vendredi 21 juillet 2017

Une Semaine en Centrisme. Quel avenir pour François Bayrou?

François Bayrou
Alors que l’il vient d’être annoncé l’ouverture d’une information judiciaire et la désignation de trois juges pour s’occuper de l’affaire des faux attachés parlementaires européens du Mouvement démocrate et que l’enquête va se focaliser sur des soupçons d’abus de confiance et d’escroqueries, on peut se demander quel peut être l’avenir de François Bayrou.
Alors que celui-ci avait été enterré lors de l’élection présidentielle de 2012 au cours de laquelle il n’avait pas réussi à dépasser la barre des 10% des voix (une défaite puisqu’en 2007 il avait atteint 18,57%) et qu’il avait perdu, dans la foulée, son siège de député, il avait réussi un improbable retour grâce à l’aide d’Alain Juppé qui lui permettait de devenir maire de Pau mais aussi de cette sorte de fidélité des médias qui ont continué de l’inviter sur les plateaux de télévision et les studios de radio ou de lui ouvrir leurs colonnes.
Car François Bayrou, médiatiquement parlant, était un bon client, un opposant systématique au pouvoir en place, que ce soit Chirac puis Sarkozy puis Hollande, tout en ayant un discours modéré et de bon père de famille.
Ce retour a connu néanmoins son premier accroc avec l’enterrement de son ambition présidentielle pour 2017.
De mauvais sondages et une incapacité à trouver un espace politique face à Juppé puis face à Macron, lui ont fait renoncer à se présenter.
Mais, dans un coup de maître, cette défaite s’est transformée en une nouvelle dynamique (nonobstant son désir d’être à l’Elysée) quand il a décidé d’apporter son soutien à Emmanuel Macron sous forme d’une alliance entre les deux hommes.
A l’époque, celle-ci était présentée comme un deal où le président du MoDem soutenait le candidat d’En marche! qui promettait, en retour, de faire voter une loi sur la «moralisation» de la vie politique.
Ayant parié sur le bon cheval, c’est tout naturellement que François Bayrou a réclamé son dû après la victoire de Macron à la présidentielle.
Et celui-ci n’était pas seulement une loi mais bien des postes au gouvernement et des députés à l’Assemblée nationale.
Une alliance «à l’ancienne» et dans la bonne vieille tradition politicienne que, pourtant, Macron et Bayrou n’ont cessé de fustiger avant, pendant et même après la campagne électorale…
Toujours est-il que François Bayrou est apparu comme le co-vainqueur de cette présidentielle.
Et s’il n’a pas été nommé premier ministre à son grand dam, il a récupéré le poste de ministre de la Justice et de troisième homme du gouvernement en étant, en plus, ministre d’Etat.
Dans le même temps, sa fidèle collaboratrice, Marielle de Sarnez, devenait ministre des Affaires européennes.
Dans la foulée et après quelques bisbilles avec les dirigeants de La République en marche, il récupérait de nombreuses circonscriptions et parvenait à faire élire une quarantaine de députés alors que le MoDem n’en avait plus aucun.
Mais, ce tableau presqu’idyllique s’est fracassé en quelques jours sur l’affaire des assistants parlementaires européens évoqué plus haut.
Non seulement il est apparu que François Bayrou avait fait de la «vieille» politique avec Macron mais que porteur d’une loi sur la moralisation politique et en tant que garde des Sceaux, il n’avait absolument pas respecté ce pourquoi il prétendait se battre depuis des années où il fustigeait sans relâche les comportements de ses adversaires qui étaient également les siens.
Comme des amants trompés, les journalistes se sont alors retournés avec hargne excessive contre le président du MoDem, obligé de quitter le gouvernement avec Marielle de Sarnez.
Néanmoins, cette affaire n’aura que peu impacté le résultat des législatives pour le Mouvement démocrate qui a fait une entrée remarquée à l’Assemblée nationale.
Il faut tout de même souligné que les députés du parti centriste ont été élus surtout comme soutiens d’Emmanuel Macron et avant tout membres de la coalition dirigée par La République en marche.
Aujourd’hui, François Bayrou est totalement muet, réfugié dans sa bonne ville de Pau et sa dernière intervention médiatique date du 21 juin lorsqu’il a expliqué son absence du nouveau gouvernement Macron, une éternité pour lui.
Si l’on se gardera bien d’être catégorique sur le futur du président du MoDem au vu des épisodes précédents, on peut tout de même se demander s’il peut revenir d’un tel enchaînement d’évènements où de rien, il est presque devenu tout puis où il est revenu à presque rien.
Ironiquement, alors que le Mouvement démocrate devait être une simple machine à lui permettre d’atteindre l’Elysée, c’est peut être lui qui va prendre son envol alors que son chef va rentrer dans le rang…
Car l’affaire des attachés parlementaires européens est plus qu’un abus de confiance ou une escroquerie pour l’image de François Bayrou chez les Français.
De même que son comportement après la victoire d’Emmanuel Macron.
D’une part, cela a montré que la posture qu’il a adoptée comme une sorte d’incorruptible était, pour le moins, très excessive.
D’autre part, que celui qui prétendait lutter contre toutes les dérives politiciennes, agissait pourtant de même dans les coulisses.
En outre, la presse ne semble plus vouloir lui faire de quelconques cadeaux.
Or c’est bien elle qui lui a permis de garder une visibilité médiatique beaucoup plus importante que son poids politique réel pendant des années.
Tout ceci semble indiquer que l’avenir politique de François Bayrou va être difficile et ce, même si le MoDem est innocenté dans l’affaire des attachés parlementaires européens.
En revanche, rien ne permet de dire que sa carrière politique est définitivement derrière lui.

Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC


1 commentaire:

  1. À vous lire, cette affaire contiendrait déjà assez d'éléments pour accabler le MoDem et son président.
    C'est loin d'être le cas.

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