vendredi 22 novembre 2019

Vues du Centre. Oui, il faut une défense européenne forte et autonome


Par Aris de Hesselin

Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.
Aris de Hesselin est un avocat international, centriste et un européen, défenseur d’une mondialisation humaniste.

La présidence de Donald Trump, qu’on le veuille ou non, que l’on se mette des œillères ou non, nous a appris une chose: il est possible que les Etats-Unis sous le gouvernement d’un incapable fainéant, populiste et démagogue ne viennent pas au secours de l’Europe en cas d’agression.
Le systématisme qui présidait jusqu’alors est mort avec lui car même s’il est contenu dans le traité de l’Otan, on sait avec quel cynisme ce président américain s’assoit, non seulement, sur la loi mais sur les engagements de son pays, les Kurdes en savent quelque chose!
Et rien ne dit, qu’à l’avenir, un autre président du même acabit que Trump ne sera pas en charge des Etats-Unis (Trump, déjà, s’il est réélu en 2020).
C’est une révolution pour les Européens dans la façon dont ils envisagent leur défense.
Là où Trump n’a pas totalement faux, c’est que certains pays européens – dont les pays du nord mais aussi et surtout l’Allemagne et quelques autres – se reposent sur l’Otan et la puissance de l’armée américaine pour refuser de prendre leurs responsabilités en matière militaire, en particulier au niveau sonnant et trébuchant, en consacrant si peu de leur budget à leurs forces armées.
Leurs excuses sont qu’ils sont pacifistes (on voit ce que cela a donné pour la Belgique lors des deux conflits mondiaux de se dire neutre…) et qu’à l’ère nucléaire dépenser pour des tanks ou des porte-avions ne sert à rien.
Sans oublier, pour l’Allemagne le traumatisme de deux régimes militaires qui les ont entrainés dans la guerre, celui du kaiser Guillaume et celui de Hitler.
Mais ces excuses ne tiennent pas la route en ce troisième millénaire face à la réalité du monde et, surtout, sont avancées pour continuer à investir leur argent ailleurs de manière plus rentable.
Les «miracles» allemands et japonais de l’après-Deuxième guerre mondiale sont dus en grande partie à ce que ces deux perdants du conflit n’avaient pas à investir dans leur défense.
Ainsi, depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale, à part la France et à un moindre degré le Royaume Uni, les Européens bradent leur défense allègrement.
Jusqu’à présent, comme on l’a dit, ils comptaient sur leur oncle d’Amérique pour venir les sauver.
Mais cet automatisme n’est plus une certitude.
Dès lors, il n’est plus possible de tenir des discours lénifiants sur l’Otan et son parapluie.
De ce point de vue, Emmanuel Macron a eu raison de signifier par une phrase un peu provocatrice que l’Otan est en état de mort cérébral.
Mais, ce qu’oublient de dire tous ceux qui critiquent cette formule, c’est le reste de ses propos qui, eux, n’étaient pas dans la provocation mais dans la proposition, dans la responsabilité et la lucidité.
Car le but du président français est bien de construire enfin cette défense européenne qui nous assurera la sécurité mais aussi le statut de puissance qui permet, non pas d’imposer des diktats, mais de pouvoir défendre ses intérêts et ses valeurs avec toute l’efficacité nécessaire.
Cela ne signifie évidemment pas que l’Europe doit en finir avec son alliance avec les Etats-Unis.
Ce serait une erreur et une stupidité monstrueuse parce que la «défense du monde libre» quoi qu’en pense des irresponsables notoires est malheureusement toujours d’actualité.
Mais quand on voit le président américain actuel encensé à longueur de journée les régimes non-démocratiques ainsi que les autocrates et les dictateurs qui les dirigent, aucun responsable politique européen lucide ne peut se dire qu’il n’y a aucun problème et que tout peut continuer comme avant.
C’est impossible.
De même, face à la menace terroriste, qui est une guerre n’en déplaise à ceux qui veulent jouer avec les concepts, l’Europe a besoin de se défendre en pouvant intervenir sur des théâtres d’opération extérieurs avant que ladite menace ne touche notre sol.
Cette défense européenne souhaitée par Emmanuel Macron et d’autres (dont on rappelle que ce fut d’abord une idée française dans les années 1950… que les députés français torpillèrent ensuite!) fera évidemment partie d’une alliance avec les Etats-Unis et d’autres pays (mais pourquoi avec la Turquie, par exemple?).
Avoir une défense solide et performante, ce n’est pas être va-t-en-guerre, c’est, pour les démocraties, le meilleur moyen de protéger leur trésor: la liberté, l’égalité et la fraternité et toutes les valeurs humanistes que portent ces trois mots qu’ils valent bien qu’on les défende.

Aris de Hesselin



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