mardi 9 janvier 2024

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. La démocratie aurait du nous protéger des dirigeants crapuleux, corrompus et apprentis dictateurs


S’il fonctionnait correctement, le régime démocratique n’aurait jamais du permettre l’arrivée du pouvoir de Donald Trump, de Boris Johnson, de Vladimir Poutine ou de Benjamin Netanyahou, notamment.

Et il aurait du disqualifier bien d’autres, d’être en mesure de candidater pour le conquérir comme Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon, Eric Zemmour et tous les extrémistes et populistes de la galerie politicienne française.

Evidemment, on ne peut s’empêcher de penser à Adolf Hitler ou Benito Mussolini qui parvinrent au pouvoir par des moyens légaux et avec le soutien d’une partie des électeurs.

Pourquoi la démocratie aurait du nous protéger des dirigeants crapuleux, corrompus et apprentis dictateurs?

Parce que son fonctionnement «normal» implique des électeurs bien formés et informés qui doivent être un rempart naturel contre ce genre de personnages.

Donc des citoyens rationnels et raisonnables capables de résister aux passions.

Et que cela n’est pas le cas.

C’est donc à la base que le système faillit depuis toujours.

C’était normal lors de son apparition parce que la tâche de formation et d’information des individus pour ne faire de vrais citoyens responsables capables de discernement suffisant et éveillés n’avait pu, par définition, être menée à bien.

Au bout de près de 250 ans d’existence, cela s’appelle un échec.

Reste à savoir si cet échec est inévitable ce qui remettrait en question l’existence même d’un régime démocratique sur la planète puisque, collectivement, les humains seraient incapables de le faire fonctionner, même pas correctement, mais même basiquement.

Un premier point rassurant est que l’arrivée au pouvoir de dangereux individus demeurent, sinon, une exception, en tout cas minoritaire.

Cependant, il suffit souvent d’une fois pour que tout se dérègle.

Un deuxième est que nous ne savons pas si nous sommes capables de devenir réellement, tous, des vrais citoyens parce que nous n’avons jamais essayé et/ou réussi à mettre sur pied et à faire fonctionner un système de formation et d’information de l’individu qui lui assure cette qualification.

En revanche, nous avons vu qu’une partie des populations des pays démocratiques s’était emparée des bienfaits du régime démocratique pour en abuser, voire le pervertir.

C’est le cas de la liberté d’expression quand elle devient une logorrhée de haine, de violence et de menaces.

C’est aussi le cas de l’autonomisation grandissante des individus qui, au lieu de déboucher sur un citoyen responsable, produit des personnes irresponsables, égocentriques, assistées, insatisfaites et irrespectueuses, demandant sans cesse une sur-égalité pour elles-mêmes et ayant un comportement consumériste vis-à-vis de la politique.

D’où le titre d’un de mes ouvrages: «L’individu du 21e siècle, grand prédateur de la démocratie?»

Tout est-il perdu pour autant comme la situation actuelle du monde libre semblerait nous le démontrer?

Pas si sûr.

Non pas qu’il faille se bercer d’illusions et de rêves chimériques en la matière.

Une des raisons d’espérer c’est la lutte de nombre de peuples asservis pour acquérir la liberté et vivre en démocratie.

Une autre est l’attachement des populations des pays démocratiques à de valeurs humanistes.

Mais cela ne suffit pas alors que plane sur les Etats-Unis le retour au pouvoir de Donald Trump et que les pays d’Europe sont de plus en plus gangrénés par la montée des extrémismes de gauche et de droite avec, en France, le spectre d’une présidence Le Pen en 2027.

Il faut donc réagir et vite en espérant que les mesures prises ne viendront pas trop tard.

Cela suppose un effort sans précédent pour le système de formation soit performant et que l’on crée un système d’information citoyenne qui n’existe pas aujourd’hui.

Une tâche immense à la hauteur des enjeux: la liberté dans l’égalité et l’égalité dans la liberté, seule formuler pour assurer la dignité de chacun dans la fraternité.

 

 

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