dimanche 20 octobre 2013

Refondation du Centre. Et si Borloo se sentait piégé?

Théoriquement, la «charte» ou le «contrat» établissant les nouvelles relations entre l’UDI et le Mouvement démocrate devrait être signé avant la fin du mois.
Ce document permettrait aux deux partis de rédiger à terme un programme commun et, surtout, de présenter des listes communes aux élections municipales et européennes de 2014 puis à la présidentielle et aux législatives de 2017.
Cette union centriste aura deux têtes, François Bayrou et Jean-Louis Borloo.
A moins qu’une émerge rapidement au détriment de l’autre…
Au départ, Jean-Louis Borloo pensait tenir facilement la main. N’avait-il pas gagné par ko face à François Bayrou?
Ainsi le retour à droite du président du MoDem était une victoire, certes symbolique puisque l’ancien candidat perpétuel à la présidentielle ne représente plus grand chose électoralement parlant, mais une manière de boucler la boucle en fanfare avec, en un an, un beau tableau de chasse centriste où figuraient Hervé Morin, Pierre Méhaignerie, Jean-Christophe Lagarde, Jean-Christophe Fromantin et quelques autres chefs de moindre importance.
Epingler Bayrou à ce tableau était certainement un moment jouissif pour son ancien directeur de campagne.
Oui, mais voilà, à ne pas gagner grand-chose cela peut vous faire passer rapidement pour le perdant d’autant que le perdant désigné, lui, retrouvant une nouvelle ardeur, s’est mis à phagocyter cette réunion centriste à son profit, jouant immédiatement son va-tout, n’ayant, de toute façon, rien à perdre.
François Bayrou a donc multiplié les déclarations, occupé les plateaux télévisuels et les studios radiophoniques pour célébrer ces retrouvailles centristes en se posant, d’abord, en égal de Jean-Louis Borloo, puis, tout doucement, en premier centriste parmi les centristes, rappelant sa pseudo-position historique en la matière.
Avant même que cette refondation entre une jeune pousse (UDI) et un éclopé (MoDem) soit réellement actée, le voilà, avec ses lieutenants, qui parle déjà d’élections présidentielles et du candidat qui sera le mieux placé, laissant filtrer dans la presse que Borloo s’occupera de faire fructifier la nouvelle structure commune pendant que lui sera le candidat présidentiel naturel, ce qui a obligé le président de l’UDI à déclarer que le problème de la présidentielle n’était pas encore à l’ordre du jour…
De même, la précipitation avec laquelle cette réunion centriste avance inquiète Jean-Louis Borloo car elle pourrait se faire sans lever toutes les ambiguïtés entre les deux partis.
En revanche, pour François Bayrou, plus cela va vite, plus les questions dérangeantes (alliance du MoDem avec le PS et même le PC dans certaines communes, propos passés très désobligeants à l’égard de ses «nouveaux» partenaires, positionnement politique peu lisible) ne seront pas mises sur le tapis et il retrouvera une virginité lui permettant de troquer son rôle d’allié potentiel du PS à celui d’allié naturel de l’UMP.
Il est sans doute trop tôt pour savoir comment tout cela va évoluer et finir mais une chose est sûre: Bayrou n’a pas oublié, à l’inverse de Borloo, que dans un parti ou une coalition, il n’y a in fine qu’un seul chef suprême et que celui-ci, en France, est le candidat naturel à la présidentielle.

Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC