jeudi 25 janvier 2007

Une Semaine en Centrisme. Présidentielles 2007 - Victimisation et stigmatisation font-elles un programme centriste ?


François Bayrou se dit victime des deux grands partis, le PS et l’UMP qui tentent de le marginaliser ainsi que des médias qui l’ignorent, notamment la télévision et plus particulièrement TF1. Dans le même temps, il stigmatise ces mêmes médias, l’UMP et le PS mais aussi d’autres partis politiques ainsi que les 100 000 « puissants » qui se seraient tous appropriés l’Etat. Cette politique de victimisation stigmatisation est-elle centriste ? Dit-il la vérité ? Que se cache-t-il derrière cette soudaine envie de défendre tous les mécontents du système dans un discours dont certains aspects ne rebuteraient ni Jean-Marie Le Pen, ni Philippe de Villiers, ni Arlette Laguiller ou Olivier Besancenot ? Pourquoi jouer à feu l’abbé Pierre en prenant la défense intransigeante de tous les pauvres et de tous les exclus et en rendant un hommage très appuyé au prêtre qui vient de mourir en rappelant qu’il faisait parti du MRP, parti pour lequel il éprouve une tendresse particulière ? Et, en l’absence pour l’instant de programme de François Bayrou, peut-on dire qu’il s’agit d’une ligne directrice s’il accède au pouvoir ?
Toutes ces questions reviennent à se demander quelle est la stratégie du leader de l’UDF. Car, le problème numéro un de François Bayrou lorsqu’il annonce sa candidature en décembre dernier est de se faire entendre et, pour cela, de trouver un credo porteur. Et, devant ce qu’il estime être une décrédibilisation des élites et l’envie de la population de voir des complots partout contre les petits, il décide de jouer la victime – dont des ouvrages récents nous montrent qu’il s’agit d’une posture qui rapporte gros dans nos sociétés actuelles – et de stigmatiser les puissants qui, selon lui, de manière occulte, se seraient liguer, encore une fois, contre les petits, thème populiste qui reçoit toujours un écho favorable dans la « France profonde ».
Cette stratégie, il faut en convenir, a donné de bons résultats lorsque l’on voit la sympathie que François Bayrou a suscitée chez les Français ces dernières semaines et sa bonne tenue dans les sondages. Mais, cet intérêt demeure encore fragile car ces mêmes Français attendent maintenant la deuxième partie de la campagne du leader de l’UDF, c’est-à-dire son programme. Non pas que les électeurs épluchent un programme de candidat présidentiel mais ce dernier permet, à leurs yeux, de crédibiliser un candidat.
François Bayrou, qui a déjà dévoilé quelques axes et quelques mesures, a promis de détailler son programme (ou son projet, on ne sait encore) dans le courant du mois de février. 
Il sera temps, alors, de voir si François Bayrou « recentre son discours ». Car, dans cette victimisation et cette stigmatisation qui lui permet de susciter cette sympathie, François Bayrou a délaissé le discours centriste pour un discours d’affrontement et de mélange des genres. Affrontement en opposant les Français, ceux qui ont et ceux qui n’ont pas (alors qu’il devrait en bon centriste avoir un discours d’union). Mélange des genres, encore, en diluant le centrisme dans l’union nationale, deux notions qui n’ont qu’un très lointain cousinage. Ce « recentrage » permettra de savoir si François Bayrou prendra vraiment ses idées dans la pensée centriste ou s’il voudra coller au plus près d’une stratégie de David contre Goliath. 

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