mardi 15 juin 2021

Propos centristes. France – Défendre Mila; défendre la démocratie; défendre l’Occident; défendre la mondialisation progressiste; défendre l’environnement; défendre la police; défendre les élus locaux…

Voici une sélection, ce 15 juin 2021, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France.

► Emmanuel Macron (Président de la République)

- Mon engagement au G7, les combats que je porte à l’international, c’est aussi et avant tout pour les Français.

- [Extraits du communiqué conjoint du sommet de l'OTAN à Bruxelles]
Nous, chefs d'État et de gouvernement des 30 pays de l’Alliance, nous sommes réunis à Bruxelles pour réaffirmer notre unité, notre solidarité et notre cohésion, et pour ouvrir un nouveau chapitre des relations transatlantiques, à un moment où l’environnement de sécurité auquel nous sommes confrontés se fait de plus en plus complexe. L'OTAN reste le fondement de notre défense collective et le forum essentiel pour les consultations et la prise de décision en matière de sécurité entre Alliés. L’OTAN est une alliance défensive et elle continuera d'œuvrer en faveur de la paix, de la sécurité et de la stabilité dans l'ensemble de la zone euro-atlantique. Nous restons fermement attachés au traité de Washington, document fondateur de l’OTAN, y compris au principe, inscrit dans l’article 5, selon lequel une attaque contre un Allié est considérée comme une attaque contre nous tous. Nous continuerons de suivre une approche à 360 degrés pour protéger et défendre notre sécurité, indivisible, et pour mener à bien les trois tâches fondamentales de l’OTAN, à savoir la défense collective, la gestion de crise et la sécurité coopérative. 
 L'OTAN est l'alliance la plus solide et la plus réussie de l'histoire. Elle garantit la sécurité du territoire de nos pays et celle de leurs citoyens, au nombre d’un milliard, ainsi que notre liberté et les valeurs que nous partageons, parmi lesquelles la liberté individuelle, les droits de la personne, la démocratie et l’état de droit. Nous sommes unis par nos valeurs communes, inscrites dans le traité de Washington, socle de notre unité, de notre solidarité et de notre cohésion. Nous nous engageons à assumer en conséquence nos responsabilités en tant qu’Alliés. Nous réaffirmons notre attachement aux buts et aux principes de la Charte des Nations Unies. Nous sommes attachés à l'ordre international fondé sur des règles. Nous nous engageons à renforcer les consultations lorsque la sécurité ou la stabilité d'un Allié sont menacées ou lorsque nos valeurs et nos principes fondamentaux sont en péril.
Nous nous trouvons face à des menaces multiformes, à une compétition systémique de la part de puissances autoritaires qui cherchent à s’affirmer, ainsi qu’à des défis croissants pour la sécurité de nos pays et de nos concitoyens, depuis toutes les directions stratégiques. Les actions agressives de la Russie constituent une menace pour la sécurité euro-atlantique ; le terrorisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations demeure une menace persistante pour nous tous. Des acteurs étatiques et non étatiques mettent à mal l’ordre international fondé sur des règles et cherchent à fragiliser la démocratie dans le monde. L’instabilité observée au-delà de nos frontières favorise aussi la migration irrégulière et la traite des êtres humains. L’influence croissante et les politiques internationales de la Chine peuvent présenter des défis, auxquels nous devons répondre ensemble, en tant qu’Alliance. Nous interagirons avec la Chine en vue de défendre les intérêts de l’Alliance en matière de sécurité. Nous sommes de plus en plus souvent confrontés à des menaces cyber et hybrides, et à d’autres menaces asymétriques, parmi lesquelles des campagnes de désinformation, ainsi qu’à l’utilisation malveillante de technologies émergentes et de technologies de rupture toujours plus perfectionnées. Les avancées rapides dans le domaine spatial ont une incidence sur notre sécurité. La prolifération des armes de destruction massive et l’érosion de l'architecture de maîtrise des armements portent également atteinte à notre sécurité collective. Le changement climatique est un multiplicateur de menaces qui a des incidences sur la sécurité de l’Alliance. La responsabilité première de l’Alliance est de protéger et de défendre le territoire et la population de ses pays membres contre une attaque, et nous répondrons à l’ensemble des défis et des menaces qui pèsent sur la sécurité euro-atlantique. 
(…)
Nous décidons:
- de réaffirmer que l'OTAN est l’unique forum transatlantique, essentiel et indispensable, pour les consultations et l'action commune sur toutes les questions touchant à notre sécurité individuelle et collective. Nous nous engageons à renforcer et à élargir nos consultations et à faire en sorte que l'OTAN demeure souple et efficace pour la conduite d'opérations militaires au service de notre sécurité commune. Nous réaffirmons les principes démocratiques communs de l'Alliance ainsi que notre attachement à l'esprit et à la lettre du Traité de l'Atlantique Nord. Nous nous engageons à renforcer les consultations lorsque la sécurité ou la stabilité d'un Allié sont menacées ou lorsque nos valeurs et nos principes fondamentaux sont en péril ; 
- de renforcer l'OTAN en tant que cadre d'organisation de la défense collective de la zone euro-atlantique, face à toutes les menaces, d'où qu'elles viennent. Nous réaffirmons notre détermination à maintenir une combinaison appropriée de capacités nucléaires, conventionnelles et de défense antimissile pour la dissuasion et la défense, et nous réitérons notre attachement à l'engagement en matière d'investissements de défense de 2014, dans son intégralité. Nous nous engageons en faveur de l'exécution complète et rapide des travaux menés pour renforcer encore notre posture de dissuasion et de défense, et nous nous engageons à faire en sorte que l’amélioration de la disponibilité opérationnelle de nos forces et le renforcement et la modernisation de la structure de forces de l'OTAN se poursuivent de manière à répondre aux besoins actuels et futurs en matière de défense. (…)

- C'est une journée importante pour l'OTAN. Entre alliés, nous nous réunissons à Bruxelles. L'appel que je porte est celui de la cohérence : réaffirmons clairement les valeurs qui nous unissent, les règles et les principes qui fondent et font la force de notre Alliance. L’Europe a vocation à jouer un rôle de puissance d’équilibre dans le monde d’après, à porter son modèle, sa voix, sa méthode, renforcés par l’épreuve de la pandémie. Ce sera au cœur de la Présidence française de l’Union européenne que nous exercerons dans les prochains mois.

- En amont du sommet de l'OTAN, j’ai eu un long échange en tête-à-tête avec le Président Erdogan. Pour avancer avec clarté, respect et exigence.

- Des ambitions et des valeurs communes. C’est cela le G7. Et durant trois jours nous l’avons confirmé. Nous avons avancé sur les moyens de relever les défis de notre temps. De la cohérence. Du positif. Du concret !

- Le G7 a pris l’engagement de soutenir l’éducation des filles à travers le monde. C’est l’un des combats menés par la France. Nous y consacrerons la moitié de notre financement du Partenariat mondial pour l’éducation. Rendez-vous fin juin à Paris au Forum Génération Égalité.

- Réussir la neutralité carbone implique de confirmer l’engagement de 100 milliards d’euros par an en faveur du climat. De redoubler d’efforts. La France est au rendez-vous de ses promesses. Et aujourd’hui le G7 s’engage.

- Pour parvenir à la neutralité carbone, la finance privée a un rôle à jouer, de transparence, d’investissements, de transformations. Je me réjouis que l’ensemble des États du G7 soient désormais alignés sur le standard TCFD. C’est une étape clé.

- Il est maintenant reconnu par tous les pays du G7 que le charbon est une énergie du passé. Et que sa sortie est un impératif pour tous.

 

Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement, certains membres ne sont pas centristes; nous retranscrivons cependant leurs propos en rapport avec leur fonction parce qu’ils font partie selon nos critères d’une équipe qui suit une politique globalement centriste]

Barbara Pompili (ministre de la Transition écologique)

- Ce serait un énorme pas symbolique, qu'on puisse inscrire la protection de l'environnement dans l'article1 de notre texte fondateur

- Intolérable et insupportable harcèlement d’une jeune fille qui ne demande qu’à vivre libre. En France, la liberté de s’exprimer, de critiquer est un droit. La nation doit faire bloc pour la soutenir et défendre par là nos libertés les plus fondamentales. Plein soutien à Mila.

- Si nous mettons en place des zones à faible émission, c’est pour sauver des vies (...) En région parisienne on pourrait sauver 6.600 vies par an.

- [Eolien offshore] Oui j'en ai marre qu'on soit en retard sur ces énergies-là.

- Les éoliennes fonctionnent à 75 % du temps, mais elles fonctionnent à pleine puissance 25 % du temps.

- On a des projections de l’agence internationale de l’énergie qui nous dit que d’ici 10 à 15 ans, le nouveau nucléaire coûterait trois à quatre fois plus cher que les énergies renouvelables.

- Après Fukushima et Tchernobyl, on a des règles de sécurité qui ont été fortement augmentées partout dans le monde, et aucun pays ne joue avec la sûreté des installations nucléaires.

- [Nucléaire] Ce qui est en train de se passer [à Taichan en Chine] est déjà arrivé dans d’autres réacteurs, y compris des réacteurs français. Donc réfléchissons concrètement, sérieusement, toutes les énergies ont des avantages et des inconvénients

 

Jean-Michel Blanquer (ministre de l'Education nationale, de la Jeunesse et des Sports)

- Un certain nombre de personnes sont radicalisées en France. La démocratie, ça se cultive par le dialogue et le débat.

- La réforme est faite pour revaloriser le Bac, en fait on rehausse le niveau.

- [Bac] Je n'utilise pas le mot d'indulgence mais de bienveillance. Rien n'est fait pour piéger les élèves.

 

Gérald Darmanin (ministre de l'Intérieur)

- Fonctionnaires de police, pour votre engagement absolu, qui peut aller jusqu’au sacrifice ultime, la Nation vous doit admiration, reconnaissance et protection. Elle vous doit, aussi, la sécurité, à la fois dans l’exercice de vos missions et en dehors de vos heures de service.

- Hommage à Jean-Baptiste Salvaing et Jessica Schneider, dont les vies ont été emportées, cruellement et lâchement, ce soir du 13 juin 2016, par un terroriste islamiste..C’est un hommage ardent et combatif que nous rendons à deux membres de la police nationale fauchés par le terrorisme le plus cruel et le plus abject parce qu’ils portaient l’uniforme, tombés sous le coup de l’obscurantisme barbare parce qu’ils portaient les couleurs de la France.

 

Elisabeth Borne (ministre du Travail, de l'Emploi et de l'Insertion)

Un mois après Porto, le travail pour renforcer l'Europe sociale se poursuit aujourd'hui au Luxembourg. Formation, protection de tous les travailleurs, salaire minimum… Elle repose sur des enjeux très concrets qui seront au cœur de la présidence française de l'UE.

 

Eric Dupond-Moretti (Garde des Sceaux, ministre de la Justice)

- [Tribune coécrite avec Marlène Schiappa : "Féminicides, ne rien laisser passer!"]
Chahinez, Stéphanie, Doris, Valentine, Karina, Isabelle, Julie... Ces prénoms, ce sont ceux de nos mères, de nos sœurs, de nos femmes, de nos amies, de nos collègues et ce sont les prénoms de femmes qui s'égrènent dans la presse à mesure que les féminicides se produisent.
Nous sommes indignés, révoltés, en colère mais nous sommes aussi et surtout aux responsabilités. En tant que Garde des Sceaux, en tant que ministre déléguée auprès du ministre de l'Intérieur, nous agissons, fermement, concrètement, avec une détermination sans faille pour mobiliser nos ministères et nos services afin que partout en France sur l'ensemble du territoire les femmes soient mieux protégées face aux violences conjugales.
Le président de la République a décidé de faire de l'égalité entre les femmes et les hommes, la grande cause de son quinquennat et autour du Premier ministre, Edouard Philippe, c'est une mobilisation de toute la société qui a été initiée avec le Grenelle des violences conjugales en 2019. Deux lois ont suivi, nous sommes fiers et heureux de porter la mise en œuvre de nouvelles mesures fortes : la saisie des armes, la déchéance de l'autorité parentale, la levée du secret médical, l'interdiction des logiciels espions…
Notre mission de tous les jours, c'est de faire en sorte que ces mesures soient appliquées. Pour cela nous nous sommes donnés les moyens :, le budget de la sécurité a été considérablement augmenté, le budget de la justice - c'est historique - a été augmenté de 8%.
Nous voulons que 100% des plaintes soient prises, qualifiées, transmises au parquet pour qu'ensuite la justice les traite
Nous voulons le dire aux victimes : nous mobilisons la police et la justice, ensemble, pour vous protéger, vous défendre, et faire en sorte d'éviter autant de féminicides que nous le pourrons. 
Pour cela, sous l'impulsion du Premier ministre, nous prenons encore de nouvelles mesures. Nous avons, et c'est inédit, demandé des inspections conjointes de l'Intérieur et de la Justice pour faire toute la lumière sur les dysfonctionnements qui se sont produits et qui ont conduits aux deux terribles meurtres de Mérignac et d'Hayange. Car oui, nous voulons avoir le courage de voir la vérité en face, sans faux semblants mais sans démagogie. Nous décidons de faire en sorte qu'il y ait désormais 3.000 téléphones grave danger, une augmentation de 65%, nous faisons tout pour que les bracelets anti-rapprochement - mesure créée lors du Grenelle des violences conjugales - soit davantage déployés et bien sûr nous continuons de mobiliser nos services partout, sans exception. 
L'an dernier, les forces de l'ordre sont intervenues à 400.000 reprises pour protéger des femmes et des enfants de violences parfois au péril de leur propre vie, comme on a pu le voir à Ambert. Plus de 88.000 policiers et gendarmes ont été formés face aux violences conjugales et 100% des élèves le sont désormais. Nous voulons que 100% des plaintes soient prises, qualifiées, transmises au parquet pour qu'ensuite la justice les traite. C'est la consigne que nous avons passée fermement aux services du ministère de l'Intérieur. Nous appelons à une sévérité, nous voulons mettre fin à ce sentiment d'impunité qui fait que certains hommes estiment encore avoir le droit de vie ou de mort sur leur femme ou leur ex-femme. 
Parce que le premier mode opératoire des féminicides c'est l'arme à feu, nous décidons d'élargir le périmètre du fichier national des personnes interdites d'armes pour mieux contrôler leur acquisition et leur détention. Y seront désormais inscrits ceux qui font l'objet d'une mesure d'éloignement, avant même qu'un jugement soit prononcé.
Enfin, le nouveau fichier des auteurs de violences conjugales permettra de mieux partager l'information et de déclencher des mesures de protection dès le recueil de plainte ou l'intervention à domicile, en lien avec la justice. Désormais, il nous reste à accomplir le dernier kilomètre : ancrer cette problématique dans tous les esprits, chez tous les acteurs de terrain, pour que l'action lancée puisse s'inscrire dans la durée. Le gouvernement fait tout ce qui est en son pouvoir mais ne pourra pas tout, tout seul.
Chaque féminicide est un féminicide de trop. Mais nous avons pris ce sujet à bras-le-corps et nous entendons bien qu'il reste et demeure une priorité nationale jusqu'à ce que nous ayons réussi ensemble à sauver les vies de ces femmes qui ne demandent rien d'autre que de vivre sereinement et libres. Notre mot d'ordre est simple : ne rien laisser passer!

- Depuis l’affaire Duhamel, le gouvernement et la majorité ont doté la Justice de nouveaux outils pour lutter contre les violences sexuelles sur mineurs. Désormais, aucun adulte ne peut se prévaloir du consentement d’un mineur de moins de 15 ans.

- Montage, mensonges et manipulations. Vous et vos méthodes d’identitaires êtes une insulte à la vérité que vous tordez et retordez pour servir vos intérêts personnels. Pas ceux des Français. Ce sera toujours un honneur de les défendre face au FN.

 

Frédérique Vidal (ministre de l'Enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation)

Cette année, la Fête de la science fête ses 30 ans ! Parce que le besoin de science n'a jamais été aussi important, cette édition 2021 s’impose comme le rendez-vous incontournable pour rapprocher science et société et renouer un indispensable lien de confiance.

 

Amélie de Montchalin (ministre de la Transformation et de la fonction publique)

- Loin des conservatismes et des récupérations politiques, Français et agents publics sont partisans de la transformation profonde de l’État que va produire notre réforme de la haute fonction publique, bien au-delà de 2022.

- [Front républicain] Trop de candidats préfèrent parler de ce qu'ils feront au 2nd tour face au RN, que de ce qu'ils feront pour les Français de leur Région. Avec Laurent Saint-Martin nous faisons campagne sur le terrain, et sur notre projet : c'est comme ça qu'on combat le RN.

- Pour vaincre définitivement le virus c’est progressivement qu’il faut sortir du confinement: encore 15 jours à tenir avant le retour des belles soirées d’été !

 

Elisabeth Moreno (ministre chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l'égalité des chances)

Je condamne fermement la nouvelle attaque dont a été victime le planning familial. Le droit à l'avortement est un droit inaliénable des femmes. Nous le défendrons partout où il est remis en cause.

 

Franck Riester (ministre chargé du commerce extérieur et de l'attractivité)

Avec le CETA, les échanges commerciaux entre l’Union européenne et le Canada n’ont cessé de se développer. Les exportations françaises ont augmenté de 75% en 3 ans. Nous sommes mobilisés pour assurer le respect de l’accord, renforcer notre coopération environnementale, porter ensemble la réforme de l’OMC.

 

Jean-Baptiste Djebbari (ministre chargé des Transports)

- L’avion vert n’est pas une chimère.(…) Pendant que Greenpeace fait de la peinture, Airbus et Safran font de l’écologie. Cette année, ils vont faire voler un avion avec 100% de biocarburants. 0% de kérosène. (…) Le projet de Greenpeace, c’est de gentrifier l’avion. C’est de revenir au transport aérien des années 70, qui n’était accessible qu’aux riches.

- Je ne crois pas que Mme Le Pen et son parti aient beaucoup progressé depuis le débat d’entre-deux-tours. Le RN ne s’est même pas donné la peine d’avoir des programmes dans certaines régions.

 

Marlène Schiappa (ministre chargée de la Citoyenneté)

Quand on vous explique que Macron-Le Pen ça se vaut, quand on vous dit "au deuxième tour, Macron-LePen je n'irai pas voter, parce que je suis de gauche je veux garder les mains propres", c'est irresponsable.

 

Clément Beaune (secrétaire d’Etat chargé des Affaires européennes)

- [Mila] Elle sera protégée par notre détermination collective (...) C'est notre engagement, notre détermination sur la laïcité sur la liberté d'expression, qui fait sa force, celle de la France.

- L’Europe pour nous, ce n’est pas une note de bas de page ; c’est notre carte d’identité.

- Je défends la souveraineté française. Je crois profondément que la France défend mieux ses intérêts en participant à une Europe forte : la souveraineté européenne renforce notre souveraineté nationale. 

- [Brexit] Je le dis très calmement et très simplement : on doit respecter les accords signés. Le Brexit est un test pour l’Europe.

- Aujourd’hui, faire l’éloge du Brexit, c’est ne pas défendre la souveraineté française. Il faut que le Royaume Uni respecte notre accord, sinon nous prendrons des mesures de rétorsion pour défendre nos intérêts.

- [Erasmus] Le programme Erasmus fête son 34ème anniversaire ! L'une des plus belles réussites européennes. 83% des étudiants se sentent plus Européens après leur séjour. 10 millions de personnes ont bénéficié de ce programme. La France est le 1er pays d'envoi.

- Première économie de la zone euro, l'Allemagne exerce une forte influence sur notre continent, et l'aura dont bénéficie Angela Merkel l'a encore accentuée. Mais la France qui avait, c'est vrai, décroché, s'est réengagée. En 2017, nous avons opéré un mouvement, qui tient en trois points. D'abord, nous avons élargi notre champ d'interlocuteurs européens, bien plus que nos prédécesseurs. La neutralité carbone, le plan de relance et la réforme sur le détachement des travailleurs n'auraient pas été possibles sans l'Allemagne, certes, mais, surtout sans notre capacité à rassembler des coalitions de pays très différents. Ensuite, nous avons réinvesti les institutions, que les autorités françaises avaient totalement délaissées. Les trois têtes de l'exécutif européen, Ursula von der Leyen, Charles Michel et Josep Borrell, partagent nos thèses. Rappelons que le Président de la République a très fortement pesé sur ce casting. Enfin, nous menons la bataille des idées depuis le discours de la Sorbonne, en 2017. À cet égard, nous pouvons remarquer qu'un certain nombre d'idées et de concepts, aujourd'hui adoptés à Bruxelles, sont français et ont donné lieu à de grandes réformes - politique industrielle, paquet de régulation numérique, neutralité carbone en 2050, plan de relance...  

- Le Plan de relance peut effectivement être vu, si l'on regarde le dernier kilomètre, comme un choix d'Angela Merkel, qui a accepté de lever un veto et un tabou au dernier moment, mais l'idée était déjà dans le discours de la Sorbonne et dans l'accord franco-allemand de Meseberg en 2018. À la faveur de la crise, il a ensuite resurgi sur proposition française. Évidemment, c'est toujours celui qui lève les blocages qui apparait comme le 'faiseur de compromis et d'idées', mais le travail de fond est français. Pour résumer, l'engagement français en Europe commence à se renforcer et il porte déjà ses fruits. Il faut maintenant que l'on réfléchisse, peut-être à travers un parti politique européen, à mettre en place des moyens d'influence plus durables.  

- Les Allemands disposent de fondations adossées à des partis politiques. C'est une tradition qui ne nous correspond pas forcément. En revanche, je crois beaucoup au débat et à la circulation d'idées. Je passe beaucoup de temps dans les think tank européens. Lorsque je suis arrivé au Quai d'Orsay, j'ai demandé au directeur de l'Union européenne d'en visiter un chaque semaine. Sans doute faut-il renforcer la présence des grands cercles de réflexions français à Bruxelles. Nous avons commencé à le faire, mais il faut accentuer notre effort. La présidence française, en janvier prochain, en sera l'occasion.  

- La France a négligé ses points d'appuis et ses alliances traditionnelles, en considérant qu'ils étaient des partenaires évidents, parce que latins. Mais quand on n'investit pas dans les relations bilatérales, même avec ses proches partenaires, on perd du terrain... C'est d'ailleurs pour organiser nos coopérations qu'un sommet franco-espagnol s'est tenu à Montauban en début d'année et que la France compte signer un traité bilatéral avec l'Italie d'ici à la fin de l'année. Aves les Italiens et les Espagnols, nous pensons souvent la même chose, mais nous le disons jamais ensemble ! C'est en train de changer. 

- [Union européenne: la présidence tournante française, au 1er janvier] survient après cinq ans de combat. Il est plus facile de faire avancer ses idées quand le terrain a été préparé - qu'il s'agisse de la taxe carbone aux frontières, de la régulation des Gafa, de l'Europe de la défense ou encore de la taxation du numérique. Maintenant, nous devons encore investir financièrement, politiquement et intellectuellement dans les années qui viennent. Il faut du temps pour rattraper vingt ans de retard. Nous avons déjà beaucoup avancé. La présidence française sera un formidable accélérateur. 

 

Sarah El Hairy (secrétaire d’Etat chargée de la Jeunesse et de l’Engagement)

- Je crois au Front républicain. Pour le faire il faut au moins être 2, il faut plusieurs volontés. Ceux qui font le front et ceux qui sont en tête. Sans ambiguïté. Notre responsabilité est de tout faire pour empêcher un parti nuisible à la cohésion de notre pays.

- Joyeux anniversaire Erasmus! Cela fait 34 ans que ce programme existe. 34 générations, plus de 10M de jeunes qui ont pu bénéficier de ce programme riche d’expériences et d’opportunités de mobilité européenne. Erasmus continue de grandir avec un budget de 28 Mds€.

- Dans 1 semaine débutera l'édition 2021 des séjours de cohésion du Service National Universel. Pendant 15 jours, les jeunes vont se retrouver dans un centre dans un autre département que le leur, afin de partager une expérience commune.

- Je comprends et partage cette envie de faire la fête. Les jeunes ont déjà fait bcp d'efforts et ils ont été formidables de résilience. Mais le virus est tjs là : il faut respecter la progressivité des réouvertures afin d'avoir un été le plus normal possible.

 

Assemblée nationale

Richard Ferrand (président)

- Le contrôle et l'évaluation [des dépenses publiques] ont beaucoup progressé au cours de cette mandature. Le Printemps de l'évaluation, analysant les dépenses de chaque ministère, en est une probante concrétisation.

- Échanges avec le Général Lecointre, pour faire le bilan sur l’adaptation de la Loi de programmation militaire, l’augmentation constante du budget des armées depuis 2018 et les efforts à poursuivre pour leur modernisation. Je le remercie d’avoir porté ces enjeux avec un engagement sans faille.

 

► Partis politiques

● LaREM
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent de droite ou de gauche ne sont pas retranscrits]

Christophe Castaner (président du groupe à l’Assemblée nationale)

- Tous [les partis de l’opposition] avaient prédit, annoncé et peut-être espéré l’échec de notre stratégie vaccinale. La réalité : 30 millions de Français déjà vaccinés au 15 juin comme s'y était engagé mi décembre le gouvernement.

- Il y a cinq ans, Jean-Baptiste Salvaing et Jessica Schneider étaient assassinés, à leur domicile. Considérer nos forces de l’ordre, leur donner des moyens, les protéger, accompagner leurs familles : beaucoup a été fait, beaucoup reste à faire. Nous leur devons.

 

Aurore Bergé (présidente déléguée du groupe à l’Assemblée nationale)

- Oui Mila est le visage du courage dans notre pays. Et nous devrions tous la soutenir ! Où sont les associations féministes ? Pourquoi ne défendent elles pas le droit de cette jeune femme à pouvoir vivre sa vie ?

- Bonsoir Twitter, peut on espérer que ce flot de haine soit enfin supprimé ? Ou est ce qu'il y un package "spécial Mila" qui l'oblige à subir encore et encore ?

- Les oppositions en campagne font assaut de démagogie en demandant la suppression du couvre feu... 2 semaines avant. Parfois les mêmes voulaient remettre sous cloche le pays en reconfinant il y a quelques semaines.

- Certains nous prédisent la victoire du RN aux régionales pour mieux la rendre inéluctable. Le RN n'a pas gagné et l'objectif c'est qu'il ne gagne aucune région.

- Sur l'immigration, nous naturalisons 30% de moins que nos prédécesseurs, nous reconduisons à la frontière 30% de plus. La fermeté est au rendez-vous : accueillir ceux qui le méritent, expulser ceux qui ne se conforment pas à nos principes républicains.

- Nous renforçons dans la loi la définition de la production indépendante, enjeu clé de diversité et de souveraineté culturelles.

- Oui, nous avons besoin d'une chaîne de service public dédiée à la jeunesse. France 4 poursuivra sa mission fondamentale, élargie à la culture pour tous!

- En 2018, je proposais la fusion entre le CSA et Hadopi. Nous votons aujourd'hui la création de l'ARCOM qui permettra de mieux réguler le secteur à l'ère numérique et de mieux protéger les œuvres en luttant contre le piratage.

 

Laetitia Avia (porte-parole)

- Taxe GAFAM, retrait des contenus terroristes en 1h, lutte contre la haine en ligne, DSA / DMA : oui, la France joue un rôle moteur dans la régulation du numérique en Europe !

- Prenons le temps d’écouter cet alliage si fort de courage et de détresse en Mila. Prenons le temps d’écouter la puissance de ses mots, de réaliser ce qu’elle vit. Trouvons tous les moyens possibles pour lui faire savoir que nous sommes activement derrière elle.

 

Pierre-Alain Raphan (député)

Les dangers de l'économie de l'attention nous oblige à agir, c'est une ressource du vivant exploitée à des fins marchandes : nos biais cognitifs. Cette nouvelle addiction crée des dégâts: 180% en plus de dépression chez les jeunes. Les réseaux sociaux, des dealers d'émotions à réguler ?

 

● UDI
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent de droite ne sont pas retranscrits]

Jean-Christophe Lagarde (président)

- Tout le monde s'est ému de la claque mise au président de la République et tout le monde continue comme avant. Qu'il s'agisse de l'enfarinage ou d'une menace ou d'une agression sur un élu, c'est la même chose, c'est la volonté de faire taire l'autre, de l'empêcher de défendre son point de vue. Cette violence est une forme de dictature progressive que toute la classe politique finit par accepter. En démocratie, c'est par les mots, par les arguments qu'on combat celui avec qui on n'est pas d'accord. En démocratie, c'est dans les urnes qu'on le fait. La claque électorale est dans les urnes, pas physique. Pour sanctionner les politiciens, il y a les élections.

- [Présidentielle] Ceux qui sont candidats plus d'un an avant sont ridicules parce qu'ils pensent à eux. L'UDI se prononcera pour octobre-novembre, quand la présidentielle commencera.

- Les 20 et 27 juin, nous allons élire les conseillers départementaux et régionaux. Ce seront des dizaines de milliards de nos impôts qui seront engagés pendant 7 ans par ceux qui seront élus. Si vous ne vous votez pas, d’autres feront le choix pour vous. Mobilisez-vous!

- En démocratie, vous pouvez toujours parler, mais il y a un jour où on vous demande de l'ouvrir et ça compte, si vous ne l'ouvrez pas le jour du vote, vaut mieux la fermer le reste du temps.

 

► Autres

● Organisations centristes
♦ Renaissance
(Députés français du groupe centriste Renew Europe au Parlement européen)

 

Nathalie Loiseau

- [OTAN] La valeur d’une alliance, ce sont les valeurs que partagent ses alliés.

- «Je vais forcément ne pas rester en vie». Cette détresse fend le cœur. Personne ne doit rester indifférent à l’appel de Mila, qui demande juste à pouvoir vivre en paix et qu’on arrête de la menacer, elle qui n’a menacé personne.

- Je salue la décision du Général Lecointre, un grand militaire en même temps qu’un grand démocrate et un Européen convaincu. La France s’honore de la qualité de ses soldats et de l’éthique de ses officiers. Jusqu’au bout, le CEMA [Chef d’état-major des armées] aura rappelé qu’un militaire n’est pas un militant. Merci.

- C’était il y a 5 ans, c’était hier. La mémoire de Jessica Schneider et Jean-Baptiste Salvaing nous oblige. La lutte contre le terrorisme et le soutien aux forces de l’ordre exigent une nation unie.

 

Pascal Canfin

- [Tribune «Il est essentiel de consolider ce nouvel âge progressiste de la mondialisation»]
Après trente ans de mondialisation libérale, un nouveau cycle s’ouvre devant nous. Sans rompre avec les bénéfices de l’ouverture, il recrée les conditions de la souveraineté publique et place les enjeux climatiques au cœur d’un nouveau modèle de prospérité. Il est essentiel de consolider ce nouvel âge de la mondialisation, cette « mondialisation du progressisme », si nous voulons échapper à la montée des nationalismes autoritaires et aux conséquences délétères d’une démondialisation non coopérative.
La reconquête de la souveraineté publique est d’abord fiscale. La crise financière de 2008 a exigé des dépenses publiques faramineuses pour « sauver les banques » et le financement de l’économie, rendant intolérable ce qui avait été jusqu’alors toléré : l’optimisation fiscale massive organisée par les plus riches et les plus grandes entreprises. Depuis, la riposte des grands Etats s’organise. C’est ainsi qu’en 2014 les Etats se sont mis d’accord pour mettre fin au secret bancaire: désormais, lorsqu’une banque détient le compte d’un particulier étranger, elle doit en référer à l’Etat de domiciliation fiscale principale de l’intéressé. Ainsi, les données de 5 millions de comptes détenus à l’étranger par des ressortissants français ont été transférées à l’administration fiscale.
Une deuxième étape s’ouvre à présent, qui s’attaque à l’optimisation fiscale des grandes entreprises. Cette négociation devrait aboutir cet été à un impôt mondial sur les multinationales d’au minimum 15 % sur la totalité des bénéfices réalisés partout dans le monde. De 500 milliards à 600 milliards de dollars (de 412 milliards à 495 milliards d’euros) de bénéfices, qui échappent aujourd’hui à tout impôt, seront demain taxés dans le pays où ils ont été réalisés ou dans le pays où se trouve le siège de l’entreprise. Ainsi les bénéfices des géants du numérique ne pourront plus être localisés en Irlande puis dans les îles Caïmans sans jamais être taxés, ni aux Etats-Unis ni dans les pays où les achats sont réalisés. Le partage de ce nouvel impôt mondial doit encore faire l’objet de négociations mais cet accord signera de fait la fin de l’impunité fiscale des multinationales.
L’accord européen qui a été trouvé début juin sur le « reporting pays par pays » va dans le même sens. Il obligera toutes les grandes entreprises européennes à publier les bénéfices qu’elles réalisent dans chaque pays européen et non plus seulement leur résultat consolidé. Désormais, les grandes entreprises devront jouer à livre ouvert. Et tout cela rapporte : en 2019, l’Etat français a ainsi récupéré 12 milliards d’euros de recettes fiscales supplémentaires grâce à la lutte contre l’évasion fiscale. Et, selon les premières estimations, l’accord sur les multinationales pourrait rapporter plus de 100 milliards de dollars par an à se partager entre les Etats.
Au retour de la souveraineté fiscale s’ajoute celui de la souveraineté monétaire et budgétaire. La généralisation du «quantitative easing» après la crise financière de 2008 a donné à la politique monétaire une puissance de feu qui a permis d’étouffer la spéculation sur les dettes publiques. La crise du Covid a ajouté une deuxième couche à l’augmentation des bilans des banques centrales. Les Etats ont ainsi pu répondre à la crise économique et sociale générée par la pandémie en s’affranchissant de toute limite budgétaire.
Pour autant, la question de l’achat par les marchés de cette quantité supplémentaire de dettes publiques ne s’est jamais posée parce que les acheteurs de dette publique (banques, fonds de pension, compagnies d’assurance…) ont la certitude de pouvoir déposer ces obligations d’Etat en collatéral auprès de leurs banques centrales respectives. Cette monétisation partielle de la dette publique offre une protection exceptionnelle à l’action de la puissance publique et assure des taux d’intérêt faibles, voire négatifs, qui permettent aux Etats de financer leur dette publique à bas coût.
Ce coussin monétaire permet de donner corps à des politiques publiques progressistes en faveur de la protection sociale et de l’investissement dans les secteurs d’avenir. Les Etats-Unis ont ainsi inventé de toutes pièces un Etat providence conjoncturel, tandis que les Européens ont complété leur modèle social en l’ajustant à la crise. Ce mouvement est l’exact opposé des politiques monétaires ultrarestrictives mises en place au moment de la révolution libérale dans les années 1980.
En Europe, il contraste aussi fortement avec la gestion de la crise de 2009 : là où l’Union avait échoué à se mettre d’accord sur un plan de relance commun et resserré trop tôt les vannes budgétaires, elle s’est dotée cette fois-ci d’un plan de relance inédit de 750 milliards d’euros et a suspendu, dès le printemps 2020, les règles du pacte de stabilité et de croissance. En Allemagne, on discute dans la campagne électorale des moyens d’accroître l’investissement public. Et, en France, on réfléchit à un deuxième plan d’investissement, européen voire national, dans des secteurs-clés comme le numérique ou la transition écologique.
La nouvelle synthèse progressiste appelle également une autre forme de souveraineté : la souveraineté climatique. Le progressisme du XXe siècle a créé l’Etat-providence et l’économie sociale de marché tandis que se généralisait en parallèle la société de consommation. Mais à aucun moment ne s’est posée la question de la soutenabilité environnementale de son modèle. Les premières alertes sont apparues dans les années 1970 et il a fallu encore quarante ans pour qu’elles soient prises au sérieux. Le tournant est enfin pris avec l’accord de Paris en 2015. Même Donald Trump n’aura pas réussi à le « tuer ». Le cadre multilatéral du « premier accord du XXIe siècle » a survécu à son offensive. Et, dès le premier jour de son mandat, Joe Biden a pu y faire revenir les Etats-Unis.
Les planètes sont désormais suffisamment alignées pour que le nouveau progressisme commence à déployer à grande échelle les politiques publiques qui contribueront à inventer un modèle de prospérité compatible avec les limites de notre planète. L’heure d’une nouvelle révolution industrielle a sonné, celle de l’économie zéro carbone. L’Europe a tiré la première en adoptant en 2019 l’objectif de neutralité climatique pour 2050, rapidement suivie par les Etats-Unis, le Japon, la Corée du Sud et même la Chine qui s’est fixé cet objectif pour 2060. Le Green Deal européen conduit à la révision de plus de cinquante lois européennes et les Etats-Unis sont maintenant engagés dans un processus similaire.
Ces quatre dimensions – fiscale, monétaire, budgétaire et climatique – doivent désormais créer des boucles d’interaction positive. On l’a vu pour les politiques monétaire et budgétaire. C’est aussi le cas des politiques monétaire et climatique. Dans une forme de révolution silencieuse, mais aux conséquences considérables, les banques centrales considèrent maintenant le changement climatique comme un risque systémique sur la stabilité financière. Or, le maintien de cette stabilité est au cœur de leur mandat et cela justifie donc qu’elles mettent leur puissance de feu au service de la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
On le voit, le moment politique dans lequel nous nous trouvons dessine les contours d’une mondialisation à bien des égards opposée au modèle précédent. Si les dernières décennies du XXe siècle ont été celles d’un âge libéral de la mondialisation, la décennie qui s’ouvre peut être celle d’un âge progressiste. Ce mouvement se heurte, bien sûr, à des résistances et comporte ses propres tensions internes. Il est essentiel de les identifier pour les dépasser.
La relation avec la Chine est un premier défi. Elle est aujourd’hui la deuxième puissance économique mondiale. En 2015, elle a détrôné la France comme premier partenaire commercial de l’Allemagne. Or la Chine est l’un des régimes les plus autoritaires de la planète. Quelle forme de coopération internationale peut-on imaginer avec une telle puissance ? L’option consistant à laisser la Chine de côté est une impasse. Impossible de gagner la bataille du climat sans le premier émetteur de CO2 de la planète.
Les progressistes devront donc trouver l’équilibre entre les sujets de confrontation et de coopération avec Pékin. Quels que soient nos désaccords, une forme de « realpolitik climatique » impose de sécuriser l’espace de coopération avec la Chine sur ce sujet, comme sur le sujet fiscal et commercial. Et elle impose de faire en parallèle deux paris.
Le premier est que le pacte implicite qui lie le régime et sa population (« je te donne l’accès aux richesses matérielles et tu renonces aux libertés politiques ») devra intégrer des éléments qui nourriront l’agenda de coopération. Ainsi, l’effroyable pollution de l’air dans les villes chinoises est la première cause de mobilisation des classes moyennes sur les réseaux sociaux. Or, impossible de régler ce problème sans diminuer les émissions liées au charbon et sans passer à la mobilité électrique. Ce qui, dans les deux cas, est aussi bon pour le climat.
Le second pari est que, pour des raisons de leadership industriel, la Chine ne pourra pas rester à l’écart d’une dynamique portée ensemble par l’Union européenne et les Etats-Unis. La bataille de la neutralité carbone est aussi une bataille de normes, de technologies, de brevets, de sites de production, de règles d’accès au marché… Et la Chine est dépendante de ses principaux marchés d’exportation que sont les Etats-Unis et l’Europe. Elle doit donc s’adapter aux normes que nous fixons.
La modification des règles du jeu commercial constitue un autre défi. L’histoire nous apprend que la mondialisation de la coopération politique va toujours de pair avec celle des flux commerciaux. Et, à l’inverse, que la montée des tensions politiques s’accompagne toujours d’une contraction des échanges. Un progressisme mondialisé implique donc d’apporter une réponse innovante à cette équation.
Tout d’abord en assumant que toute mondialisation des flux économiques n’est pas bonne à prendre. Cette vision, longtemps dominante au sein de la Commission européenne, a conduit à intégrer la Chine en 2001 au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) sans aucune contrepartie. Deux considérations stratégiques animaient alors les Occidentaux. La première était que la division internationale du travail et la transformation de la Chine en « atelier du monde » allaient apporter davantage de pouvoir d’achat aux consommateurs américains et européens grâce à la baisse des prix des produits importés.
Cela s’est effectivement réalisé dans de nombreux secteurs (textile, électronique, etc.). Mais l’arrivée sur le marché mondial du géant asiatique a créé dans les pays développés une césure entre gagnants et perdants : d’un côté, ceux dont l’emploi n’était pas menacé par la concurrence chinoise et qui en ont donc bénéficié en tant que consommateur ; de l’autre, ceux qui se sont retrouvés en concurrence directe avec des salariés beaucoup moins payés et qui ont fini par perdre leur emploi et, avec lui, les gains de pouvoir d’achat escomptés. Cette césure est aujourd’hui l’un des clivages les plus profonds des sociétés occidentales et éclaire puissamment les comportements électoraux.
La seconde considération était que l’intégration de la Chine dans le commerce mondial diffuserait progressivement un mode de vie, des valeurs et des aspirations qui finiraient par attirer le régime communiste dans l’orbite des démocraties libérales. Cette stratégie a, au moins à ce jour, totalement échoué.
Face à cet échec, certains sont tentés d’opter pour une démondialisation non coopérative à coups de dénonciation des accords commerciaux, de politiques unilatérales contraires aux règles de l’OMC, etc. C’est la logique du trumpisme, comme de l’extrême gauche et de l’extrême droite européennes. Comme toute stratégie de la tension, on sait quand et comment on y entre mais pas du tout quand et comment on en sort.
Surtout, elle revient à vider de leur substance les règles du jeu multilatéral, celles de l’OMC, par exemple, y compris les mécanismes permettant de les faire respecter comme l’Organe de règlement des différends. Or il est impossible d’imaginer une mondialisation de la gouvernance et de la coopération lorsque cela nous arrange, si notre stratégie est de la supprimer quand elle nous dérange.
Refuser cette démondialisation non coopérative ne signifie pas renoncer à la relocalisation de certaines activités. En plus de la relocalisation d’activités jugées stratégiques, que la crise du Covid a mises en évidence, il s’agit de mettre en œuvre une « démondialisation par le bas » à travers des politiques publiques qui démondialisent de fait l’économie sans remettre en cause les accords internationaux et l’architecture multilatérale, c’est-à-dire sans enclencher une démondialisation non coopérative « par le haut ».
Dans ce domaine, les exemples à amplifier sont nombreux : développement de l’économie circulaire, multiplication des signes de qualité et d’origine dans les clauses des marchés publics, passage des voitures thermiques aux voitures électriques permettant de remplacer du pétrole importé par de l’électricité produite en Europe, etc.
En complément, il est souhaitable d’explorer une troisième voie : conditionner les règles commerciales à des standards sociaux et environnementaux définis par les grands textes internationaux. Dans la géopolitique mondiale, c’est à l’Europe qu’il revient d’écrire cette nouvelle page. Elle présente les deux conditions pour y parvenir : des opinions publiques plus mûres qu’ailleurs et une puissance de marché qui permet de créer un rapport de force suffisant. Un élément est déjà acquis : l’Europe ne signera plus d’accord commercial avec un pays qui sortirait de l’accord de Paris. Mais il faut aller plus loin.
Avant la fin de l’année, l’Europe va définir sa nouvelle doctrine commerciale. Il est essentiel qu’elle exige pour tout nouvel accord des chapitres « développement durable » contraignants et capables de générer des sanctions filière par filière ou produit par produit. Enfin, une autre bataille est en cours : la mise en place d’un mécanisme d’ajustement carbone aux frontières. Alors que le prix du carbone va significativement augmenter pour les industries européennes avec le Green Deal, il est logique de préserver la compétitivité de ces entreprises en s’assurant que leurs concurrents paient le même prix du carbone lorsqu’ils vendent le même produit dans l’Union. La proposition de loi va être faite en juillet par la Commission. Il s’agit au fond de faire entrer l’enjeu climatique dans les règles du jeu commercial.
Le progressisme du XXIe siècle n’a pas vocation à définir au niveau international ce qu’est une « société juste ». L’enjeu est de recréer les conditions pour que la justice sociale et fiscale puisse s’exercer, selon des modalités qui relèvent de choix nationaux. Cette approche pragmatique est celle des négociations internationales en cours en matière de reconquête de la souveraineté fiscale. Il ne s’agit pas de se mettre d’accord sur le « bon » taux de taxation des entreprises multinationales mais de fixer un plancher, autour de 15 % à 20 %, qui mette fin de facto aux paradis fiscaux. Rien n’empêche ensuite chaque Etat d’aller bien au-delà.
On pourrait imaginer une telle approche concernant la fiscalité des patrimoines les plus élevés, disons le fameux 1 %, voire moins. Il est improbable que les Etats parviennent un jour à un accord sur une taxation identique des grandes fortunes. En revanche, je suis persuadé que viendra le temps d’une discussion sur la possibilité d’un prélèvement obligatoire minimal de quelques points de pourcentage sur les plus fortunés, y compris dans les pays émergents et en développement, pour financer des biens publics mondiaux.
D’autres éléments de la construction de règles fiscales internationales sont en discussion et leur conclusion positive viendra, je l’espère, consolider l’ambition de la nouvelle synthèse progressiste. Je pense notamment à la taxe européenne sur les transactions financières, en débat depuis une décennie. Trouver un accord entre les onze Etats européens qui font partie de ce qu’on appelle la coopération renforcée serait un signal politique fort.
Le progressisme doit par ailleurs continuer à structurer des politiques publiques qui établissent de nouvelles relations entre l’Etat et le marché. Le XXe siècle a été marqué par l’affrontement entre les tenants de la propriété publique et ceux du libre jeu des marchés. Aujourd’hui, il s’agit de prendre le meilleur des deux mondes.
Le rôle de l’Etat est désormais réaffirmé sous trois formes : stratège, régulateur et investisseur. Le fait que la puissance publique soit en capacité d’orienter les choix économiques est une idée-force aussi bien du programme de l’administration Biden que de la nouvelle vision européenne de la souveraineté industrielle dans des filières stratégiques qui doivent être maîtrisées par les Européens. L’Etat régulateur trouve toute sa place, notamment dans la réorientation de l’économie vers la neutralité climatique. Enfin, l’Etat investisseur a retrouvé une place prééminente avec les plans de relance.
Loin de se faire contre le marché, ce retour de l’Etat est conçu pour faire levier sur les investissements privés. L’enjeu central est d’organiser la collaboration entre les sphères publique et privée pour optimiser le rôle de chacune. Dans le domaine climatique se déploie maintenant un logiciel commun consistant à se mettre d’accord sur des feuilles de route pour accélérer les investissements de manière optimale. Les climate tables des Pays-Bas ou l’initiative Fossil Free Sweden en Suède servent d’inspiration. Ces feuilles de route sont maintenant reconnues dans la loi européenne sur le climat adoptée au printemps 2021, comme d’ailleurs dans la loi climat et résilience française.
Une méthode complémentaire est de changer les règles du jeu du système financier. Les marchés financiers ont longtemps été le cœur de l’idéologie libérale et ont bénéficié dans les années 1980 d’une dérégulation massive. La crise financière de 2007-2008 qui en a résulté a remis les régulateurs et la maîtrise du risque au centre du jeu. Nous franchissons maintenant une nouvelle étape en cherchant à mettre la puissance des marchés financiers au service de la transition climatique.
Les grandes places financières mondiales sont toutes en train de revoir leur réglementation pour mieux capturer les risques associés à la crise climatique, les internaliser dans les comportements des entreprises et accélérer le financement de l’action climatique. Ces initiatives préfigurent un « capitalisme responsable » qui naîtra de la combinaison de deux forces : l’action publique progressiste et la prise de conscience de la gravité de la crise climatique par un nombre suffisant d’acteurs privés. Il faut continuer à avancer sans tabou sur ce chemin.
Il passera notamment par une révision des règles comptables, sujet majeur pour l’évolution du système car elles régissent la façon dont on évalue la valeur des entreprises. Il est d’ailleurs notable que l’une des réformes-clés de la vague libérale ait été d’imposer la « fair value » donnant à la finance de marché un rôle dominant dans l’évaluation comptable des entreprises. Je suis persuadé que nous n’irons pas au bout du modèle progressiste si nous ne modifions pas ces règles car dans l’économie, « ce qui n’est pas compté ne compte pas ».
C’est une nouvelle frontière qu’il nous faudra explorer rapidement. Il en va de même de l’encadrement des droits des actionnaires pour favoriser les participations de long terme. Il est anormal que des spéculateurs qui entrent au capital d’une société pour quelques minutes ou quelques jours aient autant de droits qu’un actionnaire qui y demeure pendant des années.
Enfin, il ne faut pas le nier, les évolutions profondes que cherche à atteindre le progressisme auront des effets négatifs pour certains pays. Les paradis fiscaux seront, par exemple, affectés par l’impôt mondial minimal sur les bénéfices des multinationales. Mais ces pays n’ont pas suffisamment de puissance pour engendrer des risques de déstabilisation au-delà de leur propre champ national.
Le risque est différent en ce qui concerne la fin annoncée de la rente pétrolière et gazière liée à l’invention d’une économie neutre en carbone. De nombreux régimes doivent leur stabilité et l’essentiel de leurs revenus à l’exportation de gaz et de pétrole : l’Arabie saoudite, le Qatar, la Russie, l’Algérie…
Plus de 50 % des recettes fiscales de l’Etat russe sont issues des exportations d’énergies fossiles. Ces régimes sont des régimes autoritaires et la diminution progressive de la rente fossile les affaiblira. En tant que démocrate, je m’en réjouis. Mais, comme toute déstabilisation, elle est porteuse de risques, d’opportunités et de résistances. Penser ces évolutions est une nécessité géopolitique, stratégique et démocratique. Car les « printemps arabes » l’ont encore démontré récemment, l’effondrement des régimes autoritaires d’hier ne mène pas nécessairement à des régimes démocratiques…
Au seuil de la décennie 2020, le progressisme mondialisé est cependant loin d’être le seul horizon possible. Le nationalisme peut s’imposer comme l’idéologie dominante. Il faut ici bien distinguer le « fait national » et le nationalisme. Le premier est incontournable et tous ceux qui l’ont oublié s’en sont mordu les doigts. La nation est le creuset fondamental de nos identités politiques. Mais à la différence du nationalisme, le fait national ne postule aucune supériorité, aucun impérialisme, aucun monopole de la construction politique. Le nationalisme, lui, repose sur l’instrumentalisation du fait national pour fabriquer du conflit entre un « nous » et des « eux ».
Il est aujourd’hui un élément-clé du trumpisme, de la voie chinoise de Xi Jinping, des brexiters, de Bolsonaro, des conservateurs du régime islamiste iranien comme de la droite israélienne… Il peut devenir demain la force dominante qui régit nos relations. Dans ce cas, oublions le projet d’une mondialisation organisée et progressiste puisque toute discussion partira d’un argument simple : « je fais ce que je veux chez moi ».
Cette bataille idéologique entre progressistes et nationalistes est l’une des lignes de force de la période politique que nous vivons. Pour la gagner, les progressistes ne doivent pas viser à dépasser le « fait national », mais assumer la construction d’identités politiques multiples qui permettent de penser et d’actionner les différentes échelles d’action pour résoudre les problèmes de notre temps.
Nous sommes donc à un moment charnière où la mondialisation du progressisme peut se structurer et s’accélérer. Se structurer en mettant davantage en avant son existence même. Un projet politique est d’abord un projet qui donne du sens, qui explique le monde, l’évolution des sociétés, leurs aspirations, leurs tensions… Avant d’être une action, la politique est un récit. Le récit de l’avancée du progressisme est à mettre en scène.
Un sommet des leaders progressistes mondiaux prêts à faire avancer cette vision du monde serait de ce point de vue un moment utile et important. Son accélération est par ailleurs rendue possible par un alignement des planètes inédit dont le principe central est une nouvelle alliance entre les Etats-Unis et l’Europe. Le cœur de son réacteur politique va des partis écologistes de gouvernement au centre droit en passant par les sociaux-démocrates et les centristes. Il peut prendre la forme d’une coalition entre plusieurs partis ou d’une synthèse à l’intérieur d’un parti aux frontières larges (à l’instar du Parti démocrate aux Etats-Unis).
Ce progressisme n’appartient à aucune force politique en soi. Tout dépend des systèmes partisans, électoraux, culturels… qui structurent les vies politiques nationales. Comme ce fut le cas pour la construction de l’Etat providence au XXe siècle, le progressisme mondialisé gagnera en agrégeant des forces politiques différentes. Il offre aujourd’hui une opportunité historique à la fois puissante et encore fragile. C’est le combat que nous devons gagner.

- Nous sommes en train de vivre un nouvel âge de la mondialisation celui du progressisme: impôt minimum sur les multinationales, plans de relance inédit, révolution industrielle de la neutralité climat

- Nous sommes, en Europe continentale, en train de reprendre le contrôle et d'affirmer notre souveraineté, sans recourir au souverainisme et toujours en s'opposant aux nationalistes.

- Le progressisme à l’échelle mondiale offre une opportunité historique, c’est un combat que nous devons gagner en agrégeant des forces politiques différentes.

 

● Personnalités centristes
Jean-Pierre Raffarin (ancien premier ministre)

[Tribune coécrite avec Jean-Paul Huchon: «Pour la reconnaissance par la République du rôle des élus locaux»]
La question de la réforme de l’Etat se pose avec de plus en plus d’acuité dans notre pays. Nos institutions sont en effet contestées pour leur inefficacité dans la gestion des affaires publiques et leur éloignement des attentes des citoyens.
La critique est évidemment une posture classique et aisée pour qui n’exerce pas les responsabilités. Néanmoins, il devient de plus en plus évident que des évolutions majeures sont indispensables. La verticalité de l’exercice du pouvoir, l’extrême concentration de la décision aux mains de la fonction présidentielle, la faiblesse des contrepouvoirs, le coût jugé exorbitant de la dépense publique en regard de la performance de l’action publique sont, entre autres, des sujets qui méritent des changements importants.
Cette situation dégradée est l’une des causes de la crise de confiance endémique qui caractérise l’exercice des responsabilités publiques dans notre pays. Dans une période où les décideurs publics sont fortement sollicités pour répondre aux urgences de crises sanitaires, sociales et économiques, il n’est pas raisonnable d’attendre encore de longues années avant que ces décisions de changement ne soient réalisées.
L’un des points d’évolution concerne un changement majeur : l’exercice de l’action publique au niveau local. La France a un Etat dont les principes de fonctionnement ont été façonnés par la monarchie puis par l’Empire, reposant sur un pouvoir fort, personnalisé et centralisé au plus haut degré. La Révolution a installé la forme républicaine de l’Etat dans le fauteuil de la monarchie, comme l’avait observé avec beaucoup de justesse Alexis de Tocqueville. Ainsi a été perpétué l’exercice du pouvoir depuis Paris, avec ses grandes administrations centrales, omniscientes et omnipotentes. Cette organisation a présenté des avantages indéniables, garantissant l’unité du pays et créant des solidarités territoriales réelles. Mais il faut bien constater que les avantages semblent bien être devenus insuffisants en regard des faiblesses constatées aujourd’hui de la performance de l’action publique.
Autonomie. En ce XXIe siècle, il apparaît indispensable de rapprocher très fortement la décision publique des citoyens, afin que les politiques publiques décidées par la collectivité nationale soient immédiatement opérantes auprès des usagers qui en sont les destinataires. Aujourd’hui, trop de politiques publiques sont décidées, dans tous leurs aspects, dans des bureaux parisiens, méconnaissant les réalités et complexités locales et conduisant à des insuffisances, voire à des échecs par rapport aux résultats attendus. La France a la chance d’avoir aujourd’hui un corps d’élus locaux qui s’est forgé, au cours des quarante années passées, une capacité d’action indiscutable et dont la maîtrise des problématiques publiques est de nature à apporter un complément très riche à la décision publique dans son ensemble. Cette réalité doit être prise en compte.
Les réformes de la décentralisation ont marqué des évolutions majeures, mais elles se sont révélées insuffisantes pour modifier en profondeur la gouvernance publique de notre pays. La République hésite toujours à admettre que les élus locaux puissent disposer d’une capacité d’autonomie dans la mise en œuvre des politiques publiques.
Il est parfois objecté un risque de mise en danger de l’unité nationale, mais il suffit d’observer le fonctionnement très décentralisé de la démocratie allemande pour constater que son unité nationale n’est à aucun moment remise en cause. Une autre objection concerne la compétence des élus locaux pour gérer les politiques publiques. Les citoyens choisissent en effet, en leur sein, des élus locaux à qui ils confient les affaires publiques locales, sans savoir d’ailleurs que ceux-ci n’ont pas nécessairement tous les moyens et toute la latitude pour agir.
Les élus locaux représentent un corps d’intermédiation qui peut heureusement rétablir une action publique lisible, pertinente, efficace à force de cohérence, grâce à la proximité et au savoir-faire que génère l’action locale.
Statut minimaliste. Tous les élus locaux sont loin d’avoir suivi les cursus parisiens prestigieux permettant de rejoindre l’élite dirigeante du pays. Est-ce pour autant une raison de contester l’implication, le dévouement, le courage, l’expertise, la capacité d’innovation… des élus locaux ? Bien sûr que non. Les élus locaux représentent un corps d’intermédiation qui peut heureusement rétablir une action publique lisible, pertinente, efficace à force de cohérence, grâce à la proximité et au savoir-faire que génère l’action locale.
Les mesures d’accompagnement récemment décidées, comme les récentes lois et ordonnances, ne sont pas à la hauteur des changements nécessaires. Les élus locaux doivent se voir reconnaître par la République leur rôle d’acteurs publics de plein exercice, ce qui mettrait fin à cette considération ambiguë qui leur est actuellement concédée avec une évidente réticence par l’Etat central. A titre d’exemple, il est frappant de constater que les cadres administratifs locaux ont un statut pleinement reconnu, intégré à la fonction publique, alors que les décideurs que sont les élus locaux n’ont qu’un statut minimaliste, dont les dispositions sont partielles, incomplètes et incohérentes.
Il convient de rétablir de la cohérence dans le modèle de notre Etat. Si les élus locaux doivent continuer à être des acteurs majeurs de la performance des politiques publiques, précieux auxiliaires de l’Etat, et s’ils doivent par là même reconstruire un lien de confiance entre l’action publique et les citoyens, tellement mis à mal aujourd’hui, alors ils doivent se voir reconnaître ce rôle par la République moderne à laquelle notre pays a droit.
Une telle décision serait un acte majeur qui entraînerait l’adoption d’un vrai statut de l’élu local, couvrant les droits et devoirs que la puissance publique doit à ses serviteurs. En particulier, cette nouvelle considération permettrait aux élus locaux d’accéder à des formations de grande qualité, à l’instar du modèle dont bénéficient les administrateurs territoriaux. De ce fait, la décision publique locale allierait compétences accrues et pertinence inhérente à la proximité. En complément, ce statut reconnaîtrait effectivement un vrai droit à l’insertion dans le monde professionnel une fois la cessation d’un mandat d’élu.
Un vrai nouvel acte de décentralisation consisterait donc à reconnaître, dans la Constitution, le rôle des élus locaux comme acteurs à part entière de l’édifice de l’Etat républicain. Une telle évolution n’est pas que politique : elle est dictée par l’exigence de sauvegarder une action publique dont tout le monde s’accorde à penser qu’elle est essentielle et déterminante pour maintenir la cohésion de la société et donc de notre nation.
C’est en ce sens que nous pensons qu’il est temps de prendre le chemin d’une aussi belle et prometteuse réforme, étape indispensable à franchir alors qu’émergent sous nos yeux les failles et faiblesses de l’organisation actuelle de l’Etat face à la crise sanitaire qui nous assaille.

 

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