mardi 2 mai 2023

La Chronique de Jean-Louis Pommery. «Soutien critique» et ambitions présidentielles de Bayrou

François Bayrou

François arpente les plateaux de télévision, les studios de radio et se confie dans les colonnes de la presse écrite pour dire à chaque fois la même chose: la démocratie est en danger et je suis un sauveur possible parce que je fais une analyse exacte de la situation.

Celle-ci consiste à dire qu’il y a un manque de pratique démocratique en France et que les choix fait par le gouvernement ainsi que sa communication sont responsables en grande partie de cette fronde anti-démocratique même s’il précise que c’était déjà le cas lors des présidences passées de Chirac, Sarkozy ou Hollande.

Bien sûr, lui, n’agirait pas de la même façon: il serait un rassembleur.

Le problème est que cette analyse est fausse.

On peut avant tout dire que les craintes du centriste sur l’avenir de la démocratie républicaine sont justes et que c’est bien les extrêmes de gauche et de droite qui tentent de profiter de cette défiance vis-à-vis d’elle d’une partie de la population chauffée à blanc par tout ce que le pays compte de populistes et de démagogues, sans oublier ceux qui exercent leur art des fake news et du complotisme de l’étranger.

Mais, le problème actuel de la confrontation qui s’est manifestée lors de la réforme des retraites ne vient absolument pas de l’absence d’explication convaincante de la part du Président de la république et du Gouvernement sur le fait de travailler deux ans de plus même si l’on peut constater que la communication n’a pas été parfaire, loin de là...

Elle vient, à la fois, d’une réaction épidermique normale dans le refus de travailler deux ans de plus même si cela doit conduire la France dans le mur et d’une volonté des extrêmes, surtout de gauche en l’occurrence, de transformer cette réaction en refus haineux et violent tout en occupant le terrain médiatico-politique, tout cela pour attaquer Emmanuel Macron mais surtout la démocratie républicaine libérale.

François Bayrou passe à côté de l’essentiel dans cette crise: quelle que soit la réforme que le gouvernement aurait proposée, les extrêmes auraient tenté de susciter la même mouvement de foule parce que l’essentiel est d’abattre le régime démocratique.

Mais on comprend que monsieur Bayrou fasse ce constat parce que cela lui permet d’avancer ses pions en affirmant que lui aurait pris le temps de l’explication, qu’il aurait fait en sorte de préserver la cohésion sociale tout en étant responsable.

Oui, il dresse là le portrait de Bayou-président-de-la-république!

C’est tellement habituel qu’on ne le relève pratiquement plus mais les deux derniers interviews du président du MoDem et accessoirement Haut-commissaire au plan l’un au JDD et l’autre à LCI ont montré une nouvelle fois son «soutien critique» au Président de la république et la volonté de demeurer dans la course à l’Elysée.

Encore coincé par l’affaire des attachés parlementaires des députés européens du MoDem qui, en réalité, travaillaient plus pour le parti que pour le Parlement européen, dont le procès va bientôt commencer et par l’évidente obligation de demeurer solidaire du pouvoir en place, François Bayrou ne peut encore ruer dans les brancards.

Mais ce n’est pas l’envie qui lui manque et il n’attend que le moment propice pour dire que lui c’est lui et que Macron c’est Macron.

Quand il parle qu’il faut «changer radicalement de méthode», on comprend bien qu’l ne critique pas Elisabeth Borne, des ministres ou les députés mais bien le chef de la majorité qui décide de la stratégie: Emmanuel Macron.

Après, il peut dire le contraire mais tout le monde a entendu et sait pertinemment qu’il s’agit d’un double-jeu qui d’ailleurs a commencé dès le jour où il a décidé de soutenir Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle de 2017.

Reste que le président du MoDem joue un jeu dangereux.

Pour autant il sait une chose, 2027 sera sa dernière chance de parvenir à l’Elysée et il ne veut surtout pas la gâcher.

Jean-Louis Pommery

 

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