vendredi 14 décembre 2018

Actualités du Centre. Assemblée nationale: discours centristes lors de la discussion de la motion de censure de la Gauche

Assemblée nationale
La motion de censure déposée par la Gauche (PS, LFI et PC) a été votée par 70 députés sur 577 et donc très largement rejetée.
A noter que l’extrême-droite a voté pour dans sa totalité (RN, Debout la France et quelques députés non-inscrits).
Elle se voulait une censure de l’exécutif par rapport au mouvement des gilets jaunes et une sorte de soutien à celui-ci.

Voici les interventions des représentants des partis centristes:

- Gilles Le Gendre (président du groupe LREM)
S’il n’y avait le drame de Strasbourg, qui, une nouvelle fois, endeuille notre pays, nous aurions abordé ce débat avec moins de gravité. Je me serais même réjoui qu’il nous permette de remettre les pendules à l’heure, à un moment où nos concitoyens attendent de nous une vision claire de leur avenir et un refus de succomber aux querelles politiciennes et aux passions qui submergent notre pays depuis plusieurs semaines.
Je voudrais, au nom des députés du groupe La République en marche, avoir une pensée pour les victimes de l’attaque du marché de Noël de Strasbourg, ainsi que pour leurs proches et leurs familles. Je pense avec émotion et solidarité à ces hommes et à ces femmes dont la vie a été fauchée ou définitivement abîmée. Je ressens la même sidération que celle dont toutes les Françaises et tous les Français ont été saisis face au tragique, surgi subitement dans l’existence des victimes de cet acte barbare.
Je veux aussi rendre hommage aux forces de l’ordre pour leur professionnalisme et leur dévouement total à la plus belle des missions : notre protection et notre sécurité. Depuis longtemps, et plus encore ces dernières semaines, nous leur demandons beaucoup. Beaucoup ! Ne l’oublions jamais.
Malgré cet attentat, car c’est bien d’un attentat qu’il s’agit – même s’il n’y a pas eu à ce jour de revendication officielle –, les auteurs de cette motion de censure ont choisi de ne pas la retirer. Je ne souhaite pas engager de polémique sur le sujet.
Car, comme l’ont dit hier le Premier ministre et le président Mélenchon, nous ne devons rien céder aux terroristes. Nous ne devons surtout pas renoncer au débat contradictoire, qui fait l’âme de notre vie démocratique. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LaREM.
Quand un mouvement social éclate, quand une crise, qui couvait depuis longtemps, se cristallise, nous, députés de la nation, avons toutes et tous une responsabilité.
Elle est encore plus grande dans ces circonstances, où la frontière entre manifestations légitimes et violences inacceptables se fait de plus en plus poreuse.
Plus que jamais, toute parole engage et tout mot d’ordre oblige. Il y a huit jours, ici même, nous débattions de cette crise, à l’occasion de la déclaration solennelle du Premier ministre. Nous avons entendu, dans la bouche de certains signataires de la motion dont nous discutons aujourd’hui, des propos proprement stupéfiants. En appeler, par exemple, à – je cite – « l’insurrection citoyenne » quand on revêt l’écharpe tricolore et que l’on a aspiré à la plus haute fonction de la République, c’est irresponsable ! C’est même dangereux ! Aucun pseudo-romantisme politique, aucune nostalgie d’une jeunesse révolue et privée de ses rêves ne peut justifier de céder aux emportements oratoires et à la démagogie.
J’ai beau chercher, je ne vois aucune majorité alternative, aucune cohérence politique dans l’attelage contre-nature que forment les signataires de cette motion. Je n’y vois qu’une alliance de circonstance, qui renverse les perspectives historiques. Le parti socialiste de François Mitterrand, de Pierre Mauroy, de Michel Rocard ou de Jacques Delors avait conçu l’union de la gauche pour donner sa chance à la social-démocratie en France. Le parti socialiste des signataires de cette motion court après l’extrême gauche pour masquer ses divisions et tenter de faire entendre sa voix.
Qu’y a-t-il de commun entre ceux qui ont contribué à construire l’Europe et ceux qui rêvent de la détruire ?
Qu’y a-t-il de commun entre ceux qui ont inventé le CICE et ceux qui ne cessent de stigmatiser l’entreprise ?
Qu’y a-t-il de commun entre ceux qui ont tiré leur légitimité des urnes et ceux qui invitent la rue à prendre le pouvoir ?
Qu’y a-t-il de commun ? Rien, sinon une tentative d’user de cette motion de censure comme d’un rituel convenu pour faire oublier le terrible verdict que vous ont infligé les Français il y a dix-huit mois. Les Français, ne vous en déplaise, ne seront pas dupes !
J’en viens maintenant au fond de notre sujet.
 La crise des gilets jaunes représente, d’une certaine manière, une opportunité. Cela peut surprendre et je m’en explique. Nous l’avons souvent répété : cette crise couvait depuis longtemps. Elle est à la fois sociale, civique et territoriale. Elle est conduite par des femmes et des hommes qui nous disent : « Ne nous oubliez pas ! » ; sous-entendu : « Une fois de plus ! ».
C’est en ce sens-là que le mouvement des gilets jaunes constitue une opportunité pour notre pays et pour notre majorité. Il nous rappelle à l’ordre. Il nous rappelle notre raison d’être politique la transformation du pays et sa réconciliation avec lui-même et avec son avenir.
Le message a été reçu. Les parlementaires de La République en marche l’ont entendu  et sont déterminés à y répondre, unis derrière le chef de l’État et vous-même, monsieur le Premier ministre.
En politique, nous ne sommes pas des « professionnels de la profession », ce qui nous est souvent reproché. Mais c’est à nous qu’il revient de résoudre cette crise dont la responsabilité incombe, en très large partie, à ceux dont la politique est le métier depuis des lustres et qui, aujourd’hui, voudraient nous censurer !
Le Président de la République et le Gouvernement ont pris les décisions qui s’imposaient. Nous accélérons la mise en œuvre de notre politique, engagée depuis dix-huit mois. Le déploiement des mesures sociales, qui devait s’étaler sur plusieurs années, est notamment accéléré pour faire sentir son plein effet dès le mois de janvier prochain. Mais c’est la même politique ! Elle repose sur deux piliers : mieux rémunérer le travail et protéger les plus faibles.
Mes chers collègues, reconnaissez-le : jamais aucune majorité n’aura fait autant ni agi aussi vite ! (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LaREM
Cette majorité est la majorité du pouvoir d’achat.
Celui-ci a régressé pendant dix ans ; il aura augmenté de 1,7 % en 2018.
Les salariés payés au SMIC bénéficieront d’un treizième mois dès 2019, à raison de 100 euros net par mois. Les minima sociaux – notamment le minimum vieillesse et l’allocation aux adultes handicapés – ont été revalorisés.
Cette majorité est la majorité du travail qui paie.
Nous mettrons fin au scandale qui menace notre pacte social et républicain : celui des travailleurs pauvres. Que l’on puisse gagner sa vie sans que cela suffise à vivre bien n’est pas acceptable. Les heures supplémentaires seront défiscalisées et exemptées de cotisations sociales.
Une prime exceptionnelle sera accordée aux salariés par les entreprises qui peuvent partager les fruits de leur croissance.
Cette majorité est la majorité de l’emploi qui revient et de l’investissement qui redémarre.
Les recrutements en CDI augmentent quatre fois plus vite que les recrutements en CDD.
L’industrie embauche à nouveau ; les investisseurs étrangers reviennent.
Cette majorité est la majorité de la transition écologique et de la lutte contre le changement climatique.
L’augmentation de la taxe carbone a été annulée, mais l’accompagnement social de la transition énergétique demeure, afin d’aider les Français à remplacer leur véhicule polluant ou leur équipement de chauffage.
Cette majorité est la majorité de la justice fiscale. Nous avons voté une loi qui donne aux pouvoirs publics des moyens sans précédent pour lutter contre la fraude.
Nous allons taxer les GAFA, avec ou sans accord européen. Tous les dirigeants des entreprises françaises paieront leurs impôts en France !
Ne vous en déplaise, chers collègues de l’opposition, nous sommes la majorité qui a le plus fait pour transformer le pays. Nous avons fait plus en dix-huit mois que nos prédécesseurs en plusieurs décennies. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LaREM.
Nous le faisons parce que les Français nous ont donné un mandat à cette fin. Nous le faisons parce que le pays a placé à sa tête un homme qui porte le courage, la détermination et l’esprit de responsabilité comme vertus cardinales de son engagement politique.
Vous nous parlez de l’ISF, monsieur le président Chassaigne.
Plus exactement, comme les autres signataires de la motion de censure, vous sautez sur votre banc, tel le cabri cher au Général de Gaulle, en criant : « ISF ! ISF ! ISF ! » Avec tout le respect que je vous dois, permettez-moi de vous dire que le cabri risque de s’essouffler.
Au cours des presque quarante ans d’existence de cet impôt, sur ces bancs-ci, vous l’avez défendu. Pendant quarante ans, sur ces bancs-là, vous l’avez honni, sans jamais avoir le courage de le supprimer, sauf pour une courte période.
Au cours de ces quarante ans, notre pays a-t-il vu sa dette se réduire ? Non ! Celle-ci flirte désormais avec les 100 % du PIB.
Au cours de ces quarante ans, notre pays est-il sorti du chômage de masse ? Non ! Celui-ci n’a cessé de croître, mitant progressivement mais sûrement nos systèmes de protection sociale.
Nous taxons la rente et l’argent qui s’immobilise, mais nous réduisons l’impôt sur l’argent qui reste agile et peut trouver à s’investir dans l’économie réelle, la croissance et l’emploi. Nous nous y sommes engagés. Nous évaluerons les conséquences de cette réforme dès l’année prochaine et en tirerons toutes les conséquences.
Toutefois, le débat récurrent sur l’ISF masque une certaine conception du social. Sur ce sujet, c’est vrai, nous ne sommes vraiment pas d’accord. Nous autres, députés de La République en marche, sommes fiers de ce désaccord. Nous, nous pensons qu’il faut créer de la richesse pour pouvoir la redistribuer, et qu’il faut pour ce faire libérer le travail ainsi que la capacité à prendre des risques et à entreprendre.
Nous, nous pensons qu’il faut lutter contre les inégalités de destin, faire plus pour ceux qui ont le moins et favoriser un égal accès aux droits et aux services, afin de créer une société de l’émancipation. Celle-ci, en fin de compte, n’est autre que l’ascenseur social républicain, dont quarante ans de crise non résolue ont déglingué le moteur.
Nous, nous pensons qu’il faut davantage associer les citoyens aux décisions. C’est pourquoi nous lançons une grande consultation, comme le pays n’en a jamais connu. Elle permettra à tous – citoyens, avec ou sans gilet jaune, élus, corps intermédiaires – de donner leur avis et de faire part de leurs propositions ainsi que de leurs besoins, afin d’inventer la réduction de la triple fracture que nous dénonçons tous : fracture sociale, fracture civique et fracture territoriale.
Mes chers collègues, le Gouvernement a entendu, et le Président de la République a répondu. À nous tous, désormais, d’agir. C’est ce que nous faisons en prenant en compte la colère des Français.
Nous, députés de la majorité, sommes les garants de la mise en œuvre du projet qu’ils ont choisi. Nous prenons les mesures nécessaires afin de le rendre plus compréhensible et plus juste encore. Vous voulez censurer ; nous voulons construire.

- Patrick Mignola (président du groupe MoDem)
Comme tous ceux qui m’ont précédé à cette tribune, je commencerai par dire que nos têtes sont ici, mais que nos cœurs battent à Strasbourg. Nous  pensons à toutes les victimes, aux morts, aux blessés, à leurs proches, à leurs familles. Je voudrais aussi avoir une pensée pour les parlementaires élus dans ce beau territoire alsacien, et en particulier pour Sylvain Waserman, vice-président de l’Assemblée nationale, qui se trouve actuellement dans sa permanence parlementaire, dans le quartier de Neudorf, où interviennent en ce moment même les forces de l’ordre.
Au nom du groupe Mouvement démocrate et apparentés, je voudrais remercier tous ceux qui siègent dans cet hémicycle : nous pouvons être fiers d’appartenir à cette assemblée quand elle est unie dans une même émotion et dans une même détermination, fiers d’appartenir à cette assemblée de l’unité nationale contre le terrorisme, comme nous l’avons montré hier.
Nous nous retrouvons cet après-midi pour débattre d’une motion de censure déposée par trois groupes minoritaires. Nous aurions préféré, il est vrai, que vous vous entendissiez pour que ce débat se tienne il y a quelques jours, en début de semaine.
Mais la démocratie doit continuer de vivre, et plus encore dans les moments où elle est attaquée. Même si nous ne vous aiderons pas à la faire prospérer, je dirai qu’au fond cette motion est légitime, parce que nous traversons une crise sociale, devenue une crise politique. Et c’est bien ici, dans cet hémicycle, que doivent se dénouer les crises politiques.
La démocratie, c’est la démocratie représentative. Même si nous entendons ceux qui demandent plus de démocratie participative, l’une ne se substitue pas à l’autre. Les deux doivent avancer ensemble pour oxygéner la démocratie. Et c’est en renforçant la démocratie représentative que, comme nous y invite le Président de la République sur le vote blanc, nous pourrons demain ouvrir de nouvelles voies à la démocratie participative.
Il est légitime que, dans le cadre d’une motion de censure, les oppositions s’opposent au Gouvernement et que la majorité le soutienne. Il est surtout utile que de nos débats naissent des solutions. Nous sommes entrés dans le temps des solutions : le Président de la République a fait des propositions, et, au-delà, exposé une vision pour le pays.
Nous ne voterons donc pas cette motion. Au fond, ceux qui l’ont déposée veulent un nouveau Gouvernement quand nous, avec le Gouvernement, proposons plutôt une nouvelle société. Le Gouvernement nous invite, sous l’impulsion du Président de la République, à la construire, à signer un nouveau contrat social et civique.
Je voudrais d’abord parler d’efficacité. Notre Président de la République, à la différence de beaucoup de ses prédécesseurs, ne s’est pas arrêté à la première grave crise qu’il traverse. Auparavant, au premier obstacle, c’était « un pas en avant, deux pas en arrière » ; les quinquennats duraient dix-huit mois. Notre pays a beau être un grand pays, c’est peut-être pour cette raison même qu’il y a des gilets jaunes sur les ronds-points : même un grand pays, s’il n’est géré qu’à mi-temps ou peut-être même à tiers-temps, à tiers-quinquennat, ne peut pas s’en sortir.
Avec Emmanuel Macron, nous avons quelqu’un qui ne propose pas, à la première crise, de faire un pas en avant et deux pas en arrière, mais de faire un pas en avant et deux pas en avant !
Ce qu’il nous propose aujourd’hui, c’est d’accélérer les réformes, et les bénéfices sociaux des réformes que nous avons conduites depuis dix-huit mois aux côtés du Gouvernement. (Mêmes mouvements.) Il a raison : il n’y a pas de réforme sans justice ; et, parce que la France a besoin de beaucoup de réformes, elle a besoin de beaucoup de justice.
Au fond, depuis trente ans, notre pays est ballotté dans la mondialisation parce qu’il n’a pas su, qu’il n’a pas voulu, qu’il n’a pas été dirigé pour s’adapter à ce phénomène. S’en sont suivis le déclin industriel, les chocs de compétitivité, le chômage de masse, les déficits commerciaux et ce sentiment, ou plutôt cette réalité, d’un déclassement, pour le pays comme pour la population.
Ce déclassement est économique ; il touche le pouvoir d’achat : oui, les taxes ont augmenté deux fois plus vite que les salaires depuis dix ans. Il est aussi social, la première de nos inquiétudes étant que nos enfants vivent encore moins bien que nous. Il est enfin politique, car le dépit de soi entraîne la haine des autres et conduit à des comportements violents et à des votes extrêmes. Nous répondons à ce déclassement, et devons y répondre davantage encore, par l’accélération des réformes ; dans le débat national qui s’ouvre, nous devrons défendre un projet plus sociétal encore.
Quand le Président de la République et le Gouvernement proposent d’augmenter le SMIC de 100 euros, c’est juste. Au-delà, cette mesure ouvre un débat sur les salaires. L’année dernière, dès notre arrivée aux responsabilités, nous nous sommes consacrés aux plus fragiles, et nous pouvons être fiers d’avoir augmenté les petites retraites et l’allocation aux adultes handicapés, comme d’avoir amélioré l’école dans les quartiers difficiles.
Cette année, nous pouvons consacrer plus de moyens encore aux salariés modestes ; nous parlons aujourd’hui des salariés au SMIC, mais c’est une invitation à travailler sur une réforme sociale et salariale de plus grande ampleur, car nous pensons évidemment aussi à ceux qui gagnent 10 ou 15 % de plus que le SMIC, et à tous ceux qui, en faisant des études ou en suivant des formations tout au long de la vie, fournissent beaucoup d’efforts et déploient beaucoup d’énergie pour gravir les barreaux de l’échelle sociale. En prenant la décision d’ouvrir le débat sur le SMIC à la suite de la mesure proposée par le Président de la République, nous promettons aussi que le premier pilier du débat national sera la justice sociale et salariale.
Le Gouvernement nous invitera aussi à parler de la CSG payée par les retraités. Notre engagement, celui de toute la majorité, c’est de faire en sorte que le travail paye. Et si nous voulons que le travail paye mieux pour les Français qui travaillent, alors il est logique qu’il paye mieux aussi pour ceux qui ont travaillé, c’est-à-dire pour les retraités.
Cela doit aussi être une invitation à une vaste réforme fiscale. Le financement de notre protection sociale doit être plus équitablement réparti, sans peser sur les seules épaules des salariés. Nous devons réfléchir au barème de l’impôt sur le revenu, notamment pour les classes moyennes. La vie est en effet différente selon que l’on gagne, au sein d’un foyer fiscal, 35 000 ou 65 000 euros par an, et pourtant c’est le même taux qui s’applique dans les deux cas.
Le groupe La République en marche, que nous soutiendrons sur ce point, nous invite aussi à travailler sur la taxation des GAFA – Google, Apple, Facebook, Amazon –, sur la niche Copé ou sur la fiscalité des grandes entreprises.
. Nous pourrons surtout objectiver les termes de ce débat sur la fiscalité car, dans un pays où, depuis trop longtemps, on paye trop d’impôts, chacun a toujours le sentiment d’en payer plus que le voisin.
Il nous faudra travailler sur le reste à vivre, foyer par foyer, après avoir déduit les dépenses contraintes, pour déterminer l’effort contributif réel de chaque Française et chaque Français au financement de l’État, des forces de l’ordre, des hôpitaux et de l’école. Si nous pouvons objectiver ce débat, alors nous pourrons travailler ensemble, en ne regardant pas l’autre comme si c’était un privilégié.
Le grand débat national sera aussi le rendez-vous de la justice sociale. Mme Duby-Muller a évoqué avec raison la question du financement : il est fondamental que les mesures sociales ne soient pas financées par le déficit.
Dans son intervention, le Premier ministre nous a d’ailleurs rappelé cette responsabilité. Au cours du débat parlementaire que nous aurons à conduire dans les jours qui viennent, le groupe du Mouvement démocrate et apparentés, aux côtés du groupe La République en marche, fera aussi des propositions en ce sens.
Nous proposerons, par exemple, de reconduire le CICE plutôt que de le modifier, car cette mesure, qui ne pénaliserait pas les entreprises, serait salvatrice pour les finances publiques. Faire bénéficier les entreprises d’un crédit d’impôt ou d’une baisse de charges, c’est toujours soutenir l’emploi.
La mesure ne serait pas pénalisante, surtout pas pour les PME, qui
Elle serait salvatrice car la bascule pourrait s’effectuer après les réformes structurelles de l’assurance chômage, des retraites et de la réforme de l’État, que le Premier ministre a évoquées tout à l’heure. C’est effectivement à travers ces dernières que nous trouverons un équilibre durable des comptes publics.
Enfin, ce qui prouve que cette mesure serait salvatrice, c’est que le Gouvernement l’avait proposée pour remettre les finances à l’endroit.
En tant qu’il conduit à payer l’année d’après une charge décidée l’année d’avant, le CICE est le pire monstre budgétaire. Mais c’est précisément grâce à l’orthodoxie, au sérieux budgétaire dont nous avons fait preuve depuis dix-huit mois que nous pourrions être capables, sans creuser le déficit, de financer des mesures sociales. C’est de cela dont nous voulons débattre.
. Enfin, il a été question des gilets jaunes. Au nom du groupe du Mouvement démocrate et apparentés, mais aussi, je le crois, au nom des députés de tous les bancs, je voudrais d’abord leur faire part du respect qu’ils m’inspirent. Mais…
je voudrais aussi dire à certains, dans cet hémicycle, que respecter les gilets jaunes, ce n’est pas les inciter à défiler encore samedi ;…
que ce n’est pas les suivre en cherchant à faire croire qu’on les précède ; ce n’est pas feindre, puisque leur initiative les a dépassés, d’en être les organisateurs.
Si les gilets jaunes veulent une représentation politique, ils s’organiseront eux-mêmes, sans vous.
Parmi les trois groupes qui défendent cette motion de censure, l’un voudrait leur faire faire la révolution. Les deux autres voudraient ramener les gilets jaunes au quinquennat précédent, durant lequel ils soutenaient le Gouvernement. Leur proposer de refaire le match de l’élection présidentielle, c’est mépriser leurs revendications et même, au fond, la démocratie. Leur proposer un retour en arrière, ce n’est sûrement pas un projet d’espoir qui leur donnerait à nouveau goût à l’avenir.
Mes chers collègues, en réalité, cette motion de censure vise les responsables de la crise. Ce gouvernement, cette majorité en prennent leur part, mais tous les gouvernements précédents, toutes les majorités précédentes ont la leur.
Ce gouvernement et cette majorité prennent leurs responsabilités, proposent des solutions et tracent un chemin. Ils ne méritent pas la censure. En revanche, les gouvernements des majorités précédentes l’auraient méritée, eux, mais ils sont déjà tombés. Cette motion de censure, au mieux incongrue, est au pire un boomerang pour ceux qui l’ont déposée.
Travaillons donc ensemble pour refonder le pacte économique, le pacte fiscal, le pacte social et le pacte démocratique de notre pays, car c’est de notre ardeur et de notre unité dont la France a besoin. Nous allons continuer à travailler au service du pays.

- Jean-Christophe Lagarde (président de l’UDI)
Le groupe UDI-Agir et indépendants ne votera pas cette motion de censure, car nous la jugeons hors du temps et hors de propos. Nous ne la voterons pas car nous ne voyons pas quel avantage le peuple français tirerait à ce que le Gouvernement soit renversé au moment précis où s’ouvre enfin le grand débat fiscal, social et institutionnel que nous appelons de nos vœux depuis si longtemps. Il y a dix jours, alors que Paris était la proie des casseurs et des pilleurs, et que le Président de la République se murait dans un silence lointain, il n’aurait pas été inutile de provoquer ce débat et d’entendre le Premier ministre engager sa responsabilité devant notre assemblée.
Mais aujourd’hui, à quoi bon ? De nombreux événements ont eu lieu depuis, et je ne parle même pas de la dramatique attaque terroriste à Strasbourg, qui, selon nous, doit être déconnectée, tant sur la forme que sur le fond, de notre débat du jour, bien qu’elle occupe les esprits de chacun. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe FI.) Nous tenons à apporter notre entier soutien aux policiers, aux gendarmes et aux miliaires qui sont en train de traquer l’assaillant, aux médecins qui sont en train de secourir les victimes ainsi qu’aux familles qui pleurent leurs morts, nos morts.
Durant ces dix jours, disais-je, un débat s’est tenu ici même, débat un peu surréaliste au terme duquel, monsieur le Premier ministre, vous n’engagiez pas votre responsabilité mais vous demandiez un vote sans qu’une question ne nous soit posée ni que ce vote ait une quelconque conséquence. De surcroît, quelques heures plus tard, votre discours était balayé par l’entourage du chef de l’État. Vous annonciez, à juste titre, la suspension de la hausse des taxes sur les carburants au 1er janvier 2019 et nous vous disions déjà que ce ne serait pas suffisant.
Il a fallu ensuite l’intervention tardive du Président de la République qui, reprenant son rôle de chef de la nation, a, à son tour, présenté des mesures pour répondre à l’urgence. Cette réponse n’est pas parfaite, et l’augmentation du SMIC annoncée devrait susciter rapidement bien des désillusions. Mais cette réponse a le mérite d’être concrète, même si, plusieurs jours après, nous ne savons toujours pas combien elle coûtera ni qui paiera, ce qui, vous en conviendrez, est assez étonnant – il s’agit d’une innovation, peut-être même d’une curiosité.
L’exécutif affirme vouloir désormais entrer dans une phase de discussion, faisant en cela écho au Grenelle social, fiscal et écologique que nous appelions de nos vœux. Nous constatons également un changement de ton de la part du Gouvernement. Certains prennent toujours plaisir à souffler sur les braises, à alimenter le feu non maîtrisable de la légitime colère sociale, en oubliant que nous faisons partie d’une maison commune. Quant à nous, le discours que nous tenons depuis plus d’un mois est inchangé : faisons une pause et mettons-nous autour de la table.
Il ne sortira rien de bon du chaos démocratique dont nous avons senti les premières effluves ces dernières semaines. L’heure doit être à la responsabilité de chacun et celle-ci commande une trêve. Le Président la République a ouvert une porte. Par la révolte du peuple français, Jupiter est redescendu sur terre.
Nous devons saisir cette occasion pour tenter de lui faire comprendre ses erreurs et mettre à profit les prochains mois pour réparer et soigner ce qui doit l’être. Le Président de la République a déclaré : « Nous ne reprendrons pas le cours normal de nos vies, comme trop souvent par le passé dans des crises semblables, sans que rien n’ait été vraiment compris et sans que rien n’ait changé. » Nous le souhaitons vivement. Mais cette constatation s’adresse avant tout à lui et à votre majorité. Ce quinquennat va-t-il reprendre son cours normal, sans que vous n’ayez compris ni véritablement changé ? L’ouverture et le dialogue que vous revendiquez désormais relèvent-ils d’une posture, d’une attitude de circonstance ou d’une prise de conscience durable ? Vous qui prétendiez incarner un nouveau monde et promettiez de nouvelles pratiques politiques, allez-vous cesser de faire preuve de la même assurance et de la même surdité que toutes les majorités qui vous ont précédés ? Allez-vous comprendre que gagner une élection n’est pas une bénédiction qui accorde le don d’avoir toujours raison ?
Le Président de la République va-t-il enfin tenir compte du fait qu’il a été élu par une large majorité de Français qui n’avaient pas lu ou n’approuvaient pas son programme mais qui, tout simplement, ne voulaient pas entraîner notre pays dans l’aventure dramatique que constituait l’extrême-droite ? Puis, lors des élections législatives, nos concitoyens ont seulement souhaité lui donner les moyens de gouverner, tirant les conséquences de ce qui s’était passé lors de cette présidentielle inédite. Va-t-il en tirer les leçons et respecter enfin la promesse faite aux Français, devant la pyramide du Louvre, au soir de son élection : écouter ceux qui avaient voté pour lui au second tour mais ne l’avaient pas fait au premier ?
Notre attitude vis-à-vis de cette motion de censure, cette attitude responsable, ne peut masquer notre déception, partagée par des millions de Français, et parfois notre colère quant à la façon de faire de votre majorité au cours des dix-huit mois passés.
Depuis 2017, vous avez encore aggravé la tendance verticale, bonapartiste, inhérente à la Ve République, surtout depuis l’instauration du quinquennat : le Parlement ne sert est plus que de chambre d’enregistrement. Il est devenu une gigantesque imprimante pour les textes du Gouvernement, écrits ailleurs, au détriment d’un débat enrichissant, de la qualité de la loi et de son efficacité.
Pourtant, dans ce monde devenu plus complexe et allant beaucoup plus vite, nous aurions besoin d’une chambre qui écoute les citoyens, non d’une caisse de résonance du Gouvernement.
Nous vous suggérons d’associer les parlementaires aux réformes que vous entreprenez, nous vous exhortons à le faire ! Cela pourrait vous éviter bien des erreurs. Et je crois que c’est aussi une demande d’une large partie de votre majorité.
Ce que M. Macron dit avoir enfin compris concernant les maires vaut aussi pour les députés que nous sommes. Nous nous situons, nous aussi, en première ligne, et ce n’est hélas sans doute pas un hasard si certains collègues sont parfois attaqués ou menacés – je veux dire ici que nous leur apportons notre soutien total, inconditionnel et absolu.
Quel que soit notre groupe, ce que nous essayons d’apporter ici, c’est la traduction de ce que nous entendons dans nos circonscriptions, dans diverses manifestations et dans nos permanences. Tel fut le cas lorsque notre collègue Francis Vercamer vous expliquait, avant le mouvement des gilets jaunes, en plein débat sur le budget de la sécurité sociale, que notre pays était au bord de l’explosion sociale ; celle-ci s’est déclenchée quelque temps plus tard. Tel fut encore le cas hier après-midi, lorsque Sophie Auconie vous interrogea sur la colère montant dans le monde agricole, qui voit bien que les promesses faites lors du débat sur la loi EGALIM – pour l’équilibre dans le secteur agricole et alimentaire – ne sont pas tenues.
La fin du cumul des mandats n’a pas changé drastiquement les choses à cet égard : les élus locaux sont les vigies de la démocratie et le Parlement en est le détendeur, cet instrument de plongée sous-marine qui transforme un air irrespirable, soumis à une pression de 200 bars, en bouffée d’oxygène. Le Parlement a vocation à réguler la pression qu’il reçoit pour éviter qu’elle ne s’exerce bien trop fortement à la sortie… à condition qu’on l’écoute et qu’on ne le méprise pas. Il a un rôle d’alerte et de pédagogie. Cela vaut d’ailleurs pour tous les corps intermédiaires, qui ont été jusqu’à présent copieusement ignorés, parfois vilipendés et noyés dans une verticalité qui ne sert personne, certainement pas, en tout cas, le débat démocratique.
Permettez-moi, en tant que président de groupe, de me focaliser sur notre groupe. Nous pouvons dire, je le crois, que nous avons été témoins, aux premières loges, d’une erreur de méthode. En mai 2017, un Président de la République de quarante ans, connu des Français depuis à peine trois ans, a été élu à la suite d’un quinquennat désastreux…
et d’une élection à laquelle le Front national a réalisé un score historique. Sa promesse, votre promesse, était celle d’une nouvelle façon de faire, d’une nouvelle méthode, de la promotion du changement. Alors, tirant les leçons du message envoyé par nos concitoyens, nous avons accepté, nous aussi, de casser les codes et, bien qu’élus contre vous, nous avons renoncé aux vieilles postures d’opposition systématique et de tambouille politicienne.
Nous avons fait le pari de croire que la France allait entrer dans une nouvelle ère, celle de la réforme sans tabou et à l’écoute de tous, et que, ce faisant, elle allait rattraper son retard dans de nombreux domaines. Là où d’autres retournent le problème dans tous les sens pour trouver des raisons de s’opposer, nous votons les mesures qui vont dans le bon sens. Lorsqu’il nous semble, au contraire, que vous faites une erreur, nous vous le disons franchement et nous proposons d’autres solutions, avec les moyens dont nous disposons. Face à cette attitude constructive, l’état d’esprit de la majorité a rarement été celui de l’ouverture, parfois même vis-à-vis de ses alliés du MODEM.
Dès 2017, nous sommes montés au créneau contre la hausse de la CSG des retraités : nous vous avons indiqué quelle était la difficulté de vivre pour ceux qui perçoivent plus de 1 200 euros de retraite mais dont les revenus restent modestes.
Il a fallu cette crise, il a fallu ces violences pour que le Président de la République annule l’augmentation de la CSG pour les retraités qui perçoivent jusqu’à 2 000 euros. On aurait pu en faire l’économie. Il en fut de même lorsque nous avons voulu vous alerter sur les heures supplémentaires, que nous souhaitions mieux payées et non imposées, mais nous n’avons pas été écoutés. Nous avons proposé que les maires aient accès au fichier des personnes radicalisées habitant leur commune. Je veux remercier le nouveau ministre de l’intérieur d’avoir enfin entendu cette demande, mais un an après.
Nous avons dénoncé l’erreur que constituait la baisse des aides au logement ; votre majorité a fini par la reconnaître, mais elle n’est pas revenue sur sa décision.
La semaine dernière encore, nous avons souhaité améliorer la situation des personnes aidant un proche malade.
J’arrête ici la liste ; elle serait trop longue. Le but est non pas de vous faire partager notre profonde déception mais bien d’essayer de vous faire passer un message : le changement de méthode, monsieur le Premier ministre, présente un intérêt ; l’ouverture aux idées des autres est une vertu. Nos bonnes idées sont libres de droit. Nos critiques ne sont pas des attaques. Comme vous tous, nous voulons que notre mandat commun soit utile aux Français.
Mais, sans capacité d’écoute de la part de la majorité, tout cela est vain, et vous donnerez alors cyniquement raison à ceux qui choisissent la politique à l’ancienne, où tout est bon pour critiquer, même ce qu’ils proposaient hier. Peut-être est-ce bon pour le spectacle médiatique, mais c’est très mauvais pour la démocratie.
Vous pouvez en tirer un bénéfice momentané, mais vous renoncez alors, in fine, à une démocratie responsable et apaisée, faisant ainsi courir un risque démocratique à notre pays.
Puisque vous dites être ouvert au dialogue, nous vous demandons de refuser désormais de raisonner de façon binaire : il n’y a pas la majorité et l’opposition ; il n’y a pas les marcheurs et les autres ; il n’y a pas ceux qui ont tout compris et ceux qui n’auraient rien compris ;…
il n’y a pas la lumière d’un côté et l’obscurité de l’autre. Il y a un peuple de France, dont les représentants ont le devoir d’éclairer les choix, afin de maintenir sa cohésion. La tâche est suffisamment immense, et nous ne serons jamais trop nombreux pour nous y atteler !
Lorsque des décisions sont incomprises au point où nous voyons qu’elles le sont aujourd’hui, ce n’est pas simplement une question de pédagogie, comme certains d’entre vous l’ont dit, et comme je l’ai entendu dire par trois majorités successives ! C’est un problème de fond, qu’une majorité préfère ignorer.
Il est particulièrement regrettable qu’il ait fallu subir des violences graves pour prendre enfin conscience qu’il ne peut y avoir de bonne réforme et de réforme durable, au-delà du temps d’une majorité, sans dialogue. Les associations, les fédérations, les syndicats, les élus locaux doivent avoir accès à ceux qui les gouvernent, pour que les décisions finales soient les plus justes et les plus équilibrées possible. Pas plus que vos prédécesseurs, vous ne transformerez la France sans les Français et sans les corps intermédiaires.
Comme je l’ai dit la semaine dernière, nous vivons un moment charnière : il peut en ressortir le meilleur comme le pire. Nous n’espérons rien d’autre que la première option, ce qui détermine notre vote d’aujourd’hui ; d’autres n’attendent peut-être que la seconde. Si les prochains mois qui s’annoncent vous servent à repousser les problèmes sans les régler, si le pouvoir ne se remet pas véritablement en question, si vous ne servez que ceux qui vous ont élus, en ignorant les autres, si vous décevez à nouveau les espoirs qui subsistent, alors vous serez responsables d’un accident démocratique, que nous craignons tous désormais.
S’il s’agit, au contraire, de reconstruire une République partagée par tous, à travers un nouveau pacte national fondé sur une fiscalité équitable et supportable, sur une politique sociale qui prenne en compte toute la cordée et pas seulement les premiers, sur une ambition environnementale qui ne soit plus une punition mais une chance accessible et bénéfique à chaque Français, alors vous serez au rendez-vous de notre histoire.
S’il s’agit de bâtir un nouveau modèle territorial, où l’on ne prenne pas seulement en compte les métropoles mondialisées…
où vivent les plus fortunés de nos concitoyens, mais où l’on se serve de ces métropoles pour pousser la France en avant, tout en accompagnant nos banlieues, nos villes moyennes et nos campagnes, alors nous serons là pour vous y aider.
S’il s’agit de réduire les dettes financières – vous les avez évoquées et je souscris à ce passage de vos discours – pour qu’elles ne pèsent pas sur nos enfants, mais aussi les dettes écologiques que nous sommes en train d’accumuler sur leur tête, tout en rendant les services publics plus performants et accessibles, alors nous vous accompagnerons sur ce chemin.
Monsieur le Premier ministre, mesdames et messieurs de la majorité, nous sommes vos opposants. Malgré nos déceptions d’hier, nous restons fidèles à la même volonté de servir l’intérêt des Français et de vous faire entendre certaines de leurs attentes.
Si le changement de ton de ces derniers jours est une posture, vous allez droit dans un mur sur lequel notre pays se fracassera également. S’il préfigure un changement radical dans votre manière de gouverner, de travailler et d’associer ceux qui ne sont pas forcément d’accord avec vous sur tout, alors nous serons au rendez-vous. La suite du quinquennat en dépend. Un gouvernement condamné à l’impuissance signifierait un quinquennat pour rien, comme le précédent, avec toutes les aventures dangereuses vers lesquelles cela pourrait conduire notre peuple révolté.
Monsieur le Premier ministre, il est désormais clair pour nous que la majorité n’a pas pu transformer un monde ancien en un monde nouveau, mais nous vous invitons, ainsi que l’ensemble de nos collègues, à méditer cette phrase d’Albert Camus : « Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse. »


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