vendredi 1 novembre 2019

Une Semaine en Centrisme. LaREM en crise?



Tout parti présidentiel connait des défections, des frondes et des découragements plus ou moins importants ou profonds, en particulier lorsqu’il possède la majorité absolue à l’Assemblée nationale.
De même, avec l’avancement de la législature, ses députés, notamment les novices, prennent de l’assurance et veulent surtout marquer leur présence et leur territoire en vue d’une possible réélection, parfois simplement pour exister et donner un sens à leur mandat qui est souvent bien moins exaltant que ce qu’ils pensaient.
Sans oublier, évidemment, ceux qui ont des ambitions personnelles et qui veulent se faire remarquer en vue de promotions diverses et variées.
Tout cela est normal, l’UDR et le PS ont vécu cette situation en leur temps de gloire passés et, actuellement, LaREM n’y déroge pas après deux ans et demi de pouvoir.
Mais quatre éléments viennent accentuer les problèmes que peut connaître LaREM: beaucoup de députés novices; nombre de députés venant d’horizons politiques parfois antagonistes (de gauche, de droite, du centre, de l’écologie politique, etc.) et professionnels variés; un positionnement «central» qui est interprété de manière différentes selon les élus (même si c’est du centrisme qu’il se rapproche le plus).
Mais aussi une implication en politique à partir d’un message qui pouvait être compris de diverses manières (pour régénérer la politique, contre cette même politique, pour une «révolution», titre du livre d’Emmanuel Macron, contre l’immobilisme et des réformes profondes, pour transformer la gauche ou la droite ou le centre, pour être «ailleurs», etc.)
Ici on touche à l’ADN politique même du parti du Président de la République avec, donc, des élus qui se sont investis en traduisant ce message un peu passe-partout ou en voulant seulement profiter de cet appel d’air formidable pour s’engager dans une structure assez lâche pour y introduire leurs propres visions politiques.
D’où ces couacs à répétition, ces départs, ces exclusions et ses mises au point qui ont été nombreuses et qui font la joie des opposants au Président de la République et qui permettent aux médias de parler de crise.
Mais il serait malhonnête de parler de crise ouverte alors même que, par le passé, des majorités se sont littéralement déchirées en cours de législature comme ce fut le cas en 1976 lorsque Jacques Chirac démissionna de son poste de Premier ministre de Valéry Giscard d’Estaing ou avec les «frondeurs» de François Hollande lors de la précédente présidence.
Néanmoins, il ne faut pas minimiser les problèmes que rencontre LaREM parce qu’ils sont également un symptôme du climat politique actuel.
D’autant qu’il est assez paradoxal de voir une partie de la population, répondant aux sirènes les plus populistes et démagogiques qui soient, s’en prendre à des personnes qui se sont investies en politique pour justement s’attaquer au mal-être qui s’accumulait depuis longtemps et qui faisait du monde politique le bouc émissaire de tous les problèmes.
Dès lors ces nouveaux élus (ou certains anciens qui retrouvaient le sens de leur engagement politique) ont été déstabilisés par cette haine à leur encontre même s’ils savaient que réformer un pays – qui plus est la France – ne serait pas une promenade de santé.
De ce point de vue, il est sans doute très difficile de savoir ce que feront de nombre de députés LaREM lors des prochaines législatives, s’ils se représenteront ou non, et si oui sous quelle étiquette.
En revanche, si Emmanuel Macron se représente, comme il semble le vouloir, il est évident que LaREM se ressoudera et fera corps derrière son chef de file comme ce fut le cas avec tous les leaders charismatiques.
Mais si défaite il y a, alors se posera la question de la survie d’une formation dont le ciment principal était son chef de file.
In fine, les tracas de tenir les troupes, c’est pour aujourd’hui, la crise sera peut-être pour demain.

Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC



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