lundi 6 novembre 2023

Propos centristes. France – 40 Français assassinés par le Hamas / Sécurité sans les écoles / Budget de l’Education / Protéger les Français juifs / Transition écologique / Loi immigration / Ne pas oublier l’Ukraine / Economie sociale et solidaire…

Voici une sélection, ce 6 novembre 2023, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France.

Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement, certains membres ne sont pas centristes; nous retranscrivons cependant leurs propos en rapport avec leur fonction parce qu’ils font partie selon nos critères d’une équipe qui suit une politique globalement centriste]

Elisabeth Borne (Première ministre)
> On ne peut pas confondre le peuple palestinien et le groupe terroriste qu'est le Hamas: la France demande des trêves humanitaires, et on espère ensuite une solution politique.

> Le bilan ce matin est de 40 morts français et 8 disparus" suite à l'attaque du Hamas, "parmi lesquels des otages.

> À tous nos concitoyens de confession juive : je mesure pleinement votre angoisse face à la résurgence des actes antisémites. Le Gouvernement met tout en place pour vous protéger. Nous ne laisserons rien passer. L’antisémitisme n’a pas sa place dans la République.

> Ce que je dis aux juifs français, c'est que je mesure pleinement leur angoisse face à cette recrudescence d'actes antisémites.

> Je ne suis pas favorable à une suppression de l'AME [Aide médicale d’Etat]. Je pense qu'il faut absolument, dans notre pays, maintenir un système pour soigner les personnes qui en ont besoin.

> [Article 3 de la loi immigration] Il s'agit de permettre à des personnes qui sont sur notre territoire depuis des années, bien intégrées, de pouvoir être régularisées. L'intention n'est pas de faire des appels d'air.

> Le gouvernement est totalement mobilisé pour assurer la sécurité sur l'ensemble du territoire, et notamment autour des écoles

> [Sécurité des écoles] Moi ce que je cherche, c'est des mesures efficaces, comme des boutons d'appel qui préviennent immédiatement le commissariat ; ça existe dans certains établissements, ça peut être généralisé.

> [Usage du 49.3] En dehors des textes financiers, je souhaite qu'on trouve des majorités.

> [Éric Dupond-Moretti devant la Cour de justice de la République] Mon souhait a toujours été qu'il puisse assurer sa défense et qu'on s'organise pour que le ministère de la Justice puisse tourner . Il a droit à la présomption d'innocence.

> [Assassinat de Dominique Bernard] Un peu plus de 180 élèves n'ont pas respecté la minute de silence après l'assassinat de Dominique Bernard et font l'objet d'une exclusion à titre conservatoire.

> Il est 11h25 : en France, les femmes travaillent désormais gratuitement jusqu’à la fin de l’année. Mixité des métiers, orientation professionnelle, accès aux postes à responsabilité, égalité salariale : nous devons agir sur tous les leviers. J’y veillerai.

 

Gérald Darmanin (ministre de l’Intérieur et des Outre-mer)
> [Loi immigration] Le projet de loi que je présente demain au Sénat est essentiel. Une loi de fermeté contre les étrangers délinquants. Une loi de fermeté contre l’immigration irrégulière. Une loi de fermeté contre les criminels que sont les passeurs.

> Notre détermination à protéger nos concitoyens de confession juive et à lutter contre l’antisémitisme est totale. J’ai donné des instructions de très grande fermeté en ce sens. Depuis le 7 octobre, 1040 faits antisémites ont été signalés. 486 interpellations.

> À Alger, réunion de travail avec mon homologue Algérien Brahim Merad pour travailler ensemble contre la criminalité organisée, la drogue, les migrations et la sécurité civile

> La semaine dernière, à la suite des instructions de grande fermeté données, 101 étrangers dangereux, délinquants et/ou radicalisés ont été renvoyés du territoire national. Encore 8 l’ont été aujourd’hui dimanche. Les détails de leur profil seront donnés demain matin.

 

Catherine Colonna (ministre de l’Europe et des Affaires étrangères)
> [Proche-Orient]  La protection de nos compatriotes est notre première priorité. Nous y travaillons. J'ai rappelé la demande de la France de la libération de nos otages et de tous les otages, sans condition.

> [Gaza] Une trêve humanitaire, immédiate, durable et soutenue est absolument nécessaire et doit pouvoir mener à un cessez-le-feu.

 

Sébastien Lecornu (ministre des Armées)
> Je suis venu porter 3 messages au Liban et honorer ainsi les liens d’amitié qui nous lient au peuple libanais. La France ne ménage aucun effort pour la stabilité du Liban et soutient les Forces armées libanaises, acteur central de la sécurité du Liban.
Je ne peux me rendre au Liban sans penser aux 126 militaires français morts pour la France au Liban depuis 1978. Des générations entières de militaires sont partis accompagner et appuyer les forces armées libanaises dans le Sud du pays. Je leur ai rendu hommage.
La France reste fidèle à son histoire et à son engagement pour la paix au Proche-Orient.

 

Gabriel Attal (ministre de l'Education nationale et de la Jeunesse)
> La sécurité des établissements scolaires est une priorité absolue. Réunion de travail ce matin en visioconférence avec l’ensemble des associations d’élus locaux afin de poursuivre notre mobilisation collective pour la sécurité de nos élèves et de nos personnels.

> [Intervention à l’Assemblée à propos du budget de l’Education]
Comme plusieurs d’entre vous l’ont fait, je veux entamer le débat sur le budget de l’éducation nationale en ayant une pensée pour Dominique Bernard, professeur de lettres, assassiné par un terroriste islamiste il y a trois semaines, jour pour jour. J’ai aussi, évidemment, une pensée pour ses proches, ainsi que pour les autres personnels blessés lors de cette attaque. L’école reste ébranlée par ce drame abject, terrible, effroyable, trois ans après l’assassinat de Samuel Paty. Je sais le deuil que portent, actuellement et pour longtemps encore, la communauté enseignante et la communauté éducative tout entière.
La rentrée se profile: elle aura lieu lundi. Professeurs, élèves et parents reprendront le chemin de l’école. Nous pouvons, tous ensemble, leur dire le soutien et la reconnaissance de la nation, ainsi que notre détermination à agir résolument pour notre école.
Les Français attendent beaucoup de leur école et ils ont raison. C’est à elle qu’incombe la promesse républicaine de faire des citoyens libres, égaux et accomplis. Notre devoir est de garantir à chaque élève une scolarité sereine. Notre devoir – je le crois très profondément – est de bâtir une école qui émancipe et rend heureux.
Notre devoir est aussi – et peut-être surtout – d’élever le niveau de notre école. Pour cela, nous avons besoin de plus de moyens, tant humains que financiers et pédagogiques. Ils sont au cœur de la feuille de route que j’ai présentée en juillet dernier lors de ma prise de fonction.
Le budget pour 2024 est le carburant qui rendra possible l’ambition qui est la mienne : élever le niveau de notre école. Soulignons-le, depuis 2017, l’éducation est redevenue la priorité absolue – y compris en matière budgétaire – du Gouvernement, après des années de sous-investissement. Comme Robin Reda l’a rappelé, le budget du ministère de l’éducation nationale et de la jeunesse s’élèvera en 2024 à 63,4 milliards d’euros, soit 15 milliards de plus qu’en 2017. Le budget de l’éducation nationale a donc connu une hausse spectaculaire de 30 % depuis 2017, alors que, du fait de la démographie, dans le même temps, elle a perdu 300 000 élèves. Lors des quinquennats précédents, jamais nous n’avons connu une telle augmentation. C’est un choix historique. Nous sommes très loin du désarmement budgétaire, même si nous pouvons débattre de l’ampleur de l’investissement sur telle ou telle mesure. Nous aurons l’occasion d’échanger sur les différentes questions que vous avez évoquées.

Au contraire, nous réarmons le ministère après, comme plusieurs orateurs l’ont dit, des années, si ce n’est des décennies, de sous-investissement. Ce budget vient d’abord soutenir les femmes et les hommes qui font vivre l’école républicaine au quotidien. C’est un message fort envoyé à tous les professeurs, qui exprime notre considération, notre reconnaissance, notre gratitude envers ceux qui forment les citoyens de demain, qui transmettent les valeurs républicaines et qui construisent l’avenir de notre pays.
Nous avons donc défendu des revalorisations inédites
et surtout inconditionnelles : de 125 à 250 euros net de plus par mois par rapport à la rentrée 2022. Comme cela avait été annoncé lors de la campagne présidentielle, tous les professeurs commenceront désormais leur carrière avec une rémunération de 2 000 euros nets mensuels.
À leur titularisation, elle s’élèvera à 2 100 euros dans le public et même à 2 466 euros dans le réseau d’éducation prioritaire renforcé (REP+). Je ne doute pas que la représentation nationale saura mesurer la portée de cet effort inédit pour notre école et pour la nation tout entière.
Pour élever le niveau, nos élèves doivent être davantage et mieux accompagnés. Pour cela, il faut réduire la taille des classes et dégager des moyens humains pour les renforcer là où c’est nécessaire. C’est pourquoi, dans le prolongement des dédoublements déjà réalisés, nous poursuivons avec détermination la politique de réduction de la taille des classes, notamment pour les élèves les plus défavorisés. En effet, quand les classes sont moins chargées, l’encadrement est meilleur, les professeurs peuvent consacrer plus de temps à chaque enfant, et in fine les élèves apprennent mieux.
Dès la rentrée 2024, le dédoublement des classes de grande section de maternelle, de CP et de CE1 sera achevé dans les réseaux d’éducation prioritaire, au bénéfice de 500 000 élèves. Pour cela, nous avons réalisé un effort colossal en créant 11 000 postes de professeur des écoles.

Ces différentes mesures ont commencé à produire des résultats, notamment dans les territoires ultramarins, dans lesquels il était nécessaire de réaliser un investissement important.
Ce projet de loi de finances (PLF) prévoit également les crédits pour créer soixante très petites sections supplémentaires, accueillant les enfants dès 2 ans dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville. Cette mesure avait été recommandée par Agnès Carel, dans son rapport d’information sur l’éducation prioritaire. Madame la députée, je suis très ouvert pour continuer à avancer avec vous sur les autres propositions de votre rapport au bénéfice des élèves relevant de l’éducation prioritaire.
Vous l’avez compris, notre objectif est clair : nous ne lésinons pas sur les moyens pour rendre notre école plus forte et plus performante, pour élever le niveau de nos élèves. Cependant ma conviction est qu’une école qui réussit est aussi une école qui rend heureux.
Le périscolaire a une place essentielle pour atteindre cette ambition. C’est pourquoi nous avons fait le choix, contrairement à ce qui avait été envisagé, de maintenir le fonds de soutien au développement des activités périscolaires. Cette décision était attendue par nombre d’entre vous et par beaucoup de collectivités : nous avons écouté et entendu les demandes, puis nous avons donc décidé de maintenir ce fonds pour l’année 2024.
Une école qui rend heureux, c’est aussi une école qui garantit un climat serein et respectueux de tous. Lundi s’ouvre une semaine majeure pour les élèves et pour l’école : la semaine de lutte contre le harcèlement scolaire, dont le point d’orgue sera jeudi 9 novembre, jour national de lutte contre le harcèlement scolaire. Vous le savez, c’est ma grande cause, dans mon action de ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse. Je remercie les rapporteurs pour avis de la commission des affaires culturelles et de l’éducation
.
Nous avons engagé des actions fortes, qui changent les choses sur le terrain, notamment avec le programme Phare, déployé à partir de cette année dans les lycées. Toutefois, nous devons évidemment aller plus loin. J’ai annoncé l’objectif que je me suis fixé, notamment après ce que nous avons vécu. Nombre de nos concitoyens se sont indignés à juste titre devant les courriers adressés par le rectorat de Versailles à plusieurs familles. Pour lutter contre harcèlement scolaire, nous avons besoin de remettre de l’humain à tous les étages. Nous aurons l’occasion, lors de la discussion des amendements, de revenir sur ce sujet et sur les moyens nécessaires pour atteindre cet objectif.
Favoriser la réussite de tous les élèves, c’est aussi poursuivre notre engagement en faveur de l’école inclusive. C’est pourquoi les moyens humains consacrés à cet objectif ont été considérablement renforcés : nous avons augmenté le nombre d’accompagnants d’élèves en situation de handicap. L’effectif total d’AESH s’élève aujourd’hui à 130 000 personnes. Entre 2017 et 2023, il a progressé de 55 %, soit une croissance plus rapide que celle du nombre d’élèves en situation de handicap accueillis en milieu ordinaire, qui a augmenté sur la même période de 49 %. En cette rentrée, ce sont donc plus de 475 000 élèves en situation de handicap qui sont accueillis en milieu ordinaire. Nous poursuivons sur cette lancée en recrutant 4 800 AESH l’an prochain : à la fin de l’année 2024, 15 000 AESH de plus qu’en 2022 accompagneront nos enfants pour les aider à gagner en autonomie dans leurs apprentissages. Nous construisons depuis 2017 un véritable service public de l’inclusion à l’école.

En quelques années, les AESH sont devenus, par leur nombre, le deuxième métier de l’éducation nationale. Parce que nous reconnaissons leur rôle dans le service public de l’école inclusive, nous avons revalorisé leurs salaires : en cette rentrée, un AESH débutant reçoit 90 euros net de plus par mois, un AESH avec cinq ans d’ancienneté reçoit 100 euros net de plus par mois. Entre août 2021 et janvier 2024, la rémunération des AESH aura progressé de 26 % en moyenne. Et cet automne, tous les AESH recevront une prime exceptionnelle de pouvoir d’achat pour faire face à l’inflation, qui s’élèvera en moyenne à 500 euros. Je remercie Mme Béatrice Descamps, que je sais très attachée à ces questions de l’école inclusive et au statut des AESH en particulier, d’avoir souligné les efforts consentis. Nous continuerons à avancer. Les amendements nous permettront de revenir sur ce sujet. Après le saut quantitatif accompli, nous devons aux élèves, à leurs familles et aux enseignants, un saut qualitatif dans l’accueil des élèves en situation de handicap.
Mesdames et messieurs les députés, la réussite d’un élève est encore beaucoup trop fortement corrélée à son origine sociale et à celle de ses parents. La lutte contre les inégalités est au cœur de ma feuille de route. Je suis convaincu que la pédagogie peut vaincre la sociologie. Le rôle de l’école est de contredire les destins écrits d’avance pour permettre aux élèves de construire leur propre chemin. Elle doit donc donner plus à ceux qui ont besoin de davantage. C’est l’honneur de l’éducation nationale. Je sais que, sur ce point, un consensus est possible.
C’est pourquoi les priorités de l’agenda de ce jour incluent aussi tous les moyens pour lutter contre les inégalités de destin. Actuellement, 1,5 million de collégiens et lycéens reçoivent une bourse sur critères sociaux.
non seulement nous ne baissons pas les bourses, mais nous les avons revalorisées de 6 % ces dernières années. Dès la rentrée 2024, leur versement sera automatique pour lutter contre non-recours, car encore trop de familles ne demandent pas les bourses faute de savoir qu’elles y ont accès. Ce changement de logique est indispensable pour lutter contre les inégalités de destin.
J’en suis convaincu : nous devons continuer à agir pour l’émancipation de nos élèves : c’est notamment le cas avec le pass culture, qui est étendu aux élèves de sixième et de cinquième grâce à ce budget. Ce sont des moyens en plus pour l’accès à la culture des élèves.
Nous aurons également l’occasion de revenir sur la réforme du lycée professionnel, qui est pour moi une grande priorité..
Nous poursuivons la transition écologique, en réalisant une rénovation inédite des écoles.
Voilà, mesdames et messieurs les députés, les priorités éducatives que financera ce projet de loi de finances pour 2024 : élever le niveau, bâtir une école qui émancipe et qui rend heureux.
Ces objectifs doivent tous nous rassembler : nous le devons aux familles, aux élèves et à la nation.
De nombreuses causes sont source de division ; d’autres ne supportent pas la division. L’école en fait partie. Alors, mesdames et messieurs les députés, débattons, argumentons, mais restons unis pour notre école.

> L’école rurale est une très grande priorité pour nous. Surtout – il est important de le rappeler –, c’est une école où les élèves réussissent. Pour ces écoles, nous devons évidemment adapter et renforcer certaines politiques, notamment en ce qui concerne l’orientation, la découverte des métiers et l’élargissement du champ des possibles. Dans cette perspective, nous pouvons encore beaucoup progresser : il y a encore trop d’autocensure, comme on l’observe aussi dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville. Cependant, la découverte des métiers et le début de l’orientation que nous engageons au collège doivent nous permettre d’élargir le champ des possibles.
Il est difficile d’énumérer en deux minutes toutes les mesures prévues dans ce texte qui bénéficieront aux territoires ruraux. Je m’arrêterai sur une mesure : le renforcement très important – c’est plus qu’un doublement – des territoires éducatifs ruraux que vous avez évoqués. Ils permettent une alliance très forte autour des élèves et des jeunes, comparable à ce que nous réussissons à accomplir dans le cadre des cités éducatives.
Nous allons continuer à renforcer massivement ces dispositifs : alors qu’il n’en existait que 64 en janvier 2021, déployés dans dix académies différentes, nous en créerons 121 supplémentaires, portant leur total à 185. Concrètement, les TER sont soutenus par des moyens supplémentaires visant à renforcer le continuum éducatif entre l’école, les associations, le périscolaire et les collectivités locales, au bénéfice des élèves.
Deuxième mesure qui me tient à cœur : la labellisation de 3 000 nouvelles places en internat d’excellence, qui s’ajouteront aux 8 000 places existantes, représente autant de nouveaux leviers pour accompagner les enjeux de formation et de mobilité liées aux particularités de la ruralité.
Enfin, nous offrirons une visibilité à trois ans sur la carte scolaire – une mesure que je sais très attendue par les élus locaux et les parlementaires.

 

Christophe Béchu (ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires)
> [«Tour de France de l’écologie» de Christophe Béchu] Ce qui me frappe, c’est qu’au bout de deux heures et demie de réunion, les gens avaient encore des questions. Ils ont besoin de parler d’écologie car ils sont confrontés de façon très concrète à l’intensification du dérèglement climatique. J’ajoute que cela permet de mesurer la complexité du sujet. À Pouilly-en-Auxois, en Bourgogne, un patron de station de lavage me reproche de « l’empêcher de travailler avec les arrêtés sécheresse. » Son voisin agriculteur m’encourage à accélérer sur les énergies renouvelables. Quelques jours plus tôt, j’étais confronté à des défenseurs du patrimoine en Touraine hostiles aux éoliennes à proximité du château d’Amboise.
Redoubler d’explications pour éviter que ce sujet soit phagocyté par les extrêmes. Si je simplifie, vous avez aujourd’hui des « climato-sectaristes », je parle de LFI, d’Europe Écologie et en face une extrême droite qui s’indigne : « Vous en faites trop ! Il faut arrêter d’emmerder les Français. » Ce qui emmerde les Français que je rencontre c’est la sécheresse, la multiplication des incendies. Allez demander aux habitants de la vallée de la Vésubie s’ils sont plus emmerdés par les zones à faibles émissions que par les conséquences des inondations. Ils veulent une écologie de solutions.

> La guerre au Proche-Orient, la guerre en Ukraine occultent les avancées décisives qui nous attendent en matière écologique. La semaine prochaine, un sommet sur les pôles, à l’initiative d’Emmanuel Macron, doit permettre de trouver un accord sur la gestion de ces espaces menacés par des intérêts géopolitiques où le réchauffement engendre des conséquences climatiques irréversibles. Suivra la COP 28 qui se tiendra en présence du pape, un signal fort d’universalité et de mobilisation des consciences, et enfin, dans quinze jours, au Kenya, la conférence mondiale sur la lutte contre la pollution plastique. En France, la première COP territoriale réunira les collectivités locales et l’État pour se répartir les tâches et changer la vie des Français.

> La crise du logement n’est pas propre à la France. Elle est européenne, et même mondiale. En peu de temps, les taux d’intérêt et les coûts de la construction ont explosé. Quand j’entends certains expliquer que « c’est à cause des réglementations écologiques françaises qu’on a des problèmes », je m’inscris en faux. La crise du logement est tout aussi forte en Espagne et en Allemagne où nos réglementations ne s’appliquent pas. Quand Laurent Wauquiez dit qu’il refuse d’appliquer le texte contre l’étalement urbain dans sa région, je me pince ! On vient de passer un an, avec les républicains du Sénat, à réécrire un texte jugé trop techno et trop rigide sur la non-artificialisation des sols, pour tenir compte des contraintes des communes. Le texte a été voté à la quasi-unanimité par le Parlement. Laurent Wauquiez se réveille en demandant « plus de souplesse »... Il faut croire que son silence médiatique s’est accompagné d’une absence totale de suivi de l’actualité.

> Au 1er janvier 2023, nous avons interdit à la location les logements classés G +. Où sont les dizaines de milliers de locataires exclus de ces logements ? Il faut objectiver les chiffres avec la part des logements réellement concernés par l’interdiction de location en 2025 : les passoires thermiques (F et G) concernent à 80 % des propriétaires occupants, des résidences secondaires ou des logements vacants. Elles ne sont pas concernées par l’interdiction. La réalité c’est que la plupart des logements vacants le sont parce qu’ils sont des passoires thermiques et que les ménages refusent de s’y installer. Quand vous habitez dans une passoire classée G, votre facture est, à mètres carrés comparables, deux fois plus chère que si vous êtes dans un logement mieux classé, à cause du surcoût énergétique. La fin du monde et la fin du mois se rejoignent sur la question du logement.

> On ne fait pas de l’éolien pour faire de l’éolien. Et je le dis en particulier à une droite qui s’écharne à taper sur cette énergie : sortir du pétrole quand on est souverainiste devrait être une priorité absolue. Nous versons des milliards d’euros à des pays qui ne sont pas tous des démocraties et dont nous sommes dépendants. Face à cette situation, on devrait être capable de se mettre d’accord. Mais non ! Il y a ceux qui hurlent : « Pas d’énergie renouvelable, il ne faut faire que du nucléaire » ; et ceux qui alertent :  « Pas de nucléaire, il ne faut faire que des énergies renouvelables. » Ces deux discours sont des impasses. Il y a très clairement sur le sujet un « en même temps » qui est à construire parce que des centrales nucléaires, ça prend du temps, et que l’éolien est une bonne solution de court et moyen terme.

> Les discours caricaturaux qui consistent à dire que « si vous n’interdisez pas les jets, vous n’êtes pas écologiste » relèvent de la petite idéologie. Nous investissons massivement sur le ferroviaire pour l’avenir. Cent milliards d’euros vont être déployés d’ici 2040 pour régénérer les lignes régionales, relancer les trains de nuit. Mais cela ne signifie pas que dans le même temps, pas un mètre carré de goudron ne doive être posé dans ce pays.

> La planification écologique conduite par la Première ministre doit être l’occasion de sortir d’une hypocrisie environnementale qui a consisté depuis des années à désindustrialiser le pays, à faire en sorte de devenir dépendants de métaux précieux ou de terres rares qui viennent du bout du monde, souvent produites sans aucun respect environnemental, et qui nous sont amenées par des navires chargés en kérosène lourd. Réindustrialiser ce pays, retrouver la maîtrise sur ces métaux critiques, c’est sortir de l’hypocrisie et du déni. Nous assumons le fait que l’écologie rime avec industrie.

> Nous avons des résultats : année après année, les émissions baissent et nous sommes les premiers à respecter nos objectifs. Je suis excédé par le disque rayé de l’inaction climatique joué par l’extrême gauche. Ceux qui, chez LFI et Europe Écologie-Les Verts, vous expliquent que si vous n’êtes pas anticapitaliste, vous ne pouvez pas être écologiste, représentent un danger mortel pour la planète. Évidemment, je comprends que ces gens-là soient gênés aux entournures : depuis qu’il n’y a plus de Verts au gouvernement, on n’a jamais eu autant de résultats en matière climatique. Et aujourd’hui, ils passent leur temps à taper sur l’interdiction de l’abaya ou à s’écharper sur les paroles du rappeur Médine. Les Français, eux, agissent pour l’environnement.

 

Aurélien Rousseau (ministre de la Santé et de la Prévention)
> Retour très utile aux fondamentaux d’Elisabeth Borne : l’Aide médicale d’Etat est d’abord un dispositif de santé publique pour soigner ceux qui sont malades sur notre sol et prévenir les effets sur le reste de la population.

 

Jean-Noël Barrot (ministre délégué chargé de la Transition numérique et des Télécommunications)
> Échange avec la directrice de Twitter/X, pour son premier déplacement officiel en Europe. J'ai rappelé l'urgence de renforcer les équipes de modération en France pour lutter efficacement contre la haine et la violence et assurer la protection des enfants sur la plateforme.

 

Olivia Grégoire (ministre déléguée chargée des Petites et Moyennes Entreprises, du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme)
> L’économie sociale et solidaire ne doit plus être considérée comme une économie à part mais comme partie intégrante de notre économie. Elle doit inspirer et infuser le reste de l’économie. En ce début du mois de l’ESS, en lien avec ses acteurs, je présente ma feuille de route.

J’aurai trois objectifs principaux :
1) Renforcer l’efficacité du dispositif d’accompagnement territorial de l’ESS
2) Créer des ponts entre l’ESS et l’économie « classique »
3) S’appuyer sur l’innovation sociale pour soutenir les structures de l’ESS.
1. L’ESS est une économie profondément territoriale. Je souhaite lui donner plus de résonance en travaillant plus étroitement avec les services de l’Etat en région, les opérateurs, les collectivités et tous les réseaux ESS pour rendre plus simple la vie des porteurs de projet.
Dans le cadre du plan France Ruralités, présenté par Elisabeth Borne en juin dernier, nous mobiliserons dès l’an prochain 1 million d’euros par an, pendant 3 ans, pour accompagner des projets de l’ESS dans nos territoires ruraux.
Je veux aussi poursuivre notre politique de soutien aux Pôles territoriaux de coopération économique, nos pôles de compétitivité ESS qui peuvent et doivent être un outil de réindustrialisation de nos territoires.
2. Pour répondre aux impératifs du changement climatique et à la quête de sens croissante des salariés, les modèles de l’économie « classique » doivent s’inspirer de ceux de l’ESS pour accélérer leur transformation et mieux tenir compte des impacts sociaux et environnementaux.
La très grande diversité de mon portefeuille ministériel, des TPE aux indépendants en passant par les artisans, est une formidable opportunité pour créer des ponts et faire en sorte que l’ESS infuse dans tous les champs de l’économie de proximité et du quotidien.
Nous y travaillons déjà. Que ce soit via :
- Le programme commerce rural, qui compte parmi ses 181 premiers lauréats, plusieurs structures de l’ESS.
- Le fonds accessibilité, ouvert également aux associations qui reçoivent du public dans leurs travaux de mise en accessibilité.
3. Aller plus vite vers l’économie de demain, c’est aussi stimuler l’émergence de nouveaux modèles. C’est l’exemple même du contrat à impact. Nous travaillerons à sa simplification pour le rendre plus dynamique et intéressant pour les porteurs de projet.
C'est aussi renforcer et stimuler l'existant, que ce soit en faisant connaitre les modèles coopératifs comme les SCIC-SCOP ou en formant une véritable communauté des entreprises ESUS.
C'est enfin être plus performant pour aller chercher les financements existants que ce soit auprès des fonds européens ou de France 2030.

 

Thomas Cazenave (ministre délégué chargé des Comptes publics)
> Nous poursuivons notre action en faveur des classes moyennes avec la même méthode : permettre que le travail paie mieux.
- Le Budget 2024 prévoit d'indexer le barème de l'impôt sur le revenu.
- L’année prochaine, nous irons plus loin dans les baisses d’impôts pour les classes moyennes.

 

Carole Grandjean (ministre déléguée chargée de l’Enseignement et de la Formation professionnels)
> À partir d’aujourd’hui, le 6 novembre, les femmes travaillent gratuitement dans notre pays jusqu’à la fin de l’année. Ce combat pour l’égalité salariale est essentiel. Nous le portons avec force et nous devons continuer d’agir !

 

Prisca Thevenot (secrétaire d’Etat chargée de la Jeunesse et du Service national universel)
> L’antisémitisme est toujours là. Dans cette lutte, la classe politique doit parler d’une seule voix. Or, les extrêmes (gauche et droite) se servent du combat contre l’antisémitisme pour servir leur propre agenda politique. L’antisémitisme se combat sous toutes ses formes !

 

Sarah El Hairy (secrétaire d’Etat chargée de la Biodiversité)
> Tout le monde a le droit à un bout de nature dans son quartier : l'écologie que nous portons doit être accessible à tous, car ce sont nos compatriotes les plus modestes qui subissent les premiers les effets du dérèglement climatique.

> Le dérèglement climatique nous impose des événements climatiques plus forts et plus fréquents. Cela nous oblige à avoir des outils de prévention pour limiter les dégâts et favoriser la mobilisation de tous les citoyens.

 

Assemblée nationale
Yaël Braun-Pivet (présidente)
> Avec Nancy Pelosi pour échanger sur les grands défis auxquels font face nos démocraties: guerre au Proche Orient, soutien à l’Ukraine et à l’Arménie, droits des femmes, lutte contre l'antisémitisme. Je salue une défenseuse acharnée de la liberté et une amie de la France.

 

Partis politiques

● Renaissance
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent de droite ou de gauche ne sont pas retranscrits]
Sylvain Maillard (président du groupe à l’Assemblée nationale)
> Loin des arrangements politiciens, les Français ont tranché !
- Plus d’efficacité pour expulser les délinquants étrangers,
- Mieux accueillir ceux qui travaillent dans les secteurs en tensions.
Avec les
députés Renaissance nous suivrons le cap que nos concitoyens nous ont fixés!

 

Benjamin Haddad (porte-parole du groupe à l’Assemblée nationale)
> [Tribune co-écrite avec Nathalie Loiseau: « Sans la poursuite durable de notre aide, l’armée ukrainienne ne pourra pas l’emporter »]

Depuis le 7 octobre, nos yeux sont rivés sur Israël et sur sa réponse, ainsi que sur celle des pays de la région, de l’Europe et des Etats-Unis aux atrocités commises par le Hamas. Légitimement, le Proche-Orient nous préoccupe. Progressivement, nous parlons moins de l’Ukraine. La guerre que poursuit la Russie devrait pourtant conserver notre attention.

Jusqu’ici, Européens et Américains ont agi de concert pour soutenir l’Ukraine, sans pour autant entrer en guerre. L’armée ukrainienne tient tête et sa résistance nous protège d’une menace russe qui nous concerne tous. Mais sans la poursuite durable de notre aide elle ne pourra pas l’emporter.

Or cette détermination occidentale est aujourd’hui en péril. Le régime du président russe Vladimir Poutine, qui a reçu le 26 octobre le Hamas et l’Iran à Moscou, pourrait être le gagnant géopolitique d’une séquence au cours de laquelle nous détournerions le regard. Le Kremlin compte sur notre lassitude pour l’emporter : ne tombons pas dans ce piège.

Aux Etats-Unis, les trumpistes bloquent le fonctionnement du Congrès, dont l’aval est nécessaire pour poursuivre le financement de l’aide militaire à Kiev, un avant-goût de ce que pourrait être une nouvelle présidence Donald Trump. L’ex-président américain républicain est aujourd’hui mieux placé dans les sondages pour l’emporter qu’en 2016. Chez certains démocrates, des voix s’élèvent aussi pour considérer que l’Ukraine n’est pas une priorité. On aurait tort de ne pas prendre ces signaux au sérieux.

L’Europe risque de devoir très vite prendre le relais. La France appelle depuis longtemps à renforcer l’autonomie stratégique du Vieux Continent. L’Europe doit entendre cet appel si elle est amenée demain, pour sa propre sécurité, à poursuivre seule ou presque le soutien à l’Ukraine.
Après avoir pris la pleine mesure du retour de la guerre sur leur sol et apporté une aide militaire sans précédent à Kiev, les Européens s’essoufflent. Depuis des mois, une nouvelle tranche de financement destinée à l’envoi d’armes en Ukraine est bloquée par un seul pays, la Hongrie. L’arrivée au pouvoir de Robert Fico en Slovaquie n’augure rien de bon sur ce sujet. Fin août, le haut représentant l’Union pour les affaires étrangères, Josep Borrell, a proposé aux 27 de donner plus de visibilité et une forme de garantie de sécurité à l’Ukraine en s’engageant sur un plafond d’aide militaire de 20 milliards d’euros sur quatre ans. A ce jour, sa proposition a rencontré à peine mieux qu’un silence poli.
Certes, le soutien militaire de l’Europe ne passe pas seulement par le mécanisme de la facilité européenne pour la paix dont Borrell a la charge. Les pays européens qui le peuvent apportent en supplément une aide bilatérale d’un montant presque équivalent. En 2022, la France avait mis en place un fonds de soutien à l’Ukraine de 200 millions d’euros, une initiative innovante qui permet à Kiev d’acquérir directement auprès de nos industriels, mais son financement n’a pas encore été reconduit.
Dans un voyage réussi en Ukraine en septembre, le ministre des armées, Sébastien Lecornu, a proposé d’institutionnaliser ce mécanisme pour remplacer les cessions directes, coûteuses pour nos stocks. L’examen du budget pour 2024 est l’occasion de le renouveler et elle doit absolument être saisie.
Au même moment, nos industries d’armement peinent à produire suffisamment pour répondre aux besoins d’une guerre conventionnelle sans précédent. Les outils mis en place par l’Union européenne, achat en commun ou plan munitions, sont un bon début mais ils sont encore très neufs et les montants qui leur sont consacrés insuffisants. Renforcer la défense européenne passe par un plan européen d’investissement de défense à moyen terme promis depuis longtemps et que l’on attend encore.
Cela passe par des incitations financières qui nécessitent que l’on repense le budget européen à mi-parcours, puisque ce budget avait été adopté avant que la guerre ne revienne en Europe. Pour le moment, les Etats membres donnent peu de signes qu’ils sont prêts à se lancer dans cette révision, pourtant indispensable. Ils se montrent également réticents à emprunter en commun, comme l’a suggéré la première ministre estonienne, Kaja Kallas lors du Conseil européen du 9 février 2023. Les Vingt-Sept s’opposent beaucoup mais proposent peu.
Il reste en outre à combler les failles que comportent encore les sanctions, européennes comme américaines, à l’égard de la Russie. Moscou continue, en dépit de l’embargo sur les armes qui la vise, à importer des composants essentiels pour ses matériels militaires, achetés à des entreprises occidentales par des intermédiaires et qui aboutissent en Russie. C’est le cas notamment des microprocesseurs.
L’Europe a mis en place un mécanisme destiné à lutter contre le contournement des sanctions. Mais les entreprises ne sont pas suffisamment attentives à la destination finale de leur production et devraient être davantage incitées à la vigilance. Il est urgent de nous réveiller. De Jérusalem à Kiev en passant par Erevan, le chaos du monde est à nos portes. N’attendons pas que cette avalanche de crises nous atteigne pour nous donner les moyens de protéger les démocraties attaquées.

> Qui est prêt ? Un sondage publié dimanche par le New York Times, donne le président américain perdant face à Donald Trump, favori de la primaire républicaine, dans cinq Etats clés sur six, et en perte de vitesse auprès des jeunes comme des minorités.

 

Pieyre-Alexandre Anglade (député)
> L’antisémitisme rampant qui gagne la France est un grand péril pour notre pays. Nous devons le combattre de toutes nos forces et le défaire. Il est intolérable que nos concitoyens de confession juive vivent dans l’inquiétude. Ils doivent pouvoir vivre en sécurité.

 

● MoDem
Maud Gatel (Secrétaire générale)
> [Tribune co-signée avec 25 députés MoDem: « Aide médicale de l’État, oui à l’exception sanitaire française!»
Il y a maintenant plus de trois ans, le covid19 faisait son apparition en France. Venu de l’autre bout du monde, il s’est développé dans tous les pays, tous les territoires, toutes les populations, sans discrimination. La mise en place rapide d’un dispositif de détection, traitement, protection a permis d’en limiter la propagation et, à terme, de retrouver un cadre de vie aussi normal que possible.
Cet exemple de mesures qui ont été mises en place dans un moment anxiogène mais où la cohésion était plus que nécessaire démontre que cette prise en charge en amont d’un virus permet d’en limiter les cas et ainsi prévenir non seulement la maladie, mais également sa propagation et les coûts induits.
Ces considérations ne sont pas récentes et ne sont pas propres à notre époque. Léonard de Vinci disait déjà : « Ne pas prévenir, c’est déjà gémir. » Dès le Moyen Âge, on avait compris que les maladies ne tenaient pas compte des frontières. Les ordres hospitaliers comme l’Ordre de Malte ou l’ordre de Saint-Lazare ne prodiguaient-ils pas leurs soins à tous, sans considérer les origines ou la religion ?
C’est en ligne avec cette idée qu’a été créée en 1999 l’aide médicale de l’État. Prestation sociale limitée aux personnes en situation irrégulière, elle permet une prise en charge par l’État des soins médicaux et hospitaliers. Cette prise en charge se fait dans le cadre de l’action sociale et des familles, et non dans notre système de sécurité sociale. En effet, les personnes en situation irrégulière ne sont pas intégrées dans notre système de sécurité sociale ; mais il est de notre devoir d’apporter une réponse en matière de santé à ces personnes sur notre territoire, d’ores et déjà en situation précaire, mais également présentes dans les secteurs professionnels de première nécessité.
La principale idée demeure : la France protège sa population contre les maladies et propose des soins à toute personne se présentant à l’hôpital, sans tenir compte de ses origines. Car il ne s’agit pas d’un dispositif qui ferait office de cadeau à toute personne étrangère. Au contraire, l’AME représente un sujet de santé publique, un enjeu de protection et une mesure d’efficacité. Par ce dispositif, la réponse apportée concerne dans un premier temps les soins administrés à la personne qui les demande, mais la réponse plus large permet de protéger la population dans son ensemble. Les rapports rédigés et les personnels médicaux ne cessent de le répéter : la prise en charge en amont de certaines maladies permet d’en réduire drastiquement les effets de propagation, bien plus coûteux à long terme. Pour ne citer que ces exemples, la prévention du VIH, de la tuberculose ou de l’hépatite permet d’en limiter le développement et les infections.
Car la question financière n’est pas vide de sens ici. Portée par la mission santé et le code de l’action sociale et des familles, la publication des données chiffrées permet d’en faire un suivi régulier et pointu, notamment par l’évaluation et le vote budgétaire effectué chaque année par le Parlement français. Supprimer la ligne du dispositif n’en supprimera pas les dépenses, à court, moyen et long termes : ces populations iront tout de même à l’hôpital, et notre personnel médical les soignera, faisant porter les dépenses sur le budget de l’hôpital et non pas sur l’AME. Les débats actuels démontrent la nécessité d’évaluer sans préjudice un dispositif qui, dans son ensemble, a coûté 1,2 milliard d’euros en 2022, soit 0,48 % des dépenses de santé, et a bénéficié à plus de 400 000 personnes. Sa suppression serait tout simplement inefficace budgétairement et humainement.
Largement scruté et analysé, l’examen de l’AME permet de montrer qu’un quart des séjours hospitaliers sont des soins obstétriques. Supprimer le dispositif reviendra donc à supprimer la possibilité pour quelques milliers de femmes de se faire soigner, notamment par prévention, sur le budget de l’AME, et de faire peser ces soins en urgence sur les finances de l’hôpital.
Néanmoins, loin de nous l’idée de rester bloqués sur des positions inamovibles. Un travail peut être engagé pour améliorer le dispositif de l’AME. Mais nous devons nous rappeler collectivement que la France est perçue à l’international comme un pays des droits, un pays des libertés mais surtout un pays où l’humanité est appréciée dans son ensemble, loin des divisions et des querelles qui nous agitent.
Plus encore, c’est l’honneur de la France d’accueillir celles et ceux qui souffrent, et c’est l’honneur de tous les professionnels de santé de soigner les personnes en souffrance, peu importent leurs origines, leurs opinions ou leurs religions. Nous contestons donc la volonté de supprimer l’AME car elle ne correspond, selon nous, ni à la nécessité permanente de vigilance sanitaire, ni à l’impératif moral de solidarité humaine.

[Cosignataires : Élodie Jacquier-Laforge, Erwan Balanant, Géraldine Bannier, Philippe Berta, Vincent Bru, Laurent Croizier, Geneviève Darrieussecq, Mathilde Desjonquères, Laurent Esquenet-Goxes, Olivier Falorni, Maud Gatel, Frantz Gumbs, Cyrille Isaac-Sibille, Sandrine Josso, Pascal Lecamp, Aude Luquet, Éric Martineau, Emmanuel Mandon, Sophie Mette, Bruno Millienne, Hubert Ott, Jimmy Pahun, Frédéric Petit, Josy Poueyto, Nicolas Turquois, Frédéric Zgainski]

 

Bruno Millienne (député)
> Nous devons arrêter l'hypocrisie : des milliers de personnes travaillent de manière légale dans notre pays et leurs titres de séjour ne sont pas renouvelés. Changeons cela!
Ne jouons pas sur les peurs des Français : il n'est pas question de régulariser tout le monde. On va étudier au cas par cas les demandes de régularisation. C'est la même chose pour l'AME : un sans papier qui est malade et qui se rend à l'hôpital, il sera soigné, avec ou sans AME.
Arrêtons la démagogie : la réalité est souvent plus complexe que ce que nous présentent les oppositions. C'est facile de dire de renvoyer les sans-papiers chez eux, dans les faits, elles ne proposent rien de concret. Gérald Darmanin propose une mesure efficace : réduire à 3 le nombre de recours pour simplifier les expulsions et mettre en œuvre les laissez-passer consulaires.

 

● Parti radical
> [Communiqué: «Le Parti radical défend l’ESS, en phase avec les enjeux sociaux et environnementaux actuels]
L’Economie Sociale et Solidaire constitue un vecteur privilégié pour atteindre une société plus juste et plus durable.
« En ce mois de novembre dédié à la valorisation de l’ESS, le Parti radical souhaite rappeler que si le secteur s’est structuré ces dernières années et a mieux fait entendre sa voix singulière, il reste encore un secteur marginal à côté du secteur économique traditionnel » souligne Xavier Querat-Hement, secrétaire national chargé de l’ESS. « Pourtant l’économie sociale et solidaire propose un autre « modèle de développement », particulièrement en phase avec les enjeux sociaux et environnementaux du moment et les aspirations des nouvelles générations (association à la gouvernance, transversalité, partage de la valeur, économie locale) » ajoute-t-il.
On peut se réjouir que l’année 2023 ait accordé davantage d’importance  à l’Economie Sociale et Solidaire. En effet, les députés travaillent actuellement au toilettage de la loi, datée du 31 juillet 2014, l’Assemblée générale de l’ONU a adopté en avril, à l’unanimité, une résolution sur l’ESS et la Commission européenne a désormais un programme concret de soutien de l’ESS.
« Le Parti Radical s’est engagé depuis longtemps avec force pour défendre l’ESS car elle résonne particulièrement avec nombre de ses valeurs fondatrices : humanisme, solidarisme, territoire, cohésion sociale, impact environnemental » rappelle le président du Parti radical Laurent Hénart. « Nos élus sont ainsi très impliqués dans les dynamiques territoriales et en soutien du tissu associatif en milieu rural, urbain et en banlieue. Le Parti radical fera de nouvelles propositions en 2024 pour développer l’ESS » conclut-il.

 

Autres

● Organisations centristes
♦ Renaissance
(Députés français du groupe centriste Renew Europe au Parlement européen)
Bernard Guetta
> [Opinion: «Plaidoyer pour le volontarisme : Entre Israéliens et Palestiniens, la seule certitude est que rien ne changera si l’on ne tente rien]
La bataille de Stalingrad avait fait deux millions de victimes. Était-ce pour autant un génocide ? Evidemment pas puisqu’un génocide est l’élimination délibérée d’un groupe national, ethnique ou religieux, d’un peuple entier, et non pas un bain de sang plus atroce ou d’une plus grande ampleur que d’autres. Il y eut ainsi trois génocides au XX° siècle, ceux des Arméniens, des Juifs et des Tutsis, avec lesquels ne se comparent ni les tueries du 7 novembre ni le bombardement et le siège de Gaza.
Cette différence, même des « experts » de l’Onu ne la font pourtant plus tant ces déchirements de la Terre qu’on dit « sainte » et l’agression russe contre l’Ukraine suscitent de passions et de fureur. La peur est si générale qu’on ne s’entend plus et nomme si mal les choses qu’on « ajoute, pour citer Camus, au malheur du monde ».
Les mots peuvent clarifier une situation ou l’embrouiller, attiser la haine ou la contenir, enfermer des peuples dans une guerre sans fin ou contribuer à leur faire accepter l’idée d’un compromis. Les mots ont un poids et une dynamique propres et une fois que celui de « génocide » a été prononcé, allez essayer de parler de paix.
« Mais la haine ? », vous rétorque-t-on et si vous rappelez alors qu’elle s’estompait et allait disparaître lorsque Palestiniens et Israéliens croyaient à la paix, il y a trente ans, et qu’il suffirait que renaisse cet espoir pour qu’elle recule à nouveau, les regards vous disent que les rêves sont sympathiques mais que la réalité ne l’est pas.
Elle ne l’est en rien, c’est vrai, mais c’est pourtant bien le réalisme qui commande de relancer l’idée d’une paix fondée sur la coexistence de deux Etats car si ce n’est pas cela, ce sera quoi ? Ce serait une guerre de cent ans ou un Etat binational dont personne ne veut et en comparaison duquel le Liban serait la Suisse. C’est si vrai que la solution des deux Etats refait aujourd’hui surface, que Washington y pousse, que l’Union européenne l’appelle de ses vœux et que les dirigeants arabes y aspirent à peu près tous, discrètement mais profondément. On ne peut pas le nier. C’est un fait, mais « ça ne peut pas marcher », vous dit-on aussitôt, puisque la droite israélienne ne veut pas d’un Etat palestinien, que le Hamas ne veut que détruire Israël, que la gauche israélienne est défaite, que l’Autorité palestinienne est à bout de force et qu’il n’y a donc, un enfant le comprendrait « personne pour négocier ».
Ah bon ? Vraiment ? Parce qu’en politique, il y a des situations figées pour l’éternité ? Parce que la droite israélienne devrait obligatoirement se survivre après une telle faillite ? Parce que l’agonie de l’Autorité palestinienne serait sans fin et que le Hamas incarnerait la Palestine ? Parce que la gauche israélienne ne pourrait pas revenir aux commandes plus tôt qu’on ne l’imagine ? Parce que ce séisme ne va pas totalement modifier la donne, comme après la guerre du Kippour ?
La seule certitude est que rien ne changera si personne ne tente quoi que ce soit mais si les Etats-Unis et l’Union européenne se décidaient à retravailler à la paix, à lui redonner une crédibilité et à laisser comprendre qu’à défaut de négociations et d’un accord, elles suspendraient leurs aides aux Israéliens comme aux Palestiniens ?
Ce jour-là, tout redeviendra possible car Palestiniens et Israéliens sont trop épuisés pour souhaiter que la guerre se poursuive mais à ce point du débat, le chœur des décidés à ne rien faire entonne l’air du « c’est trop tard ». On le connaît depuis longtemps cet air qui enterre la solution à deux Etats en sanglotant qu’on ne pourrait même plus y penser tant les colonies israéliennes se sont développées dans les Territoires occupés.
La Cisjordanie, comme on dit, est « mitée » mais combien de colons s’y sont-ils maintenant installés ?
On en compte quelque 500 000, autrement dit beaucoup mais quatre fois moins que de Palestiniens vivant en Israël et citoyens israéliens. Dès lors qu’il y aurait deux Etats et que des Juifs pourraient vivre en Palestine avec les mêmes droits et la même sécurité que les Arabes israéliens en Israël, pourquoi faudrait-il obligatoirement envisager l’évacuation forcée des colons ? Ceux qui souhaiteraient partir partiront. Ceux qui souhaiteraient rester le pourront, comme résidents étrangers ou citoyens palestiniens.
« Absurde », « inenvisageable », « impossible », dira-t-on. Oui, absolument, ça le serait aujourd’hui mais lorsqu’on cessera d’ajouter au malheur du monde en qualifiant de « génocide » d’immondes tueries et d’odieuses représailles, on réalisera que la seule chose impossible est le statu quo et que la paix n’interdit rien.

 

 

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