samedi 21 septembre 2013

Refondation du Centre. Le forcing anti-UDI de la frange gauche du MoDem

Jean-Luc Bennahmias aurait-il enfin trouvé son combat emblématique? En tout cas, il donne de la voix constamment pour se faire le porte-parole de l’aile «gauche» du Mouvement démocrate en demandant que s’il y a rapprochement de son parti avec l’UDI (ce qu’il ne souhaite vraiment pas), l’identité, le positionnement et les alliances de celui-ci soient totalement respectés ce qui, évidemment, ne permettrait pas, in fine une réunion des centres.
Mais le député européen venu des Verts est loin d’être le seul à l’intérieur du Mouvement démocrate à critiquer ouvertement un rapprochement avec l’UDI.
Exemple de ces critiques avec l’interview dans le quotidien Sud Ouest d’un conseiller régional MoDem: «Mon engagement date de 2005, le jour où l’UDF rompt avec l’alliance automatique à droite. J’étais très loin du centre hémiplégique d’avant, qui ne regardait que d’un côté. Voir le retour de telles alliances ne m’intéresse pas. Je ne veux pas faire partie de ce rapprochement et je n’en ferai pas partie».
Ou encore cette tribune de militants de Le Monde: «Nous n'acceptons pas la danse nuptiale à laquelle se livrent, à huis clos et sans aucune consultation des militants, notre chef et M. Borloo en vue de listes communes aux élections européennes. Cette alliance nous inquiète, dans la perspective des élections municipales et à plus long terme, car elle brouille notre message et compromet notre indépendance chèrement acquise. Si ce mariage était effectivement consommé, c'est donc que Bayrou renouerait avec sa culture d'origine : obnubilé par un destin présidentiel, il espérerait ainsi à terme être le candidat de droite en tête devant l'UMP et le FN».
La révolte gronde donc dans les provinces avec cet argument essentiel que le marqueur principal de la création du Mouvement démocrate et l’adhésion de tous ceux qui sont aujourd’hui des opposants farouches à une réunion des partis centristes est que, justement, la formation de François Bayrou avait tourné au positionnement au centre-droit et à l’alliance automatique et forcée avec la Droite.
En fait, l’alliance MoDem-UDI détruirait ce qui fait la spécificité du premier nommé, c’est-à-dire le fameux «ni-ni» (ni droite, ni gauche) qui a séduit nombre de militants lors de sa création en 2007, ces derniers étant la seule richesse du parti depuis lors.
Du coup, le dilemme de François Bayrou est entre sacrifier cette force militante et des élus ainsi que, surtout, la possibilité de retrouver une voix (et une voie) qui porte(nt) politiquement.
En somme, le président du Mouvement démocrate rejoue le sempiternel dilemme politique entre les idéaux affichés et l’ambition personnelle.

Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC