vendredi 22 juin 2012

L’Humeur du Centriste. De la capacité de monsieur Borloo à diriger le Centre

Jean-Louis Borloo a cultivé depuis longtemps son image d’homme politique atypique.
Brillant et imaginatif, il a pu, ainsi, brouiller les cartes, à la fois, sur son passé d’avocat ayant fait fortune grâce aux entreprises en difficultés ainsi qu’en travaillant pour Bernard Tapie mais aussi sur son positionnement politique.
De droite, sans doute, mais de celle qui parvient à se gauchir et à se droitiser selon les circonstances.
Il put ainsi se faire élire à Valenciennes comme un homme de consensus avant de se rapprocher des centristes, d’être membre de l’UDF avant de tourner casaque vers un Parti radical composante de l’UMP et de servir deux présidents de droite, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, pratiquement sans interruption et avec peu d’états d’âme.
Quant à son positionnement au centre de l’échiquier politique, il en a pris récemment un coup lorsqu’il n’a trouvé rien à redire à toutes les mesures les plus à droite et les plus controversées de Nicolas Sarkozy.
Il faut dire qu’à l’époque, il espérait alors être nommé premier ministre…
Et c’est là que le problème Borloo se pose.
Si Sarkozy a décidé, in fine, de ne pas le nommer à Matignon, c’est, en partie, parce qu’il ne possède pas ce leadership naturel et qu’il semble même le fuir.
Les tristes épisodes d’une Arés (Alliance républicaine écologique et sociale) mort-née ainsi que de sa vraie-fausse candidature à l’élection présidentielle ne plaident pas en sa faveur pour sa capacité à réunir les centres et à refonder le Centre.
D’autant qu’il s’est toujours refusé à se définir comme un centriste.
Mais le réel challenge qui attend Jean-Louis Borloo sera de prendre ses responsabilités et de faire preuve de courage politique, deux comportements où il doit encore faire ses preuves.
Rappelons que s’il s’est piteusement retiré de la course à la présidentielle, c’est, selon ses propos, pour le seul motif qu’il n’avait aucune chance d’être élu.
Se présente-t-on pour défendre ses idées ou uniquement pour être élu?!
Et si on se présente parce que l’on a à défendre un point de vue, le courage politique demande qu’on le fasse quels que soient les vents contraires.
Sans oublier un dernier élément qui pourrait peser dans l’avenir, l’opportunisme peu élégant qui lui a permis de s’autoproclamer chef du Centre.
C’est sur l’implosion de François Bayrou (battu à la présidentielle, battu aux législatives, chef d’un parti rassemblant des membres aux positionnements politiques très différents et avec deux députés) ainsi que sur l’incohérence et la haine revancharde d’un Hervé Morin lâché par les siens, que Jean-Louis Borloo a joué habilement pour rassembler des députés désemparés dans son Union des démocrates et indépendants (UDI).
Ayant dit cela, les actes de l’ancien ministre seront ceux qui détermineront ses capacités et sa réelle volonté de faire vivre un Centre indépendant dans des alliances claires et non un Centre isolé à la François Bayrou ou un Centre inféodé à la Hervé Morin.
Mais, lorsqu’il a affirmé, dès la constitution de l’UDI, que celle-ci se trouvait, non seulement, dans l’opposition, mais à droite, il a embarqué le Centre dans la même barque que l’UMP.
Une erreur qui, en plus, n’était pas nécessaire, la présence dans l’opposition permettant une plus grande indépendance des partis centristes.

Le Centriste