mardi 10 juillet 2012

L’Humeur du Centriste. La chienlit centriste repartie pour un tour?

Selon ses groupies, il aurait réussi un coup de maître, l’ami Borloo. Sur le corps politique pas encore refroidi de Bayrou, il a pris à la hussarde les minces troupes centristes récentes pour les mettre dans un groupe politique à l’Assemblée nationale baptisé «Union des démocrates et des indépendants», un nom qui fleure bon la III° et, surtout, la IV° République, époque bénie, rappelons-le, pour le Parti radical dont il est le président.
Et ces mêmes groupies, avec à leur tête les félons du Nouveau Centre, les Lagarde, les Sauvadet et les Leroy, le pressent de créer le plus rapidement possible un parti de centre-droit.
Borloo qui avait affirmé qu’il allait être le nouveau leader d’une nouvelle UDF, comme Giscard à son époque, a pourtant fait quelques pas en arrière, comme lors de sa vraie-fausse candidature à l’élection présidentielle.
Cela n’étonnera que ceux qui ne le connaissent pas.
D’autant que s’il crée un nouveau parti ou une nouvelle confédération, il devra se coltiner son meilleur ennemi, le président du Nouveau centre, Hervé Morin, qui a donné récemment une interview surréaliste au quotidien 20 Minutes qui a refroidi les ardeurs du Borloo en question.
Ainsi, Morin expliquait qu’il fallait créer un nouveau parti avant de dire qu’il valait mieux créer une confédération mais qu’il ne fallait pas une structure trop lâche, donc qu’il fallait un nouveau parti mais que cela l’étonnerait que le Parti radical veuille se fondre dans un nouveau parti, précisant que le Nouveau centre ne le ferait pas, donc qu’il fallait une confédération.
Comprenne qui pourra…
Borloo aimerait bien marginaliser Morin mais celui-ci est encore à la tête d’un parti sensé avoir douze députés, près de la moitié des membres de l’UDI.
Difficile même avec le coup de main du meilleur ennemi de Morin, Lagarde, le président exécutif du Nouveau centre et porte-parole de l’UDI.
Et puis, Borloo a changé dix fois d’avis depuis la création de ce groupe parlementaire.
Veut-il être le leader des «modérés»? Veut-il être le leader du centre-droit? Veut-il être le leader de la Droite en pleine reconstruction? Veut-il être un opposant dur ou conciliant? Veut-il être candidat à la prochaine présidentielle?
Un sondage où seulement 5% des personnes interrogées le voit en meilleur opposant au gouvernement de gauche, en avant-dernière position juste devant Bayrou, a du refroidi les ardeurs de celui qui a toujours refusé la difficulté jusqu’à présent.
Du coup, plus personne ne sait ce que veut Borloo.
Les mauvaises langues disent que ce n’est pas une nouveauté…
Certains disent que c’est une maladie centriste, et l’on serait presque prêt à les croire.
Prenons, par exemple, Morin qui a publié un véritable pamphlet contre Sarkozy, se présentant à la présidentielle contre lui avant de jeter piteusement l’éponge et d’appeler, dans la foulée, à voter pour lui et à prétendre, in fine, que les valeurs défendues par les électeurs centristes et celles défendues par les électeurs du Front national étaient souvent assez proches.
Mais le meilleur représentant du «flip-flop» centriste est sans conteste depuis deux ans, Arthuis, le président du petit parti Alliance centriste qui vient d’appeler à la création «sans délai» d’un parti du centre-droit auquel il veut prendre toute sa place.
Souvenons-nous de ce brave sénateur était un membre du Mouvement démocrate avant de le quitter pour désaccord avec Bayrou, créant un parti du Centre, l’Alliance centriste qui se voulait le pont entre le centre vaguement à gauche du MoDem et le centre-droit du Nouveau centre (qu’il aurait du donc rejoindre, si l’on se fie à ses déclarations actuelles).
Ne parvenant pas à ses fins, il décide alors de créer une confédération des centres avec Morin avant de le laisser tomber dès le lendemain pour rejoindre l’équipe de campagne de Bayrou.
Complètement marginalisé lors de la présidentielle et ne pouvant faire adopter aucune des mesures qu’il préconise dans le projet du candidat du Mouvement démocrate (dont son obsessionnelle TVA sociale) il lâche en rase campagne son ami Bayrou dès le lendemain de son flop à la présidentielle, appelant à voter Sarkozy (alors que Bayrou n’avait encore rien dit de ses intentions).
Depuis, il tente de rejoindre de camp d’en face sans état d’âme.
Du beau travail à la Edgar Faure.
Ce qu’il y a de plus rigolo dans l’affaire du nouveau parti et de la nouvelle confédération… c’est qu’ils existent déjà!
Rappelons à tous ces leaders en mal d’existence politique pour les cinq ans à venir et dans l’espoir, en se rapprochant de la Droite, de pouvoir participer au festin avec elle si elle revient au pouvoir, qu’il existe un parti de centre-droit depuis cinq ans et qui s’appelle le Nouveau centre.
De même, il existe une confédération sensée regrouper les partis de centre-droit depuis 2011 et qu’elle s’appelle l’Arés (Alliance républicain écologique et sociale).
Soit nos leaders centristes sont devenus séniles et ont du mal à se rappeler de tout ce qu’ils font (c’est vrai qu’ils changent d’avis très souvent ces derniers temps), soit ils prennent les militants et les électeurs centristes pour des c…
Le nombre de leurs adhérents ainsi que celui de leurs voix aux dernières élections montrent qu’ils ont été bien entendus!
Pourtant, c’est bien là qu’est le chantier, rebâtir un Centre crédible aux yeux des Français.
Un petit mot sur Bayrou.
En 1998, lorsqu’il prend la direction de l’UDF, le parti compte plus de cent députés.
En 2012, Le Mouvement démocrate en a deux, dont un a déjà rejoint un groupe de centre-gauche.
Sans argent, son parti doit licencier 80% de ses salariés.
Quand ses amis lui ont glissé que ce serait une bonne idée de laisser la présidence du MoDem, il a refusé, passant juste l’intérim à sa fidèle Marielle de Sarnez, une des grandes responsables du fiasco actuel.
Imaginez si Martine Aubry ou Jean-François Coppée avait eu les mêmes résultats avec le PS et l’UMP.
Ils auraient été virés dans l’heure.
Mieux, ils n’auraient pas attendus ayant le courage et le bon sens de démissionner.
Mais dans un parti qui se fait appeler «démocrate», ça ne marche pas comme ça…
Dernier rappel, four finir à messieurs les leaders centristes: à la présidentielle et aux législatives, n’oubliez pas que vous pris une veste, une vraie, et que si la tendance actuelle, dont vous êtes responsables, se confirme, le Centre disparaîtra de la scène politique française pendant que vous continuerez à agir comme des irresponsables.

Le Centriste