vendredi 28 octobre 2022

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Et si d’abord on s’attaquait vraiment aux gaspillages, aux excès et à l’inconduite écologique?

Sobriété et frugalité sont des comportements à certainement valoriser depuis toujours et évidemment plus particulièrement en ce début de troisième millénaire où nous savons que l’abondance sans fin est une illusion qui nous conduira à la chute des civilisations, où nous savons que les ressources terrestres à notre disposition pour vivre sont limitées et où notre agir irresponsable impactent notre environnement donc notre présent et notre futur.

Mais être sobre et frugal suppose un complet renversement de notre perception de la planète où nous avons cru qu’elle était ce mât de cocagne où nous pouvions nous servir allègrement sans restriction et sans conséquences négatives pour l’Humanité et le vivant tout court.

Cette illusion n’est pas récente, elle nous accompagne depuis la nuit des temps mais avec le développement effréné de l’économie mondiale à partir de la fin du 18e siècle et jusqu’à nos jours, elle s’est révélée dans toute son absurdité crue.

C’est donc à une révolution comportementale que nous sommes appelés si nous voulons éviter la catastrophe.

Mais l’on comprend bien toute la difficulté de changer complètement notre logiciel qui a dicté notre appréhension de l’existence pendant des millénaires.

Pendant tout ce temps, seules nos incapacités physiques et technologiques nous empêchaient de profiter jusqu’à plus soif des bienfaits de la Terre, nous restreignaient dans l’utilisation de ses ressources.

Ce n’était point comme certains le prétendent avec cette nostalgie d’un passé qui n’a jamais existé un quelconque respect de la nature mais l’impossibilité de l’exploiter à part des exceptions comme nous l’aurions voulu alors avec, également, cette épée de Damoclès qui pesaient au-dessus de nos têtes de tous ses caprices qui pouvaient provoquer des famines, des épidémies et autres calamités mais aussi cette compréhension que nous ne pouvions la piller parce que nous ne savions pas la dominer.

Cependant, si la sobriété et la frugalité sont si difficiles à atteindre parce qu’elles touchent à des pulsions existentielles qu’il nous faudrait réfréner ce n’est pas le cas de la lutte contre le gaspillage, les excès et l’inconduite écologique.

Ici, ce n’est pas renoncer à quelque chose mais seulement cesser des comportements négatifs qui n’ont aucune incidence sur notre mode de vie et sur ses avantages.

Ne pas gâcher de la nourriture que nous ne consommons pas, par exemple, ne nous impose pas de ne pas bien manger et à notre faim.

Or, même si la lutte contre ces trois plaies existent depuis longtemps, elle n’a pas produit les résultats escomptés qui pourraient être d’une ampleur démultipliée si l’on se donnait la peine de les systématiser à une échelle sans commune mesure avec celle qui est mise en œuvre actuellement.

Le gaspillage est abyssal. En le réduisant drastiquement nous pouvons enclencher assez facilement un cercle vertueux tout comme pour la chasse aux excès ou à l’inconduite écologique qui nous amènera de manière naturelle à devenir sobres et frugaux.

Certains diront qu’il n’est plus temps.

C’est vrai qu’il faut agir vite et fort.

Mais vouloir imposer de force des comportements n’est pas forcément gage de leur réelle implémentation dans les agirs et les consciences des populations avec cette possibilité, comme on l’a vu avec plusieurs mouvements de foule populistes, d’une résistance qui aggrave encore la situation.

Il faut donc d’abord se focaliser sur ce que l’on peut faire d’efficace tout de suite tout en poursuivant un changement plus vaste à moyen terme.

S’il faut évidemment enseigner la lutte contre le gaspillage, les excès et l’inconduite écologique, cela est nettement plus facile et compréhensif que d’apprendre la sobriété et la frugalité où les demandes de renoncement à des biens et un confort qui ne sont souvent pas un luxe provoquent une incompréhension.

Supprimer vraiment et le plus possible le gâchis et la gabegie est donc un premier pas mais s’il est réalisé correctement alors il donnera des effets conséquents et très rapidement.

De plus, il montrera à la population que le changement de paradigme dans l’objectif de vivre bien est atteignable et n’est pas forcément punitif.

Celle-ci sera alors plus encline à passer au niveau supérieur qui demeure l’impératif final mais qui doit être partagé pour réussir et non être contraint.

 

 


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