exactement? cela est encore une donnée manquante – et qui surviendra certainement si nous ne réagissons pas.
Car la politique est ce qu’elle est.
Parfois elle prend une hauteur extrême, parfois elle est d’une extrême bassesse, comme nous le constatons quotidiennement.
D’autres fois, elle est pragmatique à l’extrême pour sauver notre système démocratique.
C’est là qu’il faut situer les réactions pleines de dignité de Barack Obama, d’Hillary Clinton, voire de Bernie Sanders à la victoire de Donald Trump.
Car ce dernier est bien le prochain président des Etats-Unis et la nation américaine est bien plus grande et bien plus forte que le passage, serait-ce même pour huit années, d’un clown pathétique et dangereux à la Maison blanche.
Mais pour que ce ne soit pas un très mauvais cauchemar la vigilance de tous les instants doit être la règle pour les vrais démocrates.
Il faut espérer qu’elle ne doive pas se transformer en résistance.
Parce que, pour les démocrates républicains, monsieur Trump, ce n’est pas un jeu.

Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC



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