dimanche 28 mai 2017

Législatives 2017. Pourquoi l’UDI avait plus à perdre que le MoDem avec Macron

Nombre de gens, dont beaucoup de sympathisants centristes, ne comprennent pas comment les médias et les politologues peuvent qualifier Emmanuel Macron de centriste et de voir que les partis centristes se sont divisés quant à une alliance avec le nouveau président de la république lors de la présidentielle et encore aujourd’hui lors des législatives.
Bien entendu, la division dans l’espace centriste est une constante dans la vie politique et notamment au cours de la V° République.
On se rappelle que lors de la candidature d’Alain Poher à la présidentielle, alors qu’il était un vrai représentant du Centre, une partie des élus centristes soutinrent George Pompidou…
Sans parler de 2007 et 2012 où, face à une candidature de François Bayrou, nombre de centristes préférèrent, les deux fois, soutenir Nicolas Sarkozy.
En réalité, la cassure entre centristes vient le plus souvent d’une problématique électorale, voire électoraliste.
Ce n’est que très rarement une question de projet ou de programme politiques.
En tout cas, en 2017, ce sont bien les visées électorales et électoralistes qui ont principalement dicté leurs conduites à la fois à l’UDI mais aussi au MoDem.
Car comment expliquer, alors que les deux formations avaient décidé de soutenir Alain Juppé pour la primaire de LR et, espéraient-elles, pour la présidentielle, que la défaite du maire de Bordeaux face à François Fillon a induit que le MoDem se range derrière Macron et que l’UDI devienne un allié de Fillon.
Si l’on se place au niveau des programmes, il est bien évident que celui de François Fillon n’était absolument pas centro-compatible, que ce soit dans sa version originale ou amendée alors que celui de Macron l’était pleinement comme l’était également celui de Juppé.
C’est tellement vrai que lorsque le retrait de Fillon fut évoqué suite à ses affaires de détournements de fonds publics, l’UDI s’empressa de demander un nouveau candidat LR, sous-entendu, Alain Juppé…
Mais, rappelons-nous aussi que François Bayrou avait indiqué e manière particulièrement agressive que, selon lui, le programme de Macron ainsi que sa personne n’étaient pas du tout centro-compatible, ce qui était évidemment une contre-vérité.
Et ce n’est que lorsque le président du Mouvement démocrate constata qu’il n’y avait pas de place pour sa candidature à la présidentielle qu’il décida de rejoindre Emmanuel Macron lui trouvant subitement toutes les qualités de compatibilité centriste...
Oui, pourquoi, in fine, le MoDem a-t-il donc fait le pari Macron alors que l’UDI n’a pas osé le faire ni avant, ni après la présidentielle?
Parce que, non seulement le MoDem est le parti d’un homme, Bayrou, mais aussi c’est celui qui n’avait aucun député et donc qui n’avait aucune crainte que ses sortants ne soient pas investis par Macron en le rejoignant et, à l’inverse, pouvait espérer s’il choisissait le bon cheval en être récompensé par nombre d’investitures qui étaient impossibles à obtenir de la part de Fillon et de LR.
De plus, le soutien personnel de Bayrou à Macron permettait au président du Mouvement démocrate de se garantir un avenir politique que le candidat d’En marche! gagne ou non la présidentielle.
A l’inverse, l’UDI qui n’est qu’un agglomérat d’élus, avait très peur de perdre la plupart de ses députés dans une alliance avec Macron qui, non seulement, n’était pas le favori au départ mais qui ne lui garantissait absolument pas la reconduction de ses députés de par sa volonté de renouvellement du monde politique alors que, de son côté, LR lui apportait sans difficultés la prime aux sortants plus d’autres circonscriptions gagnables en cas de victoire de Fillon.
Dès lors, même si l’UDI a renié ses engagements politiques en soutenant Fillon, elle ne pouvait faire autrement parce qu’elle ne survit qu’en étant un cartel électoral.
A l’inverse, le MoDem n’avait rien à perdre dans son soutien à Macron et tout à gagner d’autant que son choix avait, en plus, une logique politique.
Mais il faut être conscient que ce ne sont pas, loin de là, les positionnements partisans qui sont l’explication du choix des deux partis centristes.

Alexandre Vatimbella


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