mercredi 28 novembre 2018

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Macron abandonne-t-il son projet politique ou est-ce sa phase 2?

Lors de son discours du 27 novembre consacré au plan énergétique du gouvernement et aux troubles face à la taxation écologique des carburants, Emmanuel Macron a affirmé, non seulement, avoir entendu la «juste part de la colère venue de loin» d’une partie de la population, mais également l’avoir comprise.
Selon lui, elle est plus large que le simple mouvement de foule des gilets jaunes qui en serait un révélateur comme d’autres symptômes sociaux.
Elle s’est bâtie, toujours selon ses dires, sur des frustrations venant de toutes les erreurs et les manquements commis depuis quarante ans par les pouvoirs en place et dont il s’estime également responsable.
Pour cela, il propose un «nouveau contrat social» et une «changement de méthode» où le gouvernement va écouter les propositions et les demandes de tout le monde et va accélérer les accompagnements sociaux.
Si les deux piliers, modernisation de l’économie et nouvelles protections sociales sont toujours de mises, elles vont se mélanger «en même temps» et non se suivre comme initialement prévu (avec la phase 1, libérer l’économie et la phase 2, protéger socialement le citoyen).
Ce faisant, il semble abandonner le cœur même de son projet politique où l’on ne peut redistribuer que les richesses que l’on a créé (d’où la nécessité de d’abord libérer les forces économiques afin de créer la croissance et de faire baisser le chômage tout en remettant de l’argent dans les caisses pour des programmes sociaux) avec la mise en place d’une méritocratie où l’individu, au lieu d’être continuellement dans la revendication de plus de dépenses publiques, se responsabilise et prenne en main son existence.
S’agit-il d’une simple inflexion ou d’un changement de cap profond?
Si, dans son discours, il s’est défendu de changer de politique et que le cap suivi jusqu’ici était, non seulement «juste et nécessaire», mais le «bon», on peut néanmoins noter que, en creux, on a compris que des concessions seront faites et que des réformes seront reportées (pour certaines ce «report» sera sans doute un enterrement pur et simple).
Car, si Emmanuel Macron a toujours fait l’analyse d’une grande défiance de la population vis-à-vis du politique, si celle-ci a été au cœur de sa campagne et qu’elle lui a sans doute permis d’être élu face aux populistes (majoritaires en voix au premier tour de la présidentielle), il avait promis de ne pas dévier de sa mission, au sens littéral du terme, de provoquer une révolution des mentalités et des pratiques en menant d’importantes réformes qui seules permettraient de remettre le pays sur de bons rails.
Or, en parlant de changer la méthode et de prendre en compte les désidératas de chacun, il ouvre la porte à cette politique politicienne et clientéliste qui est de mettre en œuvre des réformettes tout en distribuant des largesses qui n’ont pas le moindre financement solide et qui creuseront les déficits.
Ce faisant, il se rapproche de ceux qu’il critiquait et de ceux qui ne cessent de l’attaquer, de demander sa démission et de l’insulter, démontrant que son poste est peut-être plus important que sa mission.
Bien entendu, il faudra attendre un peu pour savoir s’il s’agit réellement d’une inflexion de sa politique ou d'une volonté de convaincre une population qui n’a manifestement toujours pas compris l’urgence dans lequel se trouve le pays et qui semble être de plus en plus séduite par une aventure populiste que nous paierons au prix fort si elle se matérialise.
Pour autant, n’oublions jamais que dans les propos du candidat Macron se trouvaient des accents répétés de populisme que j’avais dénoncé en son temps et qui peuvent aussi expliquer ses déclarations du 27 novembre.
Ainsi, ici, il semble les reprendre et de les théoriser en quelque sorte.
N’est-on pas dès lors entré dans la triste stratégie démagogique du beurre et de l’argent du beurre, sachant que systématiquement celle-ci se termine sans beurre et sans argent avec des problèmes remisés aux calendes grecques et une société où les questions primordiales n’ont pas été réglées?
Certains des critiques de Macrin ont estimé que son discours été trop vague et ne contenait pas de grandes annonces ce qui lui permettait de gagner du temps et de noyer le poisson.
C’est une interprétation possible.
L’autre, c’est justement qu’il ouvre la porte à tous les possibles, surtout à tous les reniements.
On le saura très vite en espérant que je me trompe.


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