mercredi 27 février 2013

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Crise: essayons le pragmatisme du Centre


«C’est du bon sens de choisir une méthode et de l’expérimenter. Si elle échoue, admettons-le franchement et essayons-en une autre. Mais, plus que tout, essayons quelque chose». L’homme qui parlait de cette manière n’était pas ce que l’on peut appeler un homme politique indécis qui aurait manqué de leadership. Cet homme c’était Franklin Delano Roosevelt, le trente-deuxième président des Etats-Unis qui confronté à la prise crise économique et à au pire conflit mondial, gagna la Seconde guerre mondiale et remis l’économie de son pays sur les bons rails après la Grande dépression des années 1930.

Car, quand on se trouve devant des situations complexes et dangereuses, l’important est de ne pas demeurer les bras croisés, il faut agir.

De même, il est tout aussi essentiel de ne pas adopter des positions trop dogmatistes et idéologiques mais être ouverts à tout ce qui peut marcher.

Plus que tout, c’est en effet le résultat qui compte, des solutions qui vont permettre de sortir des difficultés.

Les centristes, attentifs au réel et rétifs à l’idéologie bornée, ont toujours été des pragmatistes. Grâce à leur vision d’une société équilibrée, ils ne rechignent pas à s’adapter aux situations pour en prendre la mesure et appliquer les mesures nécessaires d’où qu’elles viennent pourvu qu’elles n’entrent pas en contradiction avec leurs valeurs.

Aujourd’hui, dans la plupart des pays touchés par la crise économique et financière déclenchée en 2007, on tente de trouver une formule miracle (qui, bien entendu, n’existe pas) qui permettrait d’appliquer la rigueur sans l’austérité, qui allierait réduction des déficits publics et relance économique, qui aboutirait à assainir les finances des Etats tout en retrouvant une croissance qui, en plus, serait soutenable.

On voit bien que, par bien des aspects, cette aspiration est une sorte de quadrature du cercle! Cela permet à certains de prôner avant tout un soutien à la croissance sans se préoccuper plus que cela des déficits qui seraient comblés mécaniquement par les nouvelles recettes fiscales d’un redémarrage économique pendant que d’autres crient au loup et veulent avant tout combler ces abyssaux déficits avant toute idée de relance qui, selon eux, les creuserait un peu plus.

Par leur ADN largement constitué de gênes de la responsabilité, les centristes sont souvent associés à cette deuxième catégorie. Cela fait longtemps qu’ils font des déclarations sur l’urgence de ne plus dépenser l’argent que l’on n’a pas.

Une partie d’entre eux ont même bâtie leur image sur cette volonté de rigueur sans faille qui conduirait, pour leurs détracteurs, à l’austérité.

Mais on trouve aussi chez les centristes ces gêne du pragmatisme ce qui fait qu’ils sont bien conscients que l’on ne peut pas uniquement assécher la machine économique au risque de la précipiter dans une spirale infernale où les baisses de dépenses engendreraient une récession de longue durée qui, elle –même, aboutirait à des recettes fiscales moindres et ainsi de suite.

Aux Etats-Unis, Barack Obama propose donc de jouer sur les deux tableaux: des réductions de déficit partout où l’on peut rogner sur la dépense, une augmentation de la fiscalité (il faut dire très basse en Amérique) et un soutien à l’activité économique uniquement quand celle-ci en a besoin ou pour initier une activité prometteuse.

Une solution où devrait se mettre en place un certain équilibre mais où les mesures ne seraient pas figées, Obama étant ouvert à toute proposition qui irait dans le bon sens, d’où qu’elle vienne.

Cette méthode centriste et pragmatiste est évidemment critiquée à gauche où l’on y voit une trop grande modération et à droite où l’on y voit un trop grand laxisme.

Pourtant, aucun critique n’est capable de présenter autre chose qui donne des résultats.

En Europe, où l’essentiel était de réduire l’endettement des membres de l’Union européenne, on voit que cette politique d’austérité ne marche pas ou peu, surtout qu’elle n’est pas soutenable politiquement ainsi que socialement (et, par beaucoup d’aspects, économiquement). Du coup, l’Allemagne arcboutée sur son dogme de finances publiques à l’équilibre, est désormais bien seule devant les situations de plus en plus graves de ses partenaires.

Dès lors, deux évidences doivent guider toute politique.

La première est qu’il faut engager une réduction des dépenses publiques dès maintenant (pour rassurer les investisseurs) mais les étaler sur le long terme (pour laisser des marges de manœuvre indispensables). Il n’est plus possible que l’Etat soit aussi dépensier dans l’avenir mais il faut y parvenir sans faire imploser le système.

La deuxième est qu’il faut dégager des moyens pour faire de la relance même si cela va au détriment, dans un premier temps, de l’emploi ou d’avantages sociaux.

Ces deux évidences ne sont pas conjoncturelles. Elles sont structurelles. Ce qui signifie qu’elles doivent toujours guider l’action gouvernementale, que l’on soit en période de croissance ou non. C’est pour l’avoir oublié que l’on se trouve dans la situation dans laquelle nous sommes actuellement.

Mais, à part ces deux évidences, au jour d’aujourd’hui, personne ne détient la vérité pour donner la bonne impulsion afin de faire repartir la croissance sur le long terme tout en étant capable de contenir les dépenses et gérer correctement tous les problèmes que posent le développement économique de la planète, tant au niveau social qu’environnemental ou sociétal.

C’est pourquoi l’on doit être prêt à cette ouverture d’esprit où l’on doit essayer et ressayer, même au risque de se tromper, pour trouver ce qui marche.

Pour cela, il faut des hommes et des femmes ouverts d’esprit et prêts à la réforme et au changement. Des hommes et des femmes qui préfèrent l’action sans se préoccuper des idéologies.

Il est assez amusant mais aussi déprimant de voir hier la Gauche critiquer ce que faisait la Droite et aujourd’hui le faire sous les critiques de la Droite… L’électoralisme à tout crin est irresponsable et un lourd handicap pour le pays.

In fine, ce qui est important, c’est ce qui fait avancer l’humanité. Et, en l’espèce, comme le disait Saint-Thomas d’Acquin, «ne regarde pas à celui qui parle, mais tout ce que tu entends de bon, confie-le à ta mémoire». Un vrai conseil de centriste…