mardi 3 juillet 2018

Une Semaine en Centrisme. Décomposition et disparition de l’Europe, les centristes tirent la sonnette d’alarme

A un an des élections au Parlement européen, alors qu’elle traverse un moment de grande tension sur fond de populisme et de peurs migratoires, Jean-Christophe Lagarde, le président de l’UDI, François Bayrou, le président du Mouvement démocrate, et Christophe Castaner, délégué général de LREM, affirment que l’Union européenne est à un tournant particulièrement critique de son histoire où l’alternative simple mais essentielle: plus (du tout) d’Europe et (beaucoup) plus d’Europe.
Le premier, lors d’un séminaire de son parti sur l’Europe parle tout simplement de disparition:
«La conviction se dessine en moi que l'Europe est en train de mourir (parce qu') on n'a pas voulu construire l'Europe.
Et lors d’une tribune sur le site du Huffington Post, il explique:
«L’Europe qui s’est relevée des guerres et de la barbarie de la première moitié du XX° siècle en inventant un modèle unique de coopération entre nations, nous apporté paix et croissance. Mais elle n’a pas su retrouver le même souffle et saisir l’occasion de devenir la puissance qu’elle devrait être. Elle s’est rabougrie dans une vision administrative et pusillanime de ses missions.
Par manque de vision, elle accompagne et subit, aujourd’hui, une mondialisation qui nous impose des intérêts et des modèles économiques et sociaux aux antipodes de ceux que l’humanisme européen a fait émerger au cours des siècles.
Tandis que les populistes de tous bords trouvent de plus en plus d’écho auprès de nos concitoyens déboussolés, la responsabilité des gouvernements nationaux, au cours des dernières décennies, est immense. Car plus les voix des europhobes portent haut, moins les dirigeants nationaux défendent l’étendard européen. Chaque fois qu’une mesure impopulaire est prise, ils brandissent l’Europe comme bouc-émissaire, pour s’exonérer de leurs propres responsabilités. Aucun d’entre eux n’a été capable de fixer des perspectives fédératrices.
De petites lâchetés en grands renoncements, le plus beau projet politique porté sur notre continent se détisse sous nos yeux.
Nos concitoyens ont fini par croire que nos échecs collectifs étaient imputables à «trop d’Europe» alors même que c’est parce qu’il n’y avait «pas assez d’Europe» que nous avons échoué.
Le second, sur le plateau de BFMTV, alerte sur sa décomposition:
«Il y a un rendez-vous historique sans précédent car pour la première fois, la question de la décomposition de l’Europe est à l’ordre du jour. Cela ne s’est jamais produit depuis que l’UE a été construite. Elle est à l’ordre du jour avec une menace qui est l’idée propagée par les esprits qui veulent une victoire électorale à tout prix, qui donc s’appuient sur les instincts les plus chahutés. Ces instincts essaient de vendre à l’opinion publique, pour avoir des gains électoraux, l’idée que cela sera beaucoup mieux si on applique le ‘chacun pour soi’ et que chacun des pays européens peut s’en tirer par lui-même. Cette idée est pour moi la plus dangereuse et la plus destructrice pour notre économie, notre défense, et l’équilibre de la planète. Nous voyons bien qui sert cette idée: les hyper-puissances que sont les Etats-Unis de Trump et la Chine. Le seul pôle de résistance, c’est l’Europe, qui est la seule à avoir à la fois la dimension et la capacité. Détruire et décomposer ce pôle de résistance, c’est une formidable affaire pour tous ceux qui préfèreraient être les seuls aux commandes de la planète. En face de cela, il y a des débats politiques entre dirigeants européens qui sont apparemment loin d’être à la hauteur de la situation… Et je suis content que le président de la République Française veuille mettre les choses à la hauteur de la situation. Je vois bien que madame Merkel a elle-même des soucis de ce point de vue-là. Je vois aussi les conséquences considérables de la sortie du Royaume-Uni et les très grandes difficultés qu’il rencontre à cause de cela. Tous ceux qui nous vendent l’idée que cela serait mieux tous seuls, qu’ils jettent un coup d’œil sur la Grande-Bretagne et sur la Grèce.»
Le troisième, dans une lettre ouverte sur les dérives de la Droite, appelle à contrer les velléités de destruction des populistes et des nationalistes:
«Parce que nous ne nous résignerons jamais comme l'écrivait Guillaume Apollinaire, ‘il est grand temps de rallumer les étoiles’, celles du drapeau européen, pour éclairer le chemin à emprunter: opposer à l'illusion mortifère du populisme un projet progressiste, crédible et commun.»
Un catastrophisme qui s’appuie malheureusement sur une réalité bien tangible que nous offre les 27 Etats membres de l’UE (plus le Royaume Uni qui n’est pas encore dehors) et les dirigeants de ses désormais nombreux gouvernements populistes alors même que les autres leaders semblent transi à l’idée d’agir, sauf, pour l’instant, Emmanuel Macron.
Mais que l’on ne s’y trompe pas, la mort ou la déliquescence de l’Union européenne seront aussi celles de l’Europe tout court.
En tant que puissance, que continent, que civilisation, l’Europe n’a pas le choix pour demeurer maître de sa destinée: son union.
Et même plus, un approfondissement continuel de cette union dans une démarche fédéraliste.
Bien entendu, ce serait mieux et surtout plus efficace sur le long terme si tous les pays, d’abord de l’Union européenne, ensuite du continent européen, s’unissaient dans un destin commun.
Mais ce n’est pas le cas, ni dans l’une, ni dans l’autre.
D’où cette nécessité que les centristes ont faite leur depuis quelques années, d’une Europe à plusieurs vitesses avec ce noyau dur de quelques pays qui irait énergiquement et dans une démarche politique forte, vers un approfondissement de son union dans un cadre de plus en plus fédéraliste.
Si François Bayrou, qui a toujours pratiqué une certaine ambivalence sur l’approfondissement fédéraliste, est moins catégorique sur ce point, ce n’est pas le cas de Jean-Christophe Lagarde qui, lui, veut faire de l’UDI, le parti français le plus fédéraliste européen ou de Christophe Castaner, porte-parole du projet européen du Président de la république.
Dans la mouvance centriste, il ne faudrait pas oublier la démarche résolument européenne du Mouvement radical libéral et social, coprésidé par Laurent Hénart et Sylvia Pinel.
Ni celle de l’Alliance centriste dont l’européanisme de son fondateur, Jean Arthuis, ne peut être mis en doute.
Tous ceux-là aussi et d’autres ont fait part de leur inquiétude quant à l’avenir de l’Union européenne.
Lanceurs d’alerte, les centristes doivent maintenant s’atteler à la tâche, ô combien périlleuse, de construire la vraie Europe unie.

Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC


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