vendredi 2 février 2024

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Avec le temps, la politique aurait du se civiliser et c’est tout le contraire qui s’est produit


La démocratie aurait du permettre au débat politique, petit à petit de se civiliser, de s’humaniser et de se responsabiliser – grâce à l’approfondissement de son exercice, par la formation et l’information du citoyen, par le développement d’un consensus.

Pourtant, c’est tout le contraire qui se produit actuellement!

La liberté d’opinion donc d’expression donc de la presse, ce triptyque étroitement lié n’a pas rapproché les humains mais, au contraire, les a éloignés dans une sorte de conflit permanent.

La conflictualité de la démocratie est, bien sûr, une évidence puisque chacun peut défendre son propre point de vue qui fait qu’il y a autant d’opinions exprimées dans le monde libre qu’il y a d’habitants!

En revanche, cette conflictualité n’a pas vocation à être agressive, irrespectueuse, irresponsable et à tomber trop souvent dans la violence, c’est-à-dire à être le contraire de civile.

Car la démocratie, c’est aussi le régime du consensus sur les fondements de ses principes et de la reconnaissance des valeurs humanistes, tout au moins dans l’absolu.

Or, on voit bien que ce n’est pas le cas.

On peut incriminer les adversaires de la démocratie qui se servent de la liberté pour essayer de la détruire et qui faisait dire à Saint-Just, «pas de liberté pour les ennemis de la liberté», phrase célèbre qui pose cette contradiction ultime qui permet aux ennemis de la liberté de l’utiliser pour l’abattre, ce qu’a fait Hitler, par exemple.

Dans ce qui nous occupe, il s’agit de dévoyer la liberté de parole pour être systématiquement dans une confrontation irrespectueuse.

D’autant que les «amis» de la démocratie, ou en tout cas ceux qui se présentent comme tel et dont beaucoup le sont effectivement, ne rechignent guère à faire de la politique un champ de bataille où les noms d’oiseaux, les coups bas, la désinformation et les thèses du complot sont des armes utilisées jusqu’à plus soif.

Comme s’il était impossible d’avoir un débat d’idées et une campagne électorale respectant les règles de la civilité.

Bien entendu, les médias aiment à jeter de l’huile sur le feu pour booster leurs audiences.

Cependant, si cette technique n’était pas plébiscité par leurs publics, il y a fort à parier qu’elle ne serait plus utilisée…

On se retrouve donc avec le citoyen, cet élément de base de la démocratie républicaine.

Non pas qu’il soit l’unique responsable de cette situation mais c’est en grande partie la manière dont la société le forme et l’informe qui aboutit à ce qu’il soit ce qu’il est, sans évidemment nié sa personnalité et son individualité ou même peut-être une «nature humaine».

Est-ce à dire que civiliser la politique est impossible?

En l’état et avec toutes les nouvelles techniques de communication qui existent en ce début de troisième millénaire et avec celles qui arrivent, la réponse est oui.

On ne voit pas comment cette explosion des moyens de communication et cette possibilité de s’emparer de cette profusion de manières pour exprimer son opinion pourrait empêcher que l’incivilité du débat politique ne progresse, ne s’étende et ne se propage.

Nous sommes donc condamner à la voir croître dans les années à venir.

En revanche, rien ne nous empêche de tenter de l’endiguer à moyen ou long terme si nous reprenons à la base les principes qui devaient permettre au projet démocratique d’être celui d’une société respectueuse où l’utilisation de la liberté de chacun se ferait dans le respect de la dignité de l’autre.

En attendant, il serait bon que les politiques recherchent ensemble un consensus pour adopter une charte de civilité entre eux ainsi que les médias.

Même si cela parait utopique en l’état, on peut supposer qu’il y a plus de capacités pour des ensembles plus réduits et organisés d’agir en ce sens.

A tout le moins d’inverser la tendance parce que la loi de la jungle quel que soit le secteur et le domaine impactés n’a jamais profité à la liberté mais à son ennemie jurée, la licence et, in fine, à la démocratie.

 

 

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