mardi 30 mai 2017

Vues du Centre – Aris de Hesselin. Macron-Poutine: peut-on parler avec quelqu’un qui n’écoute pas?

Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.
Aris de Hesselin est un avocat international, centriste et un européen, défenseur d’une mondialisation humaniste. Ses propos sont les siens et non ceux du CREC.

Vladimir Poutine & Emmanuel Macron
Emmanuel Macron a eu raison de recevoir Vladimir Poutine à Versailles.
Il a eu raison parce qu’au cours de leur entretien, le nouveau président de la république française a tout dit à son homologue russe.
Cette manière de faire de la diplomatie – parler avec tout le monde avec un message clair et proposer la négociation plutôt que la confrontation sans faire de concessions sur les points essentiels, voire existentialistes – est la bonne.
Bien entendu, personne n’attendait de cette rencontre des décisions concrètes et une réconciliation franco-russe dans la joie et la bonne humeur!
L’important était que la France, en accord avec ses partenaires et ses alliances, tant européennes que mondiales, dise ce qu’elle avait à dire à un régime qui a fait de son anti-occidentalisme, une caractéristique première, voire primordiale, de son existence et de son fonctionnement.
Ainsi, on ne rappellera jamais assez que les décisions qui ont amené à faire renaître une guerre froide entre une Russie déclassée et les démocraties occidentales sont toutes venues de Moscou.
Il s’agissait pour Vladimir Poutine de donner une légitimité à son pouvoir vis-à-vis de son peuple et de ce point de vue la nationalisme exacerbé des russes a permis d’y parvenir assez facilement d’autant que, dans le même temps, il muselait totalement son opposition.
Quoi qu’il en soit, comme il faut discuter et négocier avec la Chine de l’autocrate Xi Jinping ou avec la Turquie de l’autocrate Recep Tayyip Erdogan ou d’autres pays où les dirigeants ne brillent pas par leurs engagements démocratiques, il fallait rouvrir le dialogue franco-russe et Emmanuel Macron l’a fait de la bonne manière.
Reste que l’on peut se poser la question de savoir quelle est l’intérêt de parler avec quelqu’un qui n’écoute pas.
L’Histoire regorge de dialogues, discussions, échanges de points de vue et même d’accords signés qui n’étaient que des leurres de la part de dirigeants qui ne poursuivaient qu’un seul but, le leur et leur volonté de puissance.
Aujourd’hui, Vladimir Poutine n’est pas dans la démarche de bâtir des relations internationales harmonieuses où l’humanisme en serait la pierre angulaire.
L’utilisation des armes chimiques contre les enfants en Syrie de son allié Assad, les persécutions et les violences contre les homosexuels de son allié Ramzan Kadyrov en Tchétchénie, les mensonges éhontés des médias russes à l’encontre d’Emmanuel Macron, la manipulation des élections américaines, l’envahissement de l’Ukraine et l’annexion illégale de la Crimée, l’emprisonnement et la persécution des opposants à son régime, le non-respect du droit international, font partie d’une longue liste qui méritent que l’on soit conscient des dangers et constamment sur ses gardes face au président russe.
Dès lors on peut estimer que monsieur Poutine a du écouter d’une oreille distraite la plupart des propos d’Emmanuel Macron parce que tout ce qu’il connait et estime est le rapport de force.
Et l’on ne peut être que satisfait que le président de la république n’est pas oublié cette dimension de leur dialogue dans une sorte de mélange heureux entre l’idéalisme d’un Aristide Briand et le réalisme d’un Général de Gaulle.

Aris de Hesselin


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