dimanche 23 mai 2021

Vues du Centre. UDI, descente aux enfers?

Par Jean-François Borrou

Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.
Jean-François Borrou est le pseudonyme d’un journaliste proche des idées centristes.

Son président arrêté par la police pour port d’arme sur la voie publique dans un état second, un déficit de plus d’un million d’euro l’année dernière, 2,5% aux dernières européennes et entre 0% et 2% d’intentions de vote pour son potentiel candidat à la présidentielle qui vient de se décrédibiliser totalement avec cette affaire citée plus haut, une voix atone, l’UDI a-t-elle encore une chance d’exister après 2022 ou a-t-elle initié sa descente aux enfers de la disparition programmée?

Question récurrente, direz-vous et vous aurez raison.

Mais, au-delà d’une prédiction qui ne s’est jamais réalisée jusqu’à présent et qui sera «un jour» vraie, demain, dans cent ans, voire plus, comme pour la fin du monde, c’est surtout la récurrence du questionnement qui pose problème à la formation de centre-droit créée en 2012 par Jean-Louis Borloo.

Parce que l’ambition du départ était bien d’en faire la nouvelle UDF, c’est-à-dire le lieu imaginé en 1978 par Jean Lecanuet et Jean-Jacques Servan-Schreiber, avalisé par Valéry Giscard d’Estaing alors président de la république, où tous les centristes et tous les libéraux de droite, voire certains de gauche, se réuniraient dans un grand mouvement central.

L’UDF fut un succès, pas l’UDI qui, au lieu de faire concurrence au parti de droite conservatrice, l’UMP hier, LR aujourd’hui, n’a été qu’un de ses appendices étant incapable de vivre sans passer des alliances électorales avec celui-ci, la claque prise lors des dernières européennes où elle est allée seule au combat et a sombré sans aucun élu en étant la preuve ultime.

Quant à réunir les centristes, le fiasco est tout aussi incontestable.

Qui, en outre, se soucie aujourd’hui de la parole de l’UDI, quasiment absente des médias sans que cela n’interpelle quiconque?

Il faut dire que personne ne sait exactement quel est sa couleur politique: au centre, au centre-droit, à droite, à droite de la Droite?

Ses dirigeants d’ailleurs ne le savent pas non plus, eux qui zigzaguent constamment sur leurs positionnements, entre des tentatives d’affirmation d’une indépendance toute relative, d’une critique parfois extrême de la majorité présidentielle – centrale et centriste! –, d’un suivisme de LR et d’un simple électoralisme politicien.

Ce qui provoque des incohérences et des contradictions où, dans un grand n’importe quoi, n’en arrive à soutenir les plus radicaux membres de LR comme Laurent Wauquiez (dont l’UDI est l’alliée en Auvergne-Rhône-Alpes) et à être parmi le plus fervent supporteur de François Fillon lors de la présidentielle de 2017 tout en étant un adversaire déterminé d’Emmanuel Macron et de LaREM avec qui, pourtant, certains de ses membres se sont alliés, notamment lors des dernières municipales et qui se retrouveront sur des listes communes lors des régionales…

Au moment où les sondages montrent que les Français ne savent plus si LR est encore utile, coincé entre LaREM et le RN, Macron et Le Pen, la question ne se pose même pas pour l’UDI.

Parce que personne ne s’en soucie.

 

Jean-François Borrou

 

 

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