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dimanche 1 juin 2025

Chronique centriste. Où se trouve politiquement aujourd’hui Renaissance?


Accusé d’être en phase de droitisation, de courir après Les républicains de Retailleau, voire, pire, d’épouser et de récupérer des thèmes du Rassemblement national, où se situe aujourd’hui politiquement le parti, originairement baptisé En marche!, créé par Président de la République?

Occupant la principale place de l’axe central (allant des sociaux-démocrates au libéraux de droite en passant par les libéraux sociaux du Centre), étant central à cet axe voire centriste dans nombre de ses prises de position, Renaissance est-il devenu un parti de droite comme le laisse entendre certains dont plusieurs membres du MoDem et ce qui interroge quelques membres même du parti?

Si l’on parle des thématiques qui sont mises en avant ces derniers temps par Gabriel Attal et ses amis, on voit qu’il s’agit de sécurité, d’immigration, de respect de l’autre, de baisse de la pression fiscale.

En soi, ces thèmes ne sont ni de gauche, ni de droite contrairement à ce que les extrêmes tentent souvent de faire croire.

D’autant que l’ADN de Renaissance c’est aussi une lutte sans merci contre les autocratismes et les totalitarismes ainsi qu’une défense intransigeante de la démocratie républicaine libérale.

Mais, évidemment, c’est de la manière de les aborder et des mesures avancées qui sont des marqueurs partisans.

On peut s’en faire une idée en analysant le document que vient d’éditer Renaissance «Une république ferme, une France apaisée» qui tourne autour de ces quatre chapitres:

- Sécurité, dissuader plus et prévenir mieux pour arrêter de subir la délinquance 
- Justice, restaurer la confiance, stopper la récidive, réinsérer par le travail
- Immigration, le travail, condition de l’immigration comme de l’intégration
- Valeurs républicaines, donner à la république les armes pour se défendre, combattre les discriminations.

Encore faut-il préciser comme le fait Gabriel Attal qu’il ne s’agit que de la restitution d’une des trois premières conventions thématiques qu’il a organisées sachant que les deux prochaines porteront sur «notre nouveau modèle économique et social et sur la transition écologique».

Pour autant, pour prendre les thèmes de la sécurité, de la justice de l’immigration et des valeurs républicaines pour la première convention est un choix assumé comme il le précise:

«Pour nos premières propositions, nous avons choisi de nous pencher sur les travaux de notre convention consacrée au respect de l’autorité, de nos lois et de nos frontières. Ce choix n’est pas anodin. Ces défis sont le quotidien des Français. Ils sont la garantie d’une vie apaisée et la condition d’une confiance dans l’avenir. Ils sont le fondement de leur confiance dans la puissance de l’État et de notre capacité à agir.»

Et de poursuivre:

«Nous le voyons chaque jour dans nos communes et à travers les témoignages des Français : le compte n’y est pas. La délinquance ne cesse de muter et les délinquants conservent encore trop souvent un temps d’avance sur nous. La Justice est encore trop lente et la confiance de nos concitoyens est ébranlée. Le contrôle de nos frontières reste un défi. Enfin, dans certains territoires, l’entrisme islamiste et le séparatisme continuent à progresser, comme autant de bombes à retardement.»

On pourrait voir là un discours plutôt de droite mais Gabriel ajoute que ce qu’il retient comme lignes forces c’est, par exemple, que «le meilleur délit, c’est celui qui n’a pas eu lieu» et qu’il faut d’abord «miser beaucoup plus sur la dissuasion ainsi que sur «la prévention, depuis la violence des mineurs jusqu’à la réinsertion des détenus», ce qui n’est pas un argumentaire de droite.

De même en ce qui concerne les valeurs de la république, «c’est la fermeté la plus stricte pour combattre toutes les formes d’entrisme mais aussi de discriminations : la République peut être d’autant plus ferme qu’elle est juste» et que celle-ci passe aussi par «proposer une alternative à la jeunesse – celle de la méritocratie, de l’ascension sociale, de l’égal accès à l’emploi, au logement et aux services publics», ce qui n’est pas non plus un marqueur de droite.

Surtout, il y a une volonté de mobilisation envers les enfants et les jeunes:

«Au cœur des propositions de cette convention, on trouve notamment un pilier de notre projet de société : la protection de l’enfance et de la jeunesse. C’est par là que nous voulons commencer, si nous voulons construire une société apaisée. Des plateformes numériques les plus agressives aux réseaux islamistes, en passant par les extrêmes de tout bord, tous veulent influencer nos enfants et nos jeunes. Alors, j’assume de vouloir construire une «bulle de protection» autour de notre jeunesse. Protection face à la violence, face aux idéologies radicales, face aux addictions. Protection en affirmant la force du savoir. Protection de ceux qui permettront à notre République de se défendre.»

Ici on est bien dans une vision centrale et centriste.

Alors, sans doute, le discours qui accompagne ces positionnements peut paraitre parfois un peu ferme voire martial.

Mais Gabriel Attal s’en justifie en disant que «nous avons besoin de mettre fin à une culture politique française en matière régalienne : des discours tapageurs, peu suivis d’effets, qui ne font que renforcer le sentiment d’impuissance» et que «respecter les Français, c’est leur faire des propositions claires».

Plus qu’un revirement, le parti dirigé par Gabriel Attal a pris conscience, à la fois, de certaines réalités de la société actuelle et de l’état d’esprit des Français face à celles-ci.

Cela en fait-il un copieur de l’extrême-droite?

Non, loin de là, mais la manière parfois de dire les choses et certaines postures peuvent être dérangeantes ainsi que des mesures préconisées dans le feu de l’action qui semblent surtout montrer qu’on n’est pas laxiste pour ne pas laisser le terrain à celle-ci.

Mais cela n’est pas que le fait de Renaissance dans cette ère où l’affichage est devenu encore plus le moyen de communiquer en politique.

Et les attaques contre les dérives droitières de Renaissance de la part d’une partie du MoDem en font partie avec une volonté de se confronter systématiquement à toutes les initiatives d’Attal comme la proposition de faire d’Alfred Dreyfus, un général posthume.

Toujours est-il que l’on ne peut en l’état prétendre que Renaissance a tourné le dos au projet politique d’Emmanuel Macron et que le parti a amorcé sa droitisation.

Reste à le confirmer dans une campagne électorale, ce qui sera le cas dans peu de temps.

Nicolas Levé

 

 


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