vendredi 3 octobre 2014

Une Semaine en Centrisme. Le temps des alliances du Centre n’est pas encore venu

Ne pas mettre la charrue avant les bœufs.
Voilà un dicton de bon sens, bien raisonnable mais que certains centristes et beaucoup de ceux qui souhaitent les rallier à leur cause tentent de contourner afin de ne pas laisser le temps au Centre de se mettre correctement en ordre de marche.
Car, mettre la charrue avant les bœufs, c’est de savoir, en l’occurrence, ce que l’on veut avant de savoir avec qui on va le mettre en œuvre.
En un mot, les centristes doivent d’abord élaborer un projet de société à proposer aux Français avant de savoir avec qui ils vont s’allier pour le réaliser.
Or, aujourd’hui, des pressions de toutes parts, essayent, par tous les moyens, que les centristes choisissent leurs alliances avant même d’avoir élaboré ce projet puis, sur sa base, un programme électoral.
Si l’existence du Centre se limite à savoir à qui il va donner ses voix, alors il n’a aucun intérêt à exister.
Quand monsieur Bayrou fait allégeance à monsieur Juppé, il oublie qu’il faut d’abord discuter du fond avant de se distribuer les postes.
Même chose pour monsieur Sauvadet avec monsieur Sarkozy.
Ainsi, ni le Mouvement démocrate, ni l’UDI n’ont un projet de société clairement établi à proposer aux Français et encore moins un programme électoral (il reste plus de deux ans et demi avant les prochaines présidentielles et législatives, il est vrai).
De même, ni Alain Juppé, ni Nicolas Sarkozy, malgré leurs récentes interventions, n’ont un projet structuré ou un programme détaillé, pour citer deux des hommes de droite qui ont commencé à faire une cour assidue aux centristes.
Mais on peut penser que si Manuel Valls concoure en 2017, il voudra également séduire les centristes.
Donc, disions-nous, pas de charrue avant les bœufs, pas de ce jeu politicien qui consiste à s’allier pour se distribuer des postes sans savoir exactement ce que l’on va faire au gouvernement.
Beaucoup dirons que la pratique actuelle tend de plus en plus à un projet politique flou, un programme électoral light et à des alliances politiciennes et qu’il faut en prendre son parti.
Ils ont tort.
Une des raisons de l’angoisse des Français face à l’avenir c’est que personne ne leur propose un vrai projet de société qui leur donne envie de se projeter dans le futur et de se retrousser les manches au présent.
En conséquence, ils se retournent, pour nombre d’entre eux, vers des partis populistes et extrémistes qui leur font miroiter un retour à un âge d’or qui n’a jamais existé en fait mais qui est tellement plus sécurisant.
Alors, avant de dire comme Bernadette Chirac qu’il faut choisir Nicolas Sarkozy parce qu’il est plus chaleureux qu’un Alain Juppé trop froid (!), essayons de faire de la politique avec un grand p comme projet de société.
Et c’est en confrontant les projets de société, en les rapprochant et en passant des alliances en rapport avec ce qu’ils proposent que l’on rétablira l’honneur de la politique.
Dans ce domaine, les centristes ont un rôle éminent à jouer en montrant la voie, eux qui ne sont pas empêtrés dans les clientélismes en tous genres.
Mais il s’agit également pour eux de clarifier réellement leur positionnement et non de se voir uniquement en «parti charnière» qui leur permettrait de monnayer – aujourd’hui principalement avec la Droite – leur ralliement contre des postes.
Depuis longtemps maintenant, des leaders centristes demandent l’élaboration de ce projet de société face à tous ceux qui expliquent qu’il ne faut pas trop se lier les mains par des documents trop contraignants et qui fort de cette logique font en sorte que plus personne ne sache qui est qui dans les partis démocratiques et républicains.
Le Centre doit avoir un projet, nous l’avons dit et répété ici. Et le plus vite sera le mieux.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC


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