lundi 8 avril 2019

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Entre raison et progrès, je pari sur le second pour sauver la planète

Est-il possible de transformer les humains en êtres raisonnables, respectueux et responsables? Non.
En tout cas, cet état n’a jamais existé au cours de l’Histoire et rien ne prouve qu’il puisse exister dans un futur proche ou dans un avenir lointain.

Devons nous alors en tirer la conclusion que nous devons abandonner tout espoir en la matière? Non.

Devons faire le constat irrémédiable que, étant ce que nous sommes, étant ce qu’est notre existence incertaine dans un monde incertain, nous soyons incapables définitivement de sauver notre planète? Non.

Devons-nous, comme le prônent certains écologistes extrémistes et illuminés, souhaiter la disparation de la race humaine pour le bien de la planète Terre? Bien évidemment que non.

Devons-nous continuer à tenter malgré tout, sans relâche jusqu’à l’épuisement, tel Sisyphe sur son rocher, d’inculquer à l’humain les valeurs humanistes? Oui.

Pourquoi?

Parce que c’est la seule façon de sauver, in fine, l’Humanité et la planète sur laquelle elle vit tout en assurant à la première une vie décente et à la seconde une protection contre nos dégradations.

Que l’on ne se méprenne pas.

Si nous continuons à vivre comme nous le faisons, l’Humanité entière ne disparaitra pas mais une partie d’entre elle, plus ou moins importante.

Quand les dinosaures ont disparu après le cataclysme dont on ne connait pas exactement les causes (météorites, éruption volcanique…), les mammifères, eux, espèce à laquelle nous appartenons, ont résisté et ils résisteront à une extinction sauf si la planète implose ou si les conditions de vie sont définitivement détruites partout et pour tous, deux probabilités extrêmement faibles avant l’explosion du soleil dans quelques milliards d’années…

Donc, et d’ailleurs certains – et pas seulement les «survivalistes»! – y pensent, il y aura des survivants.

Combien?

Cent mille, dix millions, plus, moins?

Personne ne peut le dire.

Mais, ce constat n’est pas et ne peut être une réponse humaniste qui est de sauver tout le monde dans la limite du possible, c'est-à-dire de l’action humaine et de ses capacités d’aujourd’hui et de demain.

Et, dans ces capacités il y a celles de la raison, du respect et de la responsabilité.

Attention, là aussi, il ne faut pas se méprendre.

Ce n’est pas parce que nous avons théoriquement les trois capacités citées ci-dessus que nous voulons les mettre en œuvre.

Jusqu’à maintenant, la réalité est là, nous ne l’avons jamais fait collectivement ou lors de circonstances exceptionnelles et très limitées dans le temps (comme faire la paix, par exemple ou signer une convention sur les droits de l’enfant).

Dès lors, suite à ce constat désespérant,  pour sauver la planète, je choisis à court et moyen terme le progrès plutôt que la raison par simple application du principe de réalité.

L’être humain n’est pas du tout raisonnable, loin d’être responsable et peu respectueux, surtout quand il est en groupe où la raison, la responsabilité et le respect se diluent et s’évaporent soudainement, donnant naissance à des comportements inacceptables, voire intolérables.

Que tous ceux qui ont été un jour supporteurs d’une équipe de football me disent le contraire!

En revanche, il est ingénieux.

Nous avons réussi à vivre une existence à peine croyable par nos ancêtres pas si lointains avec les progrès de l’hygiène, de la médecine, de l’agriculture, de nos artefacts, etc.

Mais cela ne nous a pas empêché de nous entretuer, de perpéter des massacres indicibles, de détruire nos écosystèmes, de créer les conditions d’un holocauste mondial.

Le XX° siècle a été dans ces domaines l’exemple (indépassable?!) de notre génie et de notre infamie.

Malheureusement, le troisième millénaire ne nous a pas encore montré un changement consistant dans nos comportements tout en nous démontrant que notre capacité à créer était bien extraordinaire.

Or donc, ce n’est pas la raison qui a sauvé le monde jusqu’ici mais bien le progrès.

Et demain, ce sera pareil.

Comme il est donc impossible de nous transformer en êtres raisonnables, respectueux et responsables dans des temps proches, c’est pourquoi, entre raison humaine et progrès scientifique et technologique, je pari sur le second.

Avec des regrets mais avec lucidité.

Et je ne pars pas battu mais raisonnablement optimiste dans notre capacité à trouver des solutions pérennes.

Bien sûr, quand nous avons remplacé les chevaux par les moteurs à explosion dans les villes, tout le monde s’est écrié que nous avions vaincu une pollution absolument invivable avec, dû au crottin de cheval qui s’amoncelait dans les rues, dans les décharges et partout ailleurs, des odeurs nauséabondes mais aussi des risques sanitaires importants.

En réalité, nous avions remplacé, sans vraiment le savoir, un problème par un autre.

Et c’est sans doute ce qui nous guette avec la voiture électrique qui, si elle se généralise comme la voiture à essence, génèrera une pollution monstrueuse due aux batteries électriques (sans oublier tous les autres fluides et matériaux que l’on trouve déjà dans nos voitures actuelles).

Pour autant, nous avançons même si nous devons nous rappeler que, de tout temps, la vie sur terre a été un risque où nous devions choisir une voie par rapport à une autre tout en sachant qu’aucune des deux n’étaient sûres à 100%.

Ainsi en ira-t-il encore demain et après-demain.

Néanmoins, nous savons un peu mieux où nous devons aller, et cela est une grande force pour trouver des outils scientifiques et technologiques qui nous permettront de mettre en place une société meilleure.

Cela ne nous exemptera jamais de trouver la raison, de pratiquer le respect et d’accepter notre devoir de responsabilité et de mettre en œuvre réellement les valeurs humanistes.

Jamais.




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