mercredi 23 juin 2021

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Délitement démocratique et devoir citoyen

«Le vote obligatoire, ce n’est pas la démocratie!», déclare cette personne interrogée par la télévision qui ajoute «la liberté c’est choisir de ne pas aller voter».

Si elle ne semble pas avoir compris exactement comment fonctionne la démocratie, que dire celle-là qui, à la question de savoir si elle est allée voter, répond «non, j’ai oublié mais j’irai demain»!

Cela rappelle cette fameuse blague on l’on promet que l’on fera telle chose «demain» et qu’on se propose même de le mettre par écrit…

Ces deux propos après l’abstention record lors des élections régionales sont symptomatiques d’un délitement démocratique de par l’absence de conscience qu’il est indispensable de remplir un devoir citoyen si l’on veut continuer à vivre dans un régime de liberté.

Bien sûr, la démocratie n’est plus seulement «le pouvoir du peuple, par le peuple, pour le peuple» selon la fameuse formule de Lincoln lors de son discours de Gettysburg.

La démocratie moderne c’est aujourd’hui le régime politique indépassable qui, s’il n’est pas «naturel», est bien le seul qui garantisse dans son projet le respect de la dignité humaine avec son triptyque liberté, égalité, fraternité.

De ce point de vue, il n’est pas optionnel – et conditionné par le seul vote – comme le croit certains et l’affirme péremptoirement ses ennemis mais bien le seul régime légitime parce que le seul qui défend les droits fondamentaux de l’individu à être l’égal d’un autre et à être libre.

Dès lors, l’élection n’est qu’une procédure démocratique parmi d’autres – même si elle demeure essentielle – et le vote n’est qu’un des droits du citoyen.

Mais il est aussi un devoir.

Car ce même citoyen, pour bénéficier des bienfaits de la démocratie républicaine, se doit de remplir ses devoirs, c’est une évidence, c’est même un impératif.

La démocratie, comme dit l’autre, ne s’use que si l’on ne s’en sert pas, que si l’on ne la fait pas fonctionner.

Or, les rouages de la machine démocratique, pour ne pas rouiller et se gripper, pour être en état de marche, doivent être entretenus.

Si l’on les considère comme capables de fonctionner seuls, sans protection et sans s’en servir, alors ils tomberont en poussière un jour ou l’autre, c’est une évidence.

Et ce jour semble de moins en moins hypothétique, de moins en moins éloigné.

Donc, l’entretien de la démocratie c’est, en premier lieu, la participation citoyenne qui passe, entre autres, par le vote qui est, à la fois, un droit et un devoir.

Le rendre obligatoire est loin d’être une hérésie.

Evidemment, on ne va pas mettre en prison ceux qui n’iront pas voter et les amendes seront toujours peu coûteuses ce qui n’incitera pas les récalcitrants à se rendre aux urnes comme le montre les exemples de pays qui ont rendu le vote obligatoire.

Cependant le symbole sera là.

Parce que le civisme est un rempart face aux attaques de la démocratie dont on ne rappellera jamais assez la fragilité.

C’est cette même fragilité qui fait sa grandeur et sa beauté, qui fait de nous des êtres civilisés qui peuvent dépasser la force et la violence pour offrir à chacun la dignité humaine à laquelle il a droit, de sa naissance à sa mort, de générations en générations.

 

 

1 commentaire:

  1. Je suis pour la comptabilisation du bulletin blanc, ce qui permet ceux qui s'exprime contre la faiblesse de l'offre électorale (en se déplaçant pour mettre un bulletin blanc) de ceux qui n'en n'ont rien à foutre et ne se déplace pas.

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